L’avenir des bateaux-promenade appartient à ceux qui osent !

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Savoir oser, innover, prendre des risques et surmonter les obstacles techniques et réglementaires pour offrir de nouvelles expériences aux touristes sur le fleuve, c’est, en substance, le message des participants à la conférence sur l’avenir des bateaux-promenade qui s’est tenue en Arles, le 9 novembre 2022, à l’occasion du salon Sloww !
Séduire et attirer une clientèle vers le fleuve nécessite une bonne dose d’inventivité, une prise de risques et une patience infinie… Six années auront été nécessaires pour construire et homologuer Marcel le Canard le tout premier bus amphibie de France qui roule et navigue depuis juillet 2021 dans Paris, à la découverte des lieux touristiques emblématiques. Une double réglementation extrêmement contraignante et qui plombe le modèle d’affaires, comme l’explique Paul Michel, cofondateur des Canards de Paris avec Philippe Mallet : « Les deux réglementations n’ont rien à voir. Sur le fluvial, elle est très poussée et s’adresse aux gros bateaux. Il faut alléger la réglementation, l’adapter aux petites unités de 15 à 50 passagers. Autre sujet, celui de la double qualification de nos personnels. Nous déplorons le temps de navigation nécessaire pour devenir capitaine qui vient d’être multiplié par 5,4 ! ». Il s’exprimait lors d’une table-ronde sur l’avenir des bateaux-promenade à l’occasion du salon dédié au tourisme fluvial Sloww ! les 8 et 9 novembre 2022 à Arles (voir article de NPI). En dépit de ces nombreux obstacles, les Canards de Paris, compte tenu du succès de fréquentation de leur offre, annoncent la construction d’une deuxième unité. « Avant nous, de nombreux acteurs ont essayé. Même si le projet paraît infaisable, il faut se jeter à l’eau et faire évoluer la réglementation », souligne Paul Michel. Un des grands succès de ce bateau, le « splash », c’est-à-dire le moment où le véhicule quitte la terre et fait une entrée fracassante sur le fleuve. Une attraction ancienne dans de nombreuses villes. Depuis 1994, Boston opère des Duck Boat, des véhicules réhabilités de la deuxième guerre mondiale et chaque année, ce sont 600 000 touristes qui se pressent à la découverte du centre historique sur la rivière Charles. Parmi le petit plus de la promenade de Marcel le Canard, la présence d’un guide-comédien qui captive littéralement les passagers durant 1h45.

« La clé du succès, c’est la coopération des élus »

Pour qu’un projet réussisse pleinement, l’adhésion des territoires semble essentielle. « La clé du succès, c’est la coopération des élus pour le développement du tourisme fluvial. Il faut, par exemple, organiser la mise à disposition des pontons, négocier des tarifs préférentiels avec les musées et offrir, par exemple, un verre de vin aux passagers », souligne Tony Robin, responsable du service politique touristique et du port de Libourne Saint-Émilion. A l’initiative d’une croisière à la journée sur la Dordogne, il souligne la collaboration du village de Bourg-sur-Gironde et du territoire du Libournais. Depuis 2018, l’office du tourisme affrète un bateau et propose une croisière à la journée. « Nous avons la contrainte des marées et du mascaret qui empêchent les passagers d’avoir un verre à la main ! En 2022, nous avons effectué deux croisières pour un bénéfice de 930 euros. Malgré le subtil équilibre entre la maîtrise du tarif public et les charges, nous sommes rentables ! Pour 2023, nous avons des perspectives de développement de ces croisières à la journée notamment auprès des groupes », précise Tony Robin. Pour Frédéric Avierinos, président du collège « passagers » d’Entreprises Fluviales de France (E2F) : « L’avenir des promenades fluviales est radieux à condition que les produits soient bien conçus et que la promotion soit assurée auprès des offices de tourisme, des réseaux de distribution français et étrangers. Atout France et les CRT sont là pour nous aider ». Le secteur des bateaux-promenade en France emploie 1 500 personnes. Il est important dans la capitale avec 9 millions de passagers par an sur la Seine sur les 12 millions qui effectuent chaque année une promenade sur le fleuve pour 700 millions d’euros de retombées économiques. Mais d’autres grandes villes françaises ont une belle activité de promenade : Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Annecy… « C’est la promenade qui porte le développement du fluvial avec une hausse de 5 à 10 %. La promenade est la troisième activité préférée des touristes qui visitent Paris », ajoute le représentant d’E2F, tout en rappelant les deux enjeux de la profession : la transition énergétique et le numérique. Reste néanmoins à résoudre l’épineux sujet de la circulation des autocars aux abords des berges et de la pénurie des personnels.

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