Innover pour la compétitivité du territoire ville-port avec le Havre Smart Port City

Article réservé aux abonnés

La démarche Smart Port City rassemble au Havre plus de 80 partenaires publics et privés autour de projets innovants très variés comme l’électrification des quais ou la pyrogazéification. Il s’agit d’innover pour que le territoire ville-port reste compétitif et pour une meilleure acceptabilité des activités industrielles.

« La démarche « Smart Port City » doit permettre au territoire portuaire autour du Havre de rester dans la compétition internationale des grandes villes portuaires. Il s’agit de demeurer dans la course par rapport à Anvers, à Rotterdam, dans la ligue 1 des grands ports du Range nord-européen. Pour y parvenir, il faut innover, accélérer les transitions énergétique, écologique, numérique. C’est un programme de longue haleine qui s’étend sur au moins 10 ans pour des répercussions à encore plus long terme », a expliqué Jean-Baptiste Gastinne, vice-président en charge des mobilités, transports et axe Seine au conseil régional de Normandie, lors du LH Forum le 24 septembre 2021 au cours d’une table-ronde consacrée à « Le Havre Smart Port City »

La démarche a été l’un des lauréats du troisième appel à manifestation d’intérêt du programme des investissements d’avenir, appelé « territoire d’innovation de grande ambition » (PIA 3 TIGA) en novembre 2019 puis une convention de financement a été signée en mai 2020 entre l’Etat et le Havre-Seine métropole, chef de file de la démarche, en lien étroit avec 80 partenaires publics et privés réunis autour de nombreux projets innovants.

« Une de nos particularités est d’avoir autant de partenaires publics, privés, entreprises, associations, universités, le grand port, etc. C’est réjouissant, c’est un défi. Les enjeux sont importants et multiples. Les projets sont très différents mais tous ont comme point commun l’innovation et l’ambition pour le territoire ville-port », a ajouté l’élu régional.

L’électrification des quais au Havre, c’est parti

Parmi les projets de la démarche Smart Port City, « il y a la décarbonation des quais en permettant aux navires de croisière de se brancher à une source d’électricité terrestre pendant leurs escales à la Pointe de Floride », a indiqué Sébastien Courtin, directeur territorial Normandie d’Enedis qui travaille avec Haropa Port sur ce sujet.

La puissance nécessaire est très élevée pour alimenter les navires de croisière à quai. Les travaux sont importants pour alimenter les dispositifs et sont réalisés dans un environnement portuaire complexe, sous la maitrise d’ouvrage d’Enedis.

Le hangar 13 situé Pointe de Floride va être aménagé pour accueillir des équipements de distribution haute tension ainsi que des systèmes de conversion permettant d’adapter le courant de quai aux besoins des navires.

Un réseau de câbles enterrés sera mis en place jusqu’à des véhicules équipés d’un bras articulé permettant d’amener 5 prises de courant, pesant 15 kg chacune, jusqu’aux navires quels que soient leurs emplacements sur les trois quais du terminal croisière.

Le raccordement au réseau de distribution public de l’électricité, élément indispensable du dispositif, comprend des travaux majeurs ayant nécessité une forte concertation : la pose de 3 câbles haute tension sur 3 km et l’ajout d’un transformateur 40 MW au poste source.

Le projet représente un investissement de 20 millions d’euros qui bénéficie d’un soutien de 11,1 M€ du plan de relance et une contribution de 0,9 M€ du pacte territorial.


Des bornes pour les usages fluviaux

Christophe Gauthier, directeur de la maîtrise d’œuvre et d’ingénierie de Haropa Port, a rappelé que le raccordement à l’électricité des navires à quai répond à des enjeux de qualité de l’air et de réduction des nuisances sonores. « C’est aussi un atout commercial, pour l’image de la ville, du port, des armateurs, qui eux aussi investissent, pour être plus compétitif ».

L’électrification des quais au Havre, « c’est parti mais complexe », a poursuivi ce responsable, pour plusieurs raisons. Il faut une très grandes puissance, convertir les tensions différentes entre les navires et celle du réseau à terre, il en va de même pour la fréquence. « Il faut également assurer une production de l’électricité de qualité car on ne peut pas se mettre en responsabilité de détériorer les installations à bord des navires ».

Le projet se réalise en commençant par les quais dédiés à la croisière de la Pointe de Floride, situés à proximité du centre-ville « donc prioritaires », avec l’objectif de pouvoir brancher 3 navires en même temps en 2025.

Christophe Gauthier a précisé : « Nous travaillons aussi sur les quais dédiés aux porte-conteneurs pour lesquels les besoins de puissance sont moindres que pour la croisière. Les solutions sont plus aisées à réaliser » mais l’environnement portuaire reste complexe et les installations doivent tenir compte de la présence de portiques, de rails le long des quais, d’un espace restreint… « Nous travaillons à des solutions et sommes en phase de test. Nous voulons commencer à pouvoir brancher des porte-conteneurs à partir de 2025 puis il faudra quelques années pour équiper l’ensemble des quais du Havre. Nous n’oublions pas non plus les autres activités comme le ferry, lui aussi en centre-ville, et nous sommes prêt techniquement à le faire, il faut que le navire soit, lui aussi, équipé ».

Du côté des bornes pour l’électricité et pour l’eau le long de l’axe Seine (pour des usages fluviaux, fret et croisière), 14 sont en place depuis 2018 et un programme vise un total de 74 à l’horizon 2024. Haropa Port et VNF avec le soutien de l’Union européenne sont associés dans la réalisation de ces bornes.

Autres exemples des projets Smart Port City cité par Sébastien Courtin, directeur territorial Normandie d’Enedis : l’implantation à partir de 2025 d’énergies renouvelables pour développer jusqu'à 50 MW, c’est l’objectif de Haropa Port ; « l’autoconsommation collective » ce qui signifie produire et consommer local des énergies par des « boucles énergétiques » ; déployer la mobilité électrique pour les flottes des véhicules des entreprises, du port, du transit des passagers (350 000 croisiéristes par an) ; l’exploitation de données de consommation énergétique pour l’amélioration de la performance énergétique, conduire des actions de rénovation thermique.

GNL renouvelable, drones

Pour Emmanuel Schillewaert, délégué régional Normandie Engie, « Smart Port City est une opportunité pour travailler au développement d’innovations, par exemple la pyrogazéification ». En simplifiant, celle-ci consiste à chauffer des déchets pour en récupérer les gaz, les traiter et en faire du gaz naturel renouvelable pour des usages en lien avec les entreprises et activités portuaires, la mobilité des navires (le gaz produit pouvant être liquéfié et devenant du GNL renouvelable).

Dans le cadre du Smart Port City, des « allocations doctorales » sont allouées à des chercheurs de l’université du Havre pour des études autour de la logistique, des énergies, des nouveaux matériaux, des questions internationales.

Il y a également le centre d’innovation du drone en Normandie pour des applications  de surveillance de la zone portuaire, de sites industrielles, ou des utilisations pour collecter des données sur les émissions dans l’air, etc.

En conclusion, Jean-Baptiste Gastinne a souligné que la démarche Smart Port City joue un rôle « pour une attractivité accrue du territoire et pour l’acceptabilité des activités industrielles et portuaires par les habitants ».

Filières

À la une

Actualité

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15