La signature du « contrat de canal » pour le canal des Ardennes entre Voies navigables de France (VNF) et les collectivités concernées veut marquer le lancement du renouveau touristique de cette voie d’eau, dans la suite de la convention signée entre l’établissement et la région Grand Est.
Fin juillet 2022, le « contrat de canal » pour le canal des Ardennes a été signé entre Voies navigables de France (VNF) et les différentes collectivités concernées.Ces dernières sont nombreuses : deux départements (des Ardennes et de l’Aisne), cinq EPCI (Ardenne métropole, les Portes du Luxembourg, les Crêtes pré-ardennaises, l’Argonne ardennaise, le Pays rethélois), une communauté de communes (Champagne-Picarde), ainsi que la région Grand Est.Celle-ci a signé en février 2022 une convention avec VNF (voir article de NPI) pour « revitaliser plusieurs canaux de la région en développant le potentiel « fluvestre » des canaux, sur et au bord de l’eau ». Cette convention prévoit que cette volonté se décline concrètement par la signature de « contrat de canal » pour chacune des voies d’eau listées et parmi lesquelles figure le canal des Ardennes. La signature du contrat de canal fin juillet 2022 s’inscrit dans la suite concrète de la convention de février et marque le début du processus pour favoriser le renouveau touristique du canal des Ardennes.Ouvert à la navigation dans les années 1830, le canal des Ardennes est long de 88 km au gabarit Freycinet entre Pont-à-Bar (Dom-le-Mesnil) et Vieux-lès-Mesnil en passant par Rethel, reliant les vallées de l’Aisne et de la Meuse. Il a été au cœur du dynamisme ardennais avant que les crises économiques et la désindustrialisation ne frappent la zone. Utilisé pour du transport de fret jusque dans les années 1970, il est depuis essentiellement emprunté par des bateaux de plaisance.
Un contrat d’une durée de 10 ans
L’objectif du contrat de canal est de « porter un projet de développement autour du canal des Ardennes et de co-construire avec l’ensemble des acteurs une stratégie touristique à l’échelle de l’itinéraire », indique le communiqué de presse de VNF.D’une durée de 10 ans, le contrat de canal « traduit l’engagement de chaque structure afin de renforcer l’attractivité touristique des territoires ardennais en tirant le meilleur parti de ce que peuvent offrir le canal et ses abords, leurs écosystèmes, les paysages, les activités, le patrimoine ».Le contrat liste des actions « que l’ensemble des signataires se proposent de mettre en œuvre en s’appuyant sur les démarches de promotion touristique déjà initiées ». Ces actions s’articulent autour de quatre axes : « inscrire le canal des Ardennes comme une destination touristique à part entière, offrir un accueil touristique de qualité, garantir la continuité d’un réseau d’itinérance douce avec les territoires voisins, améliorer les équipements et services à destinations des touristes itinérants ».
Une répartition financière
Il met en place « une gouvernance partagée » et « fixe l’engagement de chacune des collectivités aux cotés de la région Grand Est et de VNF dans la co-construction de projets pour le territoire autour de la voie d’eau ».Le communiqué de presse de l’établissement précise : « VNF prend à sa charge 100% des moyens de fonctionnement et d’investissement nécessaires pour assurer le niveau de service défini par le COP, sur chacun des secteurs considérés par le partenariat. Il s’agit de prendre en charge principalement la gestion hydraulique, l’entretien des ouvrages liés et du domaine public fluvial ».Le document de VNF ajoute : « La mise en place d’une gouvernance partagée et la mise en place d’actions coordonnées à l’échelle de l’itinéraire s’appuient, en revanche, sur des niveaux de service adaptés (maintenance renforcée, capacité de navigation accrue) pour lesquels la région et VNF apportent 70% du financement supplémentaire nécessaire, soit respectivement 50% et 20%. Les 30% restant sont financés par les partenaires locaux, à hauteur de 15% pour le conseil départemental des Ardennes et 15% pour les 5 EPCI ».De son côté, le département des Ardennes, qui a piloté les travaux pour l’élaboration du contrat de canal, détaille qu’au total, ce sont 15,6 millions d’euros qui sont prévus sur 10 ans par la région, VNF, le département et les EPCI pour maintenir la navigation et les activités nautiques ainsi que 5,5 millions d’euros engagés par la région Grand Est pour le développement touristique de part et d’autre du canal et plusieurs postes financés par le département pour maintenir le niveau de service sur le canal durant la période estivale. « Le contrat de canal signé ouvre la voie à des réunions du comité de pilotage où les différents partenaires vont examiner les projets présentés, décider de comment accompagner techniquement et/ou financièrement les porteurs de projets qui répondent à la stratégie touristique définie », poursuit le département des Ardennes.
Et le fret ?
Entreprises fluviales de France (E2F) « se félicite de la mise en place de ce partenariat qui doit permettre d’accompagner le conseil départemental des Ardennes afin qu’il tire pleinement bénéfice de l’attractivité de sa voie d’eau ». Mais l’organisation représentative ajoute : « Si l’accent est mis sur le tourisme fluvial, il convient de ne pas oublier le fret fluvial ».Pour E2F : « Le trafic des bateaux de fret dans ce secteur a diminué au cours des dernières années, c’est un fait, mais cela résulte d’un ensemble de facteurs externes clairement identifiés : désindustrialisation, diminution de la capacité d’emport des bateaux (faute d’enfoncement suffisant), interrogations sur le modèle économique…Sur le canal des Ardennes, le fret fluvial ne demande qu’à progresser, si les moyens lui en sont donnés. Dans les faits, la demande est toujours latente mais elle suppose un niveau de service suffisant pour se concrétiser ».
