10 M€ d’aides indirectes
Pour faire face aux difficultés rencontrées par les entreprises installées sur les ports, les membres de l’AFPI ont mis en place des aides spécifiques. Il ne s’agit pas d’aides directes, mais de réductions ou d’annulations de facturation. Beaucoup de ports, pour favoriser l’utilisation du transport fluvial par les entreprises installées bord à voie d’eau, ont une politique tarifaire spécifique concernant les loyers qu’ils leur appliquent, avec des ristournes si l’objectif de trafic voie d’eau est dépassé, ou des pénalités s’il n’est pas atteint. Certains ports ont renoncé à appliquer ces pénalités ou ont systématiquement appliqué les ristournes, comme c’est le cas aux Ports de Lille par exemple.
D’autres ports ont mis en place des mesures variées pour soutenir les entreprises : gratuité du stationnement, réduction des tarifs, voire abandon pur et simple de redevances. Les ports de Paris, Strasbourg et Lyon ont été particulièrement en pointe dans les aides apportées aux entreprises qu’ils accueillent. Ce sont, en effet, les ports les plus concernés par le tourisme fluvial sous toutes ses formes (bateaux-promenade, croisière, événementiel, etc.). Or ce secteur a connu depuis un an un niveau d’activité extrêmement bas. Sur près de 10 M€ d’aides apportées par les ports à leurs clients, environ 80 % concernent le secteur touristique et le transport de passagers.
Pertes de trafic de l’ordre de 8 à 9 %
Le transport de marchandises a été moins touché, l’AFPI se déclarant même surpris par l’ampleur du rattrapage constaté à l’été 2020 pour des secteurs comme les céréales, le BTP ou l’industrie, après les pertes de trafic du premier confinement. « Nous sommes rassurés car les entreprises ont tenu le coup. Il y a eu peu de défaillance, même si de mauvaises nouvelles ne sont pas à exclure pour l’avenir car cette situation difficile se prolonge, sans que l’on sache quand elle va se terminer », déclare ainsi le secrétaire général de l’AFPI, Dominique Drapier.
Au-delà de leurs clients, les ports eux-mêmes ont été touchés par la crise avec un recul des flux de marchandises. Selon l’AFPI, les pertes de trafic sont de l’ordre de 8 à 9 % en moyenne, et jusqu’à 20 % pour certains ports. « Les ports intérieurs sont comme les entreprises qu’ils accueillent : ils remboursent les emprunts qu’ils ont contractés pour investir, ils payent leur personnel, ils s’acquittent de l’impôt sur les sociétés, certains même de l’impôt foncier. Le tout sur leurs deniers propres car ils ne touchent de soutien de l’État que sous forme de subventions couvrant une partie de leurs investissements au profit du territoire et des infrastructures », rappelle l’AFPI. L’association souligne toutefois que les ports intérieurs, du Rhône à l’Escaut, de l’Oise au Rhin et de la Seine à la Saône, gardent le moral et continuent à plancher, en télétravail, sur de nouveaux projets et de futurs investissements.
L’AFPI s’adapte aux nouvelles gouvernances portuaires
Le renouvellement des concessions portuaires en Alsace et en Lorraine a donné lieu à la création de syndicats mixtes ouverts et à des sociétés d’économie mixte. Ce schéma pourrait être dupliqué à d’autres ports au fur et à mesure de l’échéance des concessions en cours. Pour s’adapter à ce nouveau régime d’organisation de l’exploitation des ports intérieurs, l’AFPI fait évoluer son organisation avec la création de deux collèges. L’un comprend les opérateurs portuaires, c’est-à-dire les autorités portuaires et les exploitants de terminaux, réunis pour « travailler sur le management opérationnel des ports, les trafics, les matériels et méthodes ». L’autre doit être le porte-voix des ports vers l’extérieur, il regroupe les instances institutionnelles qui participent aux syndicats mixtes ouverts, c’est-à-dire les collectivités locales, départementales et régionales, ou encore l’État à travers VNF.