Mulhouse a déjà été, dès l’été 2017, le premier port fluvial français à installer son SMO, qui regroupe VNF, la région Grand-Est, les communautés d’agglomération de Mulhouse et de Saint-Louis et la CCI d’Alsace. Nouvelle autorité concédante du domaine public fluvial, ce SMO permet d’unifier le foncier portuaire, aujourd’hui morcelé entre l’État, représenté par VNF, qui possède le domaine public fluvial bord à quai, et la CCI, jusqu’alors concessionnaire du port, qui possède les terrains en arrière du quai.
Opérationnel en 2020
Le SMO, propriétaire du foncier, est aussi en charge de l’exploitation des ports mais n’a pas vocation à les exploiter directement, laissant ce soin à la SEMOP, dont il sera actionnaire majoritaire, la Caisse des dépôts, participant pour 10 %, et le partenaire privé pour au moins 25 %. « Un montage intéressant, car il allie la dynamique de l’entrepreneuriat privé et la force de l’État et de la région », souligne Gilbert Stimpflin, président de la CCI Grand-Est.
« Il s’agit d’une délégation de service public, dont la première étape a été lancée début juin 2018 avec la diffusion d’un pré-dossier, précise Marc Buchert, vice-président de l’agglomération de Mulhouse et président du SMO. Parmi les réponses obtenues, nous sélectionnerons deux ou trois candidats qui se verront remettre le dossier complet de notre stratégie de développement du port, et le plan d’investissement de 57 M€ proposé pour les cinq premières années. Une phase de discussion commencera alors, pour que les partenaires sélectionnés donnent leur avis sur les investissements. »
Le profil de ce partenaire impliqué dans l’exploitation portuaire? « Idéalement un logisticien qui gère l’ensemble de la chaîne logistique, dont nous ne sommes qu’un petit maillon », indique Jacky Scheidecker, directeur des ports de Mulhouse-Rhin. L’objectif est d’être opérationnel dès janvier 2020.
Coopération internationale… et régionale ?
Tous les acteurs du port de Mulhouse soulignent la coopération avec le port suisse de Bâle et le port allemand de Weil dans le cadre de RheinPorts, mais aucun n’évoque une éventuelle coopération avec Colmar, pourtant situé dans le même département du Haut-Rhin. Colmar est d’ailleurs engagé dans la même démarche que Mulhouse : un SMO y a été constitué depuis mars 2018. L’esprit de clocher a-t-il empêché de créer un seul SMO pour la gestion des deux ports, comme cela s’est fait sur la Moselle ? Jean-Laurent Kistler, chef du service développement de la direction territoriale de VNF, évoque « une question de timing : le port de Colmar fait encore l’objet d’une concession, on aurait donc perdu un an. Mais le montage étant identique, avec des partenaires commun, on verra ce que l’avenir nous réserve… d’autant qu’on pourrait retrouver les mêmes partenaires dans les deux SEMOP. » Le dossier de la fermeture de Fessenheim, situé à mi-chemin entre Mulhouse et Colmar, pourrait aussi rapprocher les deux ports autour de projets communs.