Le port de Sète-Frontignan vient de publier son rapport d’activités qui montre le retour de la croissance pour la partie commerce avec un trafic de 4,8 millions de tonnes à fin décembre 2021 par rapport aux 4,2 Mt de 2020 et aux 4,3 Mt de 2019.
Le document nuance toutefois : « malgré un tonnage en forte croissance en comparaison à 2020 (+14 % soit un nouveau record historique), notre niveau d’activité d’avant-crise en termes de chiffre d’affaires et de nombre d’escales n’est pas encore retrouvé ». L’optimisme est de mise pour l’avenir : « la reprise économique attendue devrait davantage se faire sentir sur 2022 et 2023 ».
Clinker par le fleuve et importance du canal du Rhône à Sète
Concernant le fluvial au port de Sète-Frontignan, le rapport indique 250 escales par an, soit 250 000 tonnes (l’équivalent de 15 000 poids lourds en moins sur les routes) avec des trafics en remontée d’engrais, de minerais, de tourteaux et en descente des céréales et graines oléagineuses.
Au port de Sète-Frontignan, le mode fluvial bénéficie de la présence de Cem’In’Log et du développement de son activité qui nécessite du clinker dont une partie remonte par la voie d’eau vers son usine de broyage à Portes-lès-Valence (Drôme). « Avec le lancement de la seconde unité de broyage de clinker située à Portes- lès-Valence (Drôme) et le démarrage du transport fluvial pour alimenter cette unité, l’objectif de 280 000 t pourrait être atteint en 2022. Un second hangar de 6000 m2 est en construction par Cem’In’Log pour intégrer ce développement », indique le rapport.
L’importation de clinker, démarrée en 2019 (35 000 t), fait ainsi partie des filières en progression à Sète-Frontignan, avec 190 000 t en 2021 par rapport à 130 000 t en 2020.
Le canal du Rhône à Sète demeure une priorité pour ce port du Sud de la France qui soutient la nécessité de la modernisation de cette infrastructure. A ce propos, le rapport détaille : « La mise au gabarit du canal du Rhône à Sète permettra d’optimiser et de développer ce mode de transport. Aujourd’hui peuvent transiter sur ce canal des péniches jusqu’à 1 100 t de capacité de chargement.
Pour améliorer les caractéristiques du canal (augmenter la capacité d’emport), un programme de modernisation est en cours. Son but est d’augmenter significativement le tonnage annuel des marchandises transportées, de renforcer la fluidité et la sécurité du trafic en réduisant le temps de parcours et en augmentant la capacité des péniches jusqu’à 1 700 t.
Ce programme, initialement prévu dans deux contrats de plans Interrégionaux État-région (CPIER) successifs s’est inscrit en 2020 dans une large concertation sur la base d’un rapport du CGEDD qui a fait consensus autour de la mise en place d’un contrat de canal englobant tous les types d’activité et d’aménités de cet ouvrage.
Les travaux nécessaires à la mise au gabarit 1 700 t, dont le rehaussement de plusieurs ponts, la réfection des berges très dégradées du canal et le dragage du canal à 3 mètres pour lequel des pistes d’économie circulaire vont être mises en place, devraient être programmés dans le CPIER 2021-2027 ».
Des hausses et des baisses, selon les filières
Tout comme l’importation de clinker, le roulier et le ferry apparaissent en essor en 2021.
Implanté en juillet 2019, DFDS a poursuivi son développement en atteignant 80 000 remorques par rapport à 70 000 en 2020. Selon le rapport, « la perspective d’une quatrième escale par semaine, planifiée pour avril 2022, permettra d’atteindre l’objectif de 100 000 remorques. Le développement ambitionné en 2022 pourra être atteint grâce à la mise en exploitation de la nouvelle plateforme ferroviaire, en lien avec les autoroutes ferroviaires Sète-Calais annoncées en juillet 2020 par le Premier Ministre Jean Castex ».
L’activité ferry à destination du Maroc, interrompue du 2 février au 16 juin, a ensuite enregistré un total de 229 900 passagers à fin décembre 2021 dont 165 000 entre le 16 juin et le 30 septembre (par rapport à un total de 84 621 à fin 2020 et de 130 000 à fin 2019).
Saipol, qui représente 1 Mt par an avec l’importation de graine, la trituration et l’export (tourteaux, huile et diester), a maintenu ce niveau d’activité en 2021.
Trois autres filières sont à la peine : les véhicules neufs (-30 % par rapport à 2020), les produits pétroliers (-25 % par rapport à 2019), le bétail (75 000 têtes en 2021 par rapport 117 000 en 2020).
Après une année blanche en 2020, les croisières ont pu reprendre à partir du 14 juillet 2021. Une vingtaine d’escales ont eu lieu, dont 9 de la compagnie Viking, « avec un calendrier instable et des taux de remplissage faibles » (5 500 passagers pour 2021 contre 115 000 en 2019).
Nouvelle plate-forme ferroviaire
Le ferroviaire tient une place importante au port de Sète-Frontignan avec des lignes ferroviaires régulières (Bettembourg, Calais, Gennevilliers) et un potentiel du côté de DFDS (40 000 remorques annuelles pouvant aller jusqu’à de 80 000 voire 100 000). Il ne faut pas oublier Cem’In’log avec du vrac par conteneur à raison de 3 trains par semaine à destination de Tonneins (Lot-et-Garonne) et Portes-Lès-Valence (Drôme). Il y a aussi des lignes régulières de vrac sur Toulouse (Haute-Garonne) et Laudun-l’Ardoise (Gard).
L’année 2021 a d’ailleurs vu en octobre la livraison de l’aménagement de la nouvelle plateforme ferroviaire, porté par le port (3,7 M€) et la région (5,7 M€) avec un financement du Feder (1,975 M€) et l’État/plan de relance (700 000 €). « Cette nouvelle infrastructure doit permettre au port de faire transiter à terme 40 000 remorques par le ferroviaire contre 10 000 les années précédentes et de répondre aux exigences de l’État sur le développement de l’autoroute ferroviaire Sète-Calais en 2022 ». Cette même année, « elle sera équipée d’une technologie de chargement horizontal, gage de productivité ».
En 2022, la modernisation du terminal multi-vrac va se poursuivre avec l’arrivée d’une nouvelle grue sur rail de forte capacité à alimentation électrique et sa trémie dépoussiérante, remplaçant la grue Delattre démantelée en novembre 2021. La réception de la grue est planifiée en mars 2022, sa mise en service en avril, pour un investissement de 6,4 M€. Au total, les dépenses du port sont de 11 M€ sur ce terminal au cours des trois dernières années.
Dans le domaine de la transition énergétique et écologique, le projet de branchement électrique à quai des navires (quai H et môle Masselin) avance : la conception des raccordements est programmée de novembre 2021 à avril 2022, la phase de consultation des entreprises se fera de mai à septembre 2022, pour une fin de travaux prévue en octobre 2023. Le montant de l’investissement pour le port est de 7,5 M€.