Début juillet 2018, le SMO de Colmar Neuf-Brisach est passé à l’étape suivante de l’évolution de la gouvernance de ce port intérieur : le lancement de l’avis d’appel à la concurrence (AAC) pour la constitution d’une société d’économie mixte à opération unique (Semop). Cette Semop se verra confier par un contrat de concession de type délégation de service public les missions de gestion, d’exploitation, d’aménagement et de développement du domaine industrialo-portuaire du port rhénan de Colmar Neuf-Brisach.
Les co-actionnaires de la Semop seront le SMO, la Banque des territoires (groupe Caisse des dépôts) ainsi que le ou les opérateurs économiques choisis au terme de l’AAC. « La répartition au sein de la Semop donnera la majorité, soit au moins 50%, aux opérateurs privés », a indiqué Jean-Laurent Kistler, chef du service développement de VNF Strasbourg. La Banque des territoires va investir dans le projet de développement du port sur les fonds propres de la Caisse des dépôts. « Nous sommes dans notre rôle de prise de participation dans une société privée pour l’intérêt général et le développement économique des territoires », a expliqué Laurence Dehan, directrice générale déléguée Alsace-Pays de Bitche de la direction régionale Grand Est de la Banque des territoires.
« Nous recherchons des opérateurs économiques et/ou investisseurs qui peuvent être des ensembliers ou aménageurs de zone, des spécialistes des transports fluvial ou ferroviaire, des grands groupes européens ou mondiaux, des ports maritimes ou intérieurs européens, ont précisé Jean-Laurent Kistler et Gérard Hug, président de la communauté de communes du Pays Rhin-Brisach. Suite à un AMI en décembre 2017, nous avons eu des prises de contacts. Nous sommes optimistes ». La solution d’un « consortium d’acteurs » comme pour les ports de la Moselle est aussi envisagée par le SMO de Colmar. En termes de calendrier, le choix du ou des opérateurs économiques privés est prévu pour juillet 2019 et le transfert de l’exploitation pour décembre 2019.
Un projet stratégique
Une fois mise en place, la nouvelle gouvernance aura pour objectif d’accélérer le développement du site historique du port rhénan de Colmar Neuf-Brisach et de la zone à valoriser dite BNHG du nom des 4 communes où elle est implantée (Balgau, Nambsheim, Heiteren, Geiswasser). C’est ce que prévoit le projet stratégique de développement bâti par le SMO avec des investissements d’un montant total de 58,3M€.
L’aménagement de la zone BNHG, située à une dizaine de kilomètre du site portuaire historique, doit permettre de développer l’offre en foncier pour fixer de nouveaux intervenants dans la chaîne logistique et conforter des activités traditionnellement utilisatrices de la voie d’eau. Il prévoit la réalisation d’un embranchement ferroviaire au réseau SNCF ainsi qu’à l’ITE existant du port historique avec ses 20km de voies ferrées afin de conférer à la future plate-forme un caractère multimodal. La zone BNHG constitue la dernière disponibilité foncière d’ampleur, soit 220 ha, située au bord du Rhin entre la Suisse et les Pays-Bas. Il sera confié à la Semop 30 ha de la zone BNHG à développer ainsi que les 14h du site portuaire historique. Sur celui-ci, il s’agira de multiplier les actions pour favoriser le développement du port sur l’activité vrac, de consolider l’activité conteneurs, de monter en puissance sur les colis semi lourds et lourds afin de faire de Colmar un pôle local centre-Sud Alsace pour cette dernière filière sur des flux Est-Ouest.
Le développement du port de Colmar Neuf-Brisach et de la zone BNHG ne se fera pas en concurrence avec le port autonome de Strasbourg (PAS) ni avec les ports de Mulhouse-Rhin (PMR), a assuré Gérard Hug. Une coopération est privilégiée entre ces ports, tous situés dans la région Grand Est. Dans les SMO de Colmar et des PMR, il y a trois membres communs, les échanges sont ainsi possibles. Pour les conteneurs, il n’est pas prévu l’installation de portique à Colmar. Il y a ceux du PAS et des PMR. Pour les colis lourds, le PAS est prêt à se désengager de cette activité au fur et à mesure de la montée en puissance de Colmar. Et Gérard Hug de conclure : « Nous voulons travailler sur ce que nous savons faire, le vrac et les colis lourds. Nous resterons sur des marchés de niche ».