L’Alliance Seine-Escaut, nouveau nom de l’association Seine-Nord Europe annoncé en début d’année, a organisé son assemblée générale le 21 septembre 2021. Cette réunion a permis au président Philippe Marini et au vice-président Jean-François Dalaise de présenter les nouveaux objectifs de l’association dont le changement de nom marque l’ambition de se consacrer désormais à la promotion du système logistique de la liaison Seine-Escaut et non plus seulement de la partie française dont la réalisation est engagée avec de premiers travaux depuis le printemps.
« Notre combat politique a abouti : la réalisation de Seine-Nord Europe, partie française de la liaison européenne Seine-Escaut est engagée, a déclaré Philippe Marini. Soyons fier ce que nous avons accompli tout ensemble, de notre mobilisation, de nos actions, acteurs des collectivités territoriales et du monde économique. Il nous faut donc passer à une autre phase.
La nouvelle appellation de notre association veut marquer que Seine-Nord Europe n’est que le maillon manquant de la liaison et n’est pas tout. Il a tout son sens dans l’ensemble du réseau géré par VNF, avec des liens à développer avec Dunkerque, s’inscrit dans une dynamique qui va d’un côté jusqu’au Bassin Parisien et au Havre et de l’autre vers l’Europe du Nord.
Il s’agit de passer d’une phase de promotion de Seine-Nord Europe à la promotion du fluvial en partenariat avec nos voisins européens ».
Pour Jean-François Dalaise : « Un changement d’échelle est nécessaire. Nous sortons d’une phase institutionnelle pour entrer dans une phase économique. Ce n’est plus la promotion d’un canal mais celle d’un système logistique pour parvenir au développement économique attendu entre la Belgique et l’axe Seine, pour remailler l’Ile-de-France avec le Nord et avec la Belgique et avec son débouché à l’ouest qui est Le Havre. Nous souhaitons nous placer en amont de la réalisation de Seine-Escaut pour susciter une stratégie, encourager les décisions d’investissements nécessaires, mobiliser les acteurs économiques autour de la liaison afin d’être prêts pour 2027-2028 ».
Pour les deux responsables, l’association, au cours des années écoulées, a favorisé une adhésion au projet de la part des collectivités territoriales, des élus des Hauts-de-France mais aussi de l’Ile-de-France, des acteur économiques avec les travaux menés avec les Ceser et les CCI.
Il reste, pour les années à venir, à travailler à l’appropriation de l’infrastructure et de la liaison dans son ensemble par les citoyens en général, ce qui désigne aussi les entreprises, et son intégration dans l’économie (emplois), la valorisation des territoires.
Un « cercle économique » a été créé
Pour mener ce nouveau défi à bien, l’association Alliance Seine-Escaut entend continuer et renforcer le travail avec les partenaires belges, en Wallonie et en Flandres, se rapprocher d’instances existantes comme le GEIE Seine-Escaut, VNF, etc. et continuer à rassembler toujours davantage d’acteurs du monde économique.
« Pour toutes ces parties prenantes, nous sommes un lieu neutre pour aborder toutes les thématiques, économiques, d’emplois, de besoins d’aménagements, etc. en s’appuyant sur les « clubs » déjà existants (NDLR : l’intergroupe parlementaire et le Club des villes et EPCI) ainsi que sur le « cercle économique » nouvellement créé et qui rassemble déjà de nombreux adhérents », a précisé Philippe Marini.
Jean-François Dalaise a ajouté : « Nous avons besoin d’une pertinence, d’une homogénéité qui tient à l’itinéraire lui-même et à ses liens avec d’autres vers Dunkerque, vers l’Oise entre Compiègne et Conflans, vers Bray-sur-Seine jusqu’à Nogent-sur-Seine, vers Paris, vers Le Havre et Port 2000… Il faut, par exemple, ne pas laisser déterminer un plus petit dénominateur commun pour la cale mais atteindre la plus grande possible avec le gabarit correspondant. Il y a des conditions pour y parvenir : l’axe Seine doit être fiabilisé et entretenu, qu’au Havre soit réservé le meilleur accueil économique au transport fluvial… Moyennant quoi, tout le monde sera gagnant.
Il se construit une liaison, un itinéraire et non pas des tronçons. Il faut être à ce rendez-vous-là qui est économique. Sans oublier que c’est aussi un outil environnemental pour le fluvial qui veut redevenir le meilleur mode sur le plan environnemental. Il y a une prise de conscience qu’il ne faut pas perdre l’atout environnement du fluvial qui s’est érodé avec les efforts faits par les autres modes » dans le contexte des transitions énergétique et écologique.
