En 2021, Zeebrugge a atteint un trafic maritime de 49,17 millions de tonnes, en progression de +4,6 % par rapport à 2020. A la veille de la fusion annoncée avec Anvers pour fin avril 2022 lors d’une conférence de presse commune des deux ports le 14 janvier, franchir pour la toute première fois le cap des 50 Mt ou battre le record absolu de 49,7 Mt datant de 2010 aurait été pour Zeebrugge une belle manière de clôturer son parcours en solo. Toutefois le regain d’activité depuis 2017 (37,11 Mt) n’en est pas moins spectaculaire. En quatre ans, Zeebrugge a regagné 12,1 Mt et réalisé une hausse de 32,5 %.
Conteneurs : le port manque de bras
Cette fois, c’est le conteneur qui a propulsé Zeebrugge vers le haut. Ce port a traité un trafic conteneurisé total de 20,62 Mt (+15,1 %) et de 2,21 MEVP (+22,2 %). Ces volumes se répartissent en 11,8 Mt et 1,17 MEVP en mode Ro-Ro , 7,1 Mt et 1,03 MEVP en mode Lo-Lo. Mais le port connaît les mêmes difficultés de main-d’oeuvre qu’Anvers (https://npi-magazine.com/thematiques/filieres/anvers-renoue-avec-la-croissance-en-2021/). Cela a freiné la croissance dans le secteur du conteneur, où Zeebrugge dispose encore d’une forte capacité de réserve.
Après une année 2020 « exceptionnelle », les vracs liquides ont diminué de 10,9 % (à 11,24 Mt), sous l’effet de la baisse des volumes de GNL (-16,7 % à 9,18 Mt). Les vracs secs (1,74 Mt, +2 %) et les diverses (0,68 t, +6,7 %) ont participé au mouvement de hausse.
Brexit : chaos évité
Le roulier « pur » (hors conteneurs) a, quant à lui, noté une croissance de 5,1 % à 14,89 Mt, grâce notamment aux services vers la Scandinavie (+10,4 %) et l’Europe du Sud (+22,8 %).
Le chaos tant redouté en début d’année 2021 avec le Brexit ne s’est finalement pas produit. Et si les volumes Ro-Ro de et vers le Royaume-Uni (premier partenaire commercial du port belge) ont diminué de 4,1 %, ceux sur l’Irlande ont fait un bond de 38,7 %. Le bilan final pour les Iles britanniques reste légèrement négatif (-2 %), mais vu la contraction plus forte du marché global, Zeebrugge dit avoir gagné des parts de marché.
Quelque 2,26 millions de véhicules neufs (+3,2 %) ont transité par le port. Le record de 2019 (2,96 millions) est encore loin. Le manque de micro-processeurs dans l’industrie automobile n’a pas arrangé les choses.
Manque de bateaux d’estuaire
Pour la desserte de l’hinterland, Zeebrugge est confronté a un manque de bateaux d’estuaire pour acheminer par la voie fluvio-maritime des conteneurs de et vers Anvers (en longeant la côte, puis en remontant l’Escaut occidental). La flotte (comprenant le Deseo, photo) a été portée à cinq unités qui « tournent 24 h sur 24 », mais on ne trouve pas sur le marché d’autres bateaux de ce type.
La question d’une meilleure desserte du port côtier par la navigation intérieure (via Bruges ou via le canal de Schipdonk) reste dès lors posée. Il faudra de toute façon des années pour mettre en oeuvre une solution de ce type. A court terme, seuls la navigation d’estuaire et le rail peuvent éviter que des volumes toujours plus importants basculent vers la route.
Le plus grand projet côté infrastructure reste pour l’heure la construction d’une deuxième grande écluse maritime vers l’arrière-port, sur le versant occidental de la zone portuaire, en remplacement de la très vieille écluse Visart.
Ce « dossier vital pour Zeebrugge » a pris du retard, du fait de la multiplicité des alternatives possibles à étudier. Mais le port espère toujours que le processus décisionnel pourra être bouclé avant la fin de la législature actuelle… en 2024.
