Revitaliser les « petits » canaux du Grand Est

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La signature d’un partenariat entre VNF et la région Grand Est sous l’égide du ministre des Transports le 24 février 2022 marque le début d’un processus pour revitaliser 4 « petits » canaux de ce territoire autour des activités de tourisme fluvestre. Précisions sur ce partenariat qui va être suivi de 4 contrats de territoire.

La signature d’un partenariat entre Voies navigables de France (VNF) et la région Grand Est a eu lieu le 24 février 2022 à Paris en présence du ministre des Transports Jean-Baptiste Djebarri. L’occasion pour ce dernier de mettre en avant « l’engagement du gouvernement pour le fluvial, ce mode trop longtemps délaissé. Nous tentons d’inverser cette tendance car cela a du sens sur le plan économique, en matière de création d’emplois et d’attractivité des territoires. Ce partenariat est déjà une réussite collective et politique ».

Le président du conseil d’administration de VNF, Laurent Hénart, a rappelé l’adoption de la loi d’orientation des mobilités (LOM) en décembre 2019 « qui a permis de franchir un cap avec un effort pour le fluvial » et la signature du contrat d’objectifs et de performance entre l’établissement et l’Etat en avril 2021 qui définit les ambitions et les moyens alloués sur 10 ans (300 millions d’euros par an). Il a ajouté : « Nous signons aujourd’hui un premier partenariat à l’échelle d’une région. C’est l’aboutissement d’un travail méthodique pour faire de VNF un établissement partenariale pas seulement un établissement public, pour qu’il devienne un opérateur du fluvial moderne pour les activités fret et tourisme ».

Pour le directeur général de VNF, Thierry Guimbaud : « Avec ce partenariat, nous sommes dans l’ambition du développement du fluvial avec les territoires. Cela marche comme le montrent la réouverture du canal de la Sambre à l’Oise dans les Hauts-de-France ou l’Entente du canal du Midi en Occitanie avec le lancement d’une marque commune. La signature du partenariat avec la région Grand Est, c’est l’aboutissement d’un travail entamé en 2019 et le début d’un chemin avec les conventions territoriales à venir pour chacun des quatre itinéraires concernés ».

Le président de la région Grand Est, Jean Rottner a souligné « une entrée en matière un peu rude avec VNF en 2019 dans le contexte de la modernisation de l’établissement mais un accord dès la première réunion sur les constats de départ et d’arrivée. Le travail s’est ensuite fait dans une démarche d’aménagement du territoire avec la volonté de redonner de l’espoir, des perspectives sur le plan économique aux campagnes traversées par les canaux Freycinet. Notre région ose et propose, c’est cela aussi la décentralisation. Tout n’est pas encore gagné, il reste beaucoup à faire au niveau de chacun des itinéraires. Nous avons aussi redécouvert tout récemment un autre canal sur lequel nous allons aussi investir. Nous sommes dans une forme de responsabilité par rapport aux canaux et à leur renaissance tout comme à l’égard de la renaissance des campagnes ».

Répartition financière

Le partenariat signé entre VNF et la région Grand Est sous l’égide du ministre le 24 février 2022 a pour ambition de revitaliser quatre canaux au gabarit Freycinet : celui des Vosges, des Ardennes, de la Meuse, du Rhône au Rhin branche Sud.

Il s’inscrit dans la suite d’une étude initiée en 2019 et de ses résultats dont NPI avait fait l’écho et qui avait été suivi de l’annonce de la volonté de signer un tel partenariat.

« Le partenariat fixe un objectif commun qui est l’établissement d’un contrat de territoire pour chacun des 4 itinéraires et détaille les financements de la région et de VNF », a précisé Sophie-Charlotte Valentin, directrice territoriale de VNF Nord Est.

Chaque contrat va être porté par une collectivité locale qui peut-être un EPCI (pour les canaux des Vosges et du Rhône au Rhin branche Sud), un département (pour les canaux de la Meuse et des Ardennes).

Il revient à chaque collectivité « leader » de travailler avec les autres présentes sur l’itinéraire mais aussi avec la région et VNF à un projet de territoire autour du canal pour relancer et développer les activités de tourisme « fluvestre », c’est-à-dire celles sur l’eau et au bord de la voie d’eau, sans oublier les aménagements et services nécessaires (haltes, escales, équipements eau, électricité, restauration, accessibilité et modes de transports, itinéraires cyclables…) ou encore les sites intéressants (patrimoine) et autres loisirs (artisanat, sports, gastronomie…) situés plus ou moins près ou loin du canal considéré.

