Au port de Cherbourg, le lancement officicel des travaux du terminal multimodal pour accueillir le service d'autoroute ferroviaire a eu lieu à la fin août 2023, en présence de nombreux responsables et élus.
Les tenants du projet
C’est en 2020 que Ports de Normandie a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) « pour désigner les usagers du terminal multimodal sur le port de Cherbourg, le seul terminal transmanche aisément connectable au réseau ferroviaire à l’Ouest du détroit » de la Manche.
La compagnie Brittany Ferries a remporté l’AMI « en proposant un service ferroviaire entre Cherbourg et Bayonne ». Les objectifs de la compagnie sont multiples :
- réduire le nombre de tracteurs transportés au profit des remorques seules en augmentant la part des trafics de véhicules non-accompagnés à bord de ses ferries,
- « renforcer sa position sur les distances longues entre l’Espagne et les Iles britanniques et diversifier son offre maritime vers le ferroviaire ». Brittany Ferries effectue également trois escales supplémentaires par semaine à Cherbourg avec ses nouveaux navires (Galicia, Salamanca et Santona) afin de développer son activité fret,
- « faire progresser la performance environnementale du transport » en utilisant davantage le mode ferroviaire qui s’ajoute à un renouvellement de la flotte et aux choix de modes de propulsion « plus écoresponsables ».
Avec la nouvelle liaison ferroviaire, la diminution de poids lourds pourrait être d'environ 25 000 unités par an sur les routes françaises, selon la compagnie, grâce au report des camions sur les trains.
Au-delà de l’itinéraire Cherbourg-Bayonne, il s’agit de relier l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Irlande via le réseau ferroviaire français.
Le coût du projet pour Ports de Normandie
Deux hectares nécessaires à la construction du terminal multimodal ont été libérés et Ports de Normandie débute les travaux en ce mois de septembre 2023 pour une durée d’un peu moins d’un an. La livraison du terminal est annoncée pour juillet 2024 « sauf aléas ». L’un des défis est de conduire les travaux sans interrompre les activités existantes ni la circulation routière.
Pour Ports de Normandie, l’investissement représente près de 13 M€, financés par la région Normandie (1,7 M€), le département de la Manche (850 K€), l’agglomération du Cotentin (285 K€) et une part d’autofinancement (8,7 M€). Il y a aussi un soutien de l’Union européenne à hauteur de 1,4 M€ (inclus aux 13 M€). Cherbourg Port participe à hauteur de 4 M€. Le montant total du projet atteint ainsi montant total d’un peu plus de 17 M€.
L’investissement pour Ports de Normandie s’inscrit dans plusieurs de ses objectifs stratégiques : consolider et élargir son hinterland, rendre possible un nouveau service de transport terrestre performant, à la fois alternatif et complémentaire, à la traction routière, contribuer à un transport plus vertueux sur le plan environnemental
Où en est le projet à Bayonne-Mouguerre ?
La mise en service d’un service ferroviaire entre Cherbourg et Bayonne/Mouguerre est annoncé avec un aller-retour par jour à partir du deuxième semestre 2024, selon Brittany Ferries.
La technologie retenue est celle de l’entreprise Lohr auprès de laquelle Brittany Ferries a commandé 47 wagons avec une livraison de 22 unités attendue en décembre 2023 et le solde en mai 2024. Les trains feront 750 mètres.
A l’extrémité de la ligne dans le Sud-Ouest de la France, le projet compte la création par Brittany Ferries d’un terminal ferroviaire à Mouguerre (agglomération de Bayonne). Il a été précisé à Cherbourg fin août : « L’acquisition définitive des terrains devrait être effective dans les prochaines semaines (les promesses de vente ont été signées il y a déjà quelques mois) et les études relatives à l’implantation du terminal sont désormais finalisées ».
La nouvelle autoroute ferroviaire suppose également la mise en place de l'itinéraire adapté de 950 km entre Cherbourg et Mouguerre sur un rythme d’un trajet aller-retour par jour, avec une capacité d’emport de 42 remorques par sens. SNCF Réseau est mobilisé, avec une mise au gabarit de certains tunnels, des études en cours.
« Après la période de montée en charge, ce sont environ 20 000 remorques qui pourront être acheminées chaque année depuis/vers le port de Cherbourg ».
