Au port de Sète-Frontignan, propriété de la région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée depuis 2007, l’automne 2021 a vu la livraison de la nouvelle plateforme multimodale rail-route de 5 ha. L’investissement d’un montant total de 15 M€ se répartit à peu près également entre les acteurs publics (région, port, UE) et privés.
« Ce nouvel équipement s’explique par la nécessité de déplacer l’actuelle plate-forme pour laisser la place à un projet de construction d’une nouvelle gare maritime à partir de juin 2022. Sur un terrain disponible, nous avons décidé d’implanter une nouvelle plate-forme avec de nouvelles ambitions de trafic en lien avec les besoins de notre opérateur DFDS », précise Olivier Carmes, directeur du port. Avec DFDS qui a concentré son activité à Sète, ce sont 40 000 à 50 000 remorques qui sont prévus pour le ferroviaire soit environ la moitié du total du trafic.
« Il s’agit aussi de proposer un outil ferroviaire performant avec un chargement horizontal ce qui ouvre à un panel plus large de remorques », ajoute le responsable. Pour cela, l’important investissement va être réalisé par un acteur économique privé dont la sélection se fait par un appel à projets.
De l’annonce par le Premier ministre en juillet 2020 d’une autoroute ferroviaire Sète-Calais, « nous en sommes bien évidemment très satisfaits. Nous attendons la réponse à l’AMI lancé par le gouvernement qui doit sélectionner l’opérateur retenu. C’est un très bon outil de développement pour nous et pour les activités de DFDS ».
Au port de Sète-Frontignan, le ferroviaire est aussi important pour le vrac avec Cem’in’Log, installé sur le terminal minéralier, qui importe du clinker et le fait repartir, une fois conteneurisé, par train jusqu’au site de production de ciment à Tonneins. Cem’in’Log s’est tourné vers le fluvial début 2021 pour approvisionner depuis Sète sa nouvelle usine située à Portes-lès-Valence. « Sans les modes massifiés, nous n’aurions pas attiré cette entreprise ».
L’importance du canal du Rhône à Sète
La fin décembre 2020 a vu la livraison du nouvel appontement pétrolier de BP (100 M€) dans le port à l’abri de la digue, qui remplace l’installation située au large depuis 1964 arrivant en fin de vie.
Les matériaux de dragage récupérés et non pas immergés ont permis de créer 18 ha de terre-pleins destinés à du stockage automobile et à l’implantation de panneaux photovoltaïques en ombrière qui s’ajoutent aux 46 000 m2 déjà installés sur les toitures du port. Ils vont servir à l’autoconsommation du port, à la recharge des batteries des automobiles déchargées du navire et avant leur envoi en concession.
Le branchement à quai des navires, projet lancé en 2018, a trouvé de premières applications pour les navires de 170 m en 2019 puis pour ceux de la grande plaisance (115 m actuellement puis 170 m). « La prochaine étape concerne les navires de commerce en 2023 tout d’abord sur le réseau national. En 2026, il s’agit d’atteindre un mix énergétique avec l’autoconsommation photovoltaïque. Après, il y a l’hydrogène, les piles à combustible dans des conteneurs, l’éolien offshore. Ce sont des objectifs de verdissement de nos activités portuaires qui ne sont pas simples à réaliser : il faut trouver les investissements de 20 M€, convaincre les opérateurs et les compagnies, avoir un prix d’électricité compétitif. Nous avons une obligation de résultat en termes de baisse d’impact carbone ».
Sur le canal du Rhône à Sète, « avec la concertation, nous sommes arrivés à un compromis sur 9,40 m de large et améliorer le tirant d’eau actuellement de 2,10 m pour retrouver 2,50 m puis 3 m soit des bateaux chargés à 1 600 ou 1 700 t au lieu de 1 100 t. Il faut trouver les clés de financements pour cette remise en état, impulsée par Carole Delga, présidente de la région Occitanie, deux contrats de plan interrégionaux Etat-région (CPIER) successifs le permettront, sans oublier l’Union européenne. Il est difficile de croire qu’on ne va pas y arriver dans le contexte des transitions énergétique et écologique ».