Chaque contrat de territoire (aussi appelé contrat de canal) à venir vise à restaurer une dynamique d’activité sur chacun des 4 canaux en bâtissant une offre globale attractive, un élaborant un projet de développement touristique autour de chaque itinéraire, en co-construisant une stratégie. Une gouvernance partagée est aussi prévue.

Il s’agit de rythmer les itinéraires fluviaux, sachant que les touristes peuvent venir pour naviguer mais cherchent aussi à découvrir les territoires situés le long de la voie d’eau. A noter qu’actuellement, les activités touristiques sont essentiellement de la location de bateaux et de la plaisance sur les 4 canaux.

Pour l’ensemble de la région Grand Est, le tourisme fluvial représente chaque année un poids économique de 91 millions d’euros et 250 emplois (selon l’étude filière publiée par VNF en 2020).

Deux contrats de territoire sont bien avancés

Le contrat de partenariat confie pour 10 ans à VNF la prise en charge de la totalité des moyens de fonctionnement et d’investissement nécessaires pour assurer le niveau de service qui correspond à la demande actuelle sur chacun des secteurs considérés par le partenariat. Il s’agit de prendre en charge principalement la gestion hydraulique, mission fondamentale et indispensable à tout projet sur ces canaux, l’entretien des ouvrages liés, et également celui du domaine public fluvial. C’est la signature des contrats de territoire qui fera démarrer la période de 10 ans.

« Tous les autres coûts sont partagés entre VNF (20 %), la région (50 %) et les autres collectivités (30 %). Les travaux nécessaires pour la régénération et la modernisation ont été chiffrés avec une évaluation d’une dizaine de millions d’euros pour chaque itinéraire », a indiqué Sophie-Charlotte Valentin.

La région Grand Est met sur la table 22 millions d’euros pour les infrastructures et 22 millions d’euros pour soutenir des projets économiques autour d’activités touristiques. Ces projets pourront bénéficier d’une aide comprise entre 20 et 50 % de l’investissement.

A ce jour, « deux contrats de territoire sont bien avancés, celui pour le canal des Vosges et celui pour le canal des Ardennes », relève la directrice de la DT VNF Nord Est.

Sur ces deux itinéraires, les coûts de fonctionnement sont en cours de définition et ne sont pas compris dans les sommes précédemment listées.

Les 4 canaux concernés

• Le canal des Ardennes : mis en service en 1835, représente 76,5 km de réseau navigable de Pont-à-Bar à Acy-Romance.
En terme de fréquentation, 6000 péniches de commerce par an dans les années 1970 à 2000 en 1990 et à 160 sur la seule partie ouest du canal des Ardennes. Les bateaux de plaisance sont inférieurs à 700 bateaux par an avec une diminution depuis 2010.

• Le canal des Vosges : représente 125 km de réseau navigables mis en service en 1882. Si un trafic pendulaire de granulats à proximité d’Epinal permet le transport de près de 300 000 t par an, la vocation du canal est essentiellement touristique alors même que la fréquentation des embarcations de plaisance est à l’échelle de l’ensemble du canal passée en moyenne de 3500 bateaux à la fin des années 1990 à moins de 1500 bateaux en 2018.

• Le canal du Rhône au Rhin-branche Sud : représente 45 km de voie navigable. Ouvert en 1832, le canal a vu son trafic de commerce disparaitre totalement depuis la fermeture des mines de potasse d’Alsace. Le trafic de plaisance de l’ordre de 500 passages annuels se concentre sur les mois de mai à septembre. La véloroute est très fréquentée (entre 70 et 150 000 passages annuels) présentant un potentiel de développement important.

• La Meuse : longue de 272 km, de Troussey à Dom-le-Mesnil, a été ouverte à la navigation en 1882.
La fréquentation de la navigation commerciale est passée de 6000 péniches de fret par an en 1970 à 1000 en 1995 et 17 bateaux en 2017. Le trafic touristique quant à lui était de 2500 bateaux en 2005 et a diminué pour atteindre 1000 en 2018.

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