« Dans l’écosystème nautique, les 18 mois de crise sanitaire nous amènent à une situation économique et financière extrêmement saine, ce qui est inattendu par rapport à ce que nous anticipions », a expliqué Yves Lyon-Caen, président de la Fédération des industries nautiques (FIN), lors d’une conférence de presse le 2 septembre 2021.
Après 2020, période au cours de laquelle cette filière a été mise à l’arrêt pendant trois mois puis a connu « un été intense suivi d’une rentrée chaotique », a rappelé ce responsable, « les tendances pour 2021 sont nettes, c’est une année marquée par un dynamisme » de la demande des marchés européens et américains, notamment pour les bateaux de moins de 40 pieds, et les voiliers.
La reprise commerciale « est très forte », l’envolée de la demande crée des tensions sur la production, les délais de livraison s’allongent, les carnets de commande sont remplis. Signe phare de cette situation, les stocks réseau (c’est-à-dire les bateaux immédiatement disponibles) sont « très modérés voire inexistants, ce qui est exceptionnel, surtout en Europe. C’est très positif pour l’avenir », a souligné Yves Lyon-Caen.
Comme d’autres filières, les industries nautiques doivent composer avec « des tensions sur certains approvisionnements » (par exemple pour les composants électroniques ou les moteurs surtout in board), mais aussi sur les matières premières (par exemple la fibre de polyester). La conséquence est « une tension sur les prix ».
L’ensemble de ces éléments conduisent le président de cette fédération professionnelle à montrer un certain optimisme pour l’avenir : « Nous pensons retrouver à la fin décembre 2021 le niveau de fin décembre 2019 et une croissance de +10 % ». Pour lui, « ce retour à la normale même avec une discipline stricte peut être durable si celle-ci est toujours acceptée et appliquée ». Et 2022 « ne devrait pas être mal ».
Premières tendances pour 2021
Des chiffres précis ne sont pas encore disponibles, la saison d’été 2021 ayant pris tout juste pris fin l’avant-veille de la conférence. Seuls les chiffres définitifs pour 2020 sont disponibles (voir encadré).
Pour 2021, il est toutefois certain que les littoraux ont connu une forte fréquentation et les activités nautiques suscité un engouement élevé avec des nouveaux pratiquants. Sur l’Atlantique, des touristes de l’Union européenne ont été là tandis que les Britanniques ont été moins présents. Les Français ont été présents en Méditerranée avec des Italiens.
La location maritime a atteint des sommets… « Presque même trop » en métropole. Il en va bien différemment dans les territoires ultramarins où le renforcement des mesures sanitaires a arrêté les activités, « le soutien pour les entreprises doit impérativement s’y maintenir ».
La location fluviale a enregistré « une bonne saison 2021 avec des résultats qui se rapprochent de ceux de 2019. Après un début de printemps difficile, l’été a été brillant ».
Les autres activités de la filière (bases nautiques, voile…) présentent, elles aussi, de très bon niveau et ont séduit de nombreux néo-pratiquants. La difficulté va être de consolider cette fréquentation exceptionnelle.
Une mission sur le « nautisme de demain »
Le président de la FIN avec le directeur interrégional de la mer pour la façade Nord Atlantique-Manche Ouest s’est vu confier une mission sur « le nautisme de demain » par la ministre de la mer.
Parmi les sujets à aborder par cette mission figure la transition énergétique et écologique des industries nautiques. Sur ce point, selon la FIN, « le nautisme a un faible effet négatif sur le milieu naturel » (les côtes/bande des 300 mètres). Il y a un important travail à conduire sur les conséquences des activités en termes de ressources naturelles (recyclage et valorisation). Pour la FIN, il faut toutefois prendre en compte que les industries nautiques évoluent dans un contexte de concurrence forte. Il ne faudrait pas que des mesures trop strictes côté Europe entravent la marche en avant de la filière. Les industries de cette filière innovent, indique la FIN, mais le font en devant aussi tenir compte de ce qui se passe du côté du marché américain, le premier en importance au niveau mondial, où les contraintes environnementales sont quasiment inexistantes.
Développer l’attractivité des métiers de cette filière est un autre enjeu. Les entreprises ont des difficultés, comme toutes celles relevant de l’industrie, à trouver du personnel formé et intéressé pour compenser les départs.
La remise du rapport de cette mission est annoncée pour décembre 2021 à Paris lors du salon Nautic sur lequel la FIN travaille et apparaît confiante pour sa tenue de manière « physique », autrement dit « en présentiel ».
Un salon entièrement virtuel comme celui-ci organisé en mars 2021 (Virtual Nautic) n’est pas à l’ordre du jour. Mais la FIN est convaincue qu’une solution hybride alliant virtuel et physique pour ce genre d’événement peut constituer un outil important à l’avenir pour attirer une nouvelle clientèle.
Les chiffres 2020 de la filière nautique
Avec 4,72 milliards en 2020, la filière nautique enregistre une diminution de 11 % de son chiffre d’affaires (CA) global (une année court du 1/9 précédent au 31/8 suivant). Le CA de la production française atteint 1,2 milliard d’euros (par rapport à 3,4 milliards en 2019).
Pour le président de la FIN, ces évolutions à la baisse en 2020 « sont moins dramatiques que ce que nous anticipions », grâce au bon niveau d’activité enregistré en 2019 et aux mesures de soutien des entreprises par le gouvernement en 2020.
La vente de bateaux neufs diminue également de 11 % avec 10 091 unités, celle des bateaux d’occasion progresse avec 78 128 unités mais ce nombre reste à consolider tout comme l’évolution par rapport à 2019.
Le taux d’export reste identique et élevé à 76 %, ce qui fait toujours du nautisme l’une des filières françaises les plus performantes (avec l’aéronautique) de ce point de vue.
Concernant les chiffres de la location fluviale qui portent, eux, sur l’année civile 2020 : la FIN compte +de 94 bases de location, 1500 bateaux habitables proposés à la location, 37 opérateurs dont 4 internationaux, un poids économique national de 111 millions d’euros, 120 000 passagers estimés.