Les travaux préparatoires ont commencé
L’assemblée générale de l’Alliance Seine-Escaut a ensuite donné la parole à Pierre-Yves Biet, directeur partenariats territoires Europe de la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), pour la présentation d’un point à date sur la réalisation de la nouvelle infrastructure de 107 km à construire en France entre Compiègne et Aubencheul-au-Bac.
Comme NPI l’a déjà indiqué, le maillon français de la liaison européenne Seine-Escaut, est entré, en mai 2021, dans le temps des travaux préparatoires pour le secteur 1, une étape rendue possible par la publication, le 8 avril 2021, de l’arrêté valant autorisation environnementale pour le secteur 1. Celui-ci concerne la partie sud du canal et s’étend sur 18,6 km depuis la confluence (Compiègne) entre l’Oise et l’Aisne jusqu’à Passel. « C’est le feu vert pour démarrer les travaux », a souligné Pierre-Yves Biet.
Depuis mai 2021, sur ce secteur 1, les travaux préparatoires ont donc commencé pour la réalisation de giratoires, de quais, de ponts (RD 66 et RD 40). Ils comprennent aussi un rescindement de l’Oise à Montmacq et de la libération d’emprise principalement par déboisement.
C’est en 2022 que débuteront les travaux pour l’infrastructure elle-même (excavation des terres, terrassement, construction des ouvrages d’art, etc.) et s’achèveront en 2027.
Aménagements écologiques compensatoires
Les aménagements écologiques compensatoires, entamées en 2017 à Bienville avec la plantation de 3 800 arbres sur environ 5 ha, se poursuivent. En mars 2021, plus de 6 500 plants ont été installés sur une parcelle de 5,4 ha à Chiry-Ourscamp.
Le long du futur canal Seine-Nord Europe, 700 ha d’aménagements écologiques sont prévus avec lesquels il s’agit « d’éviter, réduire et compenser les effets sur l’environnement » de la future infrastructure.
En plus de la plantation d’arbres, ces aménagements prévoient l’installation de haies, la restauration de zones humides ou de prairies sèches.
Ce programme, entamé donc avant le lancement de la construction du canal en lui-même, va se dérouler jusqu’à sa livraison en 2028.
Sur le terrain et dans les esprits, le canal devient concret
Parallèlement à ces travaux, qui commencent à marquer la concrétisation de l’infrastructure dans les territoires du secteur 1 où fleurissent les panneaux « Ici le canal Seine-Nord se construit », la SCSNE conduit un travail de concertation et de communication « pour l’appropriation du projet par les habitants, les acteurs économiques, les élus, les forces vives, la profession agricole… pour qu’il devienne un outil de développement », indique Pierre-Yves Biet.
« Le projet a passé un grand nombre de décisions et d’étapes politiques, financières, ce qui est essentiel. Mais sur le terrain, il faut continuer à expliquer et répondre à des questions sur le projet dont beaucoup entendent parler depuis des années et sur lequel l’incertitude a plané longtemps.
Dans les esprits, cela change car le canal devient concret, il y a une prise de conscience. Nous faisons un canal pour des retombées concrètes, positives, économiques, sociales pour tous. C’est un travail en profondeur pour s’assurer que les territoires nous suivent, participent pour ensuite élargir et aller vers une intégration des acteurs économiques ».
Ce travail concerne le secteur 1 mais aussi les trois autres, le n°2 (de Passel à Allaines), le n°3 (de Allaines à Etricourt-Manancourt), le n°4 (de Etricourt-Manancourt à Aubencheul-au-Bac).
Sur ces trois secteurs, c’est aussi la phase des études d’avant-projet depuis 2020 et où la concertation permet de préciser le projet avec les territoires. Les travaux y commenceront en 2023 pour s’achever au printemps 2028.
Un projet financé
La signature de la convention de financement entre toutes les parties prenantes le 22 novembre 2019 à Nesle a validé les engagements des parties prenantes pour le projet dont le coût total est de 5,118 Md€ courants, a rappelé Pierre-Yves Biet. Le projet est ainsi financé.
Ce document confirme un financement de l’Union européenne de 2,1 Md€ (soit 40 %), de 1,1 Md€ chacun pour l’Etat et les collectivités territoriales, et un « emprunt de bouclage » de 800 M€ qui sera contracté vers la fin du chantier par la SCSNE et garanti par les collectivités territoriales.
« Cet emprunt sera assis sur une taxe nationale à assiette locale incitant au report modal » dont les modalités vont être discutées pour une mise en œuvre dans les dernières années de réalisation du canal.