Batorama avec le projet Caravelle et Nicols avec le SixtoGreen ont fait part de l’intérêt de l’électricité pour les bateaux destinés à la promenade et à la location habitable sans permis lors du récent webinaire « Vert le fluvial » de VNF en partenariat avec l’UFE.
Le Sixto Green est un bateau à propulsion 100 % électrique, proposé à la location habitable sans permis par Nicols sur les canaux de la Marne au Rhin et la Sarre en Alsace.
« Il est commercialisé depuis 2018, aboutissement d’un projet lancé en 2015-2016, a rappelé Vincent Foyer, directeur général de Nicols, qui est une société qui loue et construit des bateaux fluviaux. Pour nous, cela a été une très bonne expérience avec une technologie, l’électrique, qu’on ne connaissait pas du tout. Avec ce bateau, il n’y a eu aucun souci technique et il est très apprécié des plaisanciers, notamment étrangers très sensibles au tourisme respectueux de l’environnement. Nous allons reconduire l’expérience avec un deuxième bateau lui aussi à propulsion 100 % électrique dès 2022 ».
Deux freins à lever
Pour le directeur général de Nicols, « la solution électrique est relativement simple à partir du moment où tout est bien étudié en amont et nous avons été très bien accompagné. Le bateau est équipé de 12 batteries lithium-ion qui représentent environ 60 kw et permettent une autonomie suffisante pour naviguer ».
Il a continué en précisant que le projet avait été conduit en partenariat avec Voies navigables de France (VNF) qui s’est chargé de la réalisation et de l’installation de 11 bornes à recharge rapide à terre. « En 2 h, le bateau est rechargé, sachant que l’autonomie du Sixto Green est de 8 h et un plaisancier navigue en général 4 à 5 h par jour ».
Selon Vincent Foyer, il existe deux freins pouvant freiner le développement de ces bateaux « verts » électriques. Le premier est l’absence de borne de recharge le long des canaux : « Il faut les équiper au plus vite ». Le deuxième est le surcoût de fabrication : « Depuis 2017, cela n’a pas vraiment varié, il est d’environ 30 à 40 % sur le prix de revient du bateau. Nous devons répercuter le surcoût sur le prix de la location qui augmente de 10 à 15 %. Economiquement, le schéma est moins rentable qu’avec un bateau thermique, il ne faut pas le cacher ».
Toutefois, les impératifs de la transition écologique et énergétique sont là : « Nous n’avons pas le choix, il faut y aller, c’est mieux pour la planète ».
25 millions d’euros d’investissement pour Batorama
Du côté d’Isabelle Burget, directeur général de Batorama, l’analyse est similaire : « Nous devons proposer des solutions qui respectent l’environnement » et concernant les coûts : « Le Gustave Doré à propulsion électrique que nous avons depuis 2000 a eu un coût élevé par rapport à un bateau thermique. Mais il y a des avantages, notamment la maintenance ».
Batorama a entamé la transition énergétique de sa flotte dès 2000 avec le Gustave Doré à propulsion électrique, puis avec l’utilisation du gas to liquid (GTL) à partir de 2017 qui se poursuit toujours. Le lancement du projet Caravelle a été réalisé en 2018 et vise au remplacement de tous les bateaux de la compagnie (soit 10 unités dont une dédiée à l’événementiel) par d’autres à propulsion 100 % électrique en plusieurs étapes dans les années à venir. En 2020, il y a eu l’arrivée du bateau-taxi électrique Naos.
« Le projet Caravelle est un programme d’investissement de plus 25 millions d’euros et qui vise à verdir l’intégralité de notre flotte. Nous avons bénéficié d’un soutien de VNF dans le cadre du PAMI et de l’Ademe », a précisé Isabelle Burget.
La conversion à l’électricité des 10 bateaux de Batorama répond à trois objectifs dont le premier est de réduire l’empreinte carbone de l’activité. Le deuxième est la polyvalence car, actuellement, 6 bateaux couverts et 3 découverts obligent à des manipulations chaque matin en fonction de la météo tandis que les nouvelles unités disposeront de vitrage amovible qui permettra aussi d’optimiser la climatisation à bord. Le dernier est « une amélioration de l’expérience client ».
Test pendant un an pour le premier bateau en présérie
« Pour le projet Caravelle, nous en sommes en fin de phase d’appel d’offres pour le choix du chantier pour le premier bateau en présérie qui sera construit en 12 à 15 mois et entrera en période de test d’un an pour vérifier la technologie et apporter d’éventuelles modifications ou améliorations. Nous lancerons ensuite la fabrication de six bateaux en deux phases, soit deux fois trois unités », a expliqué la directrice générale.
Les bateaux seront équipés d’un BMS (battery management system) qui permet un contrôle en temps réel du fonctionnement de chaque cellule de la batterie lithium-ion. Les batteries seront intégrées dans un caisson spécifique en acier conçu notamment pour une meilleure résistance en cas de départ de feu. L’autonomie est prévue pour une autonomie de 11 h en hiver et de 16 h en été. La charge retenue est lente. La durée de vie des batteries lithium-ion devrait être de 10 ans.
Selon la directrice générale : « Les batteries représentent 15 % du prix du bateau de présérie. Avec 25 millions d’euros d’investissement pour les 10 bateaux, le coût est élevé. Mais on ne peut pas minimiser les conséquences des activités sur la planète. Chez Batorama, nous avons depuis longtemps conscience de la nécessité de diminuer notre empreinte carbone et nous avons agi notamment avec le GTL. L’électrification de la flotte, c’est l’avenir, il en va de la pérennité de l’entreprise ».
Isabelle Burget a également indiqué : « Nous avons réfléchi à l’hydrogène que nous avons étudié pendant un an mais nous n’avons pas donné suite pour des raisons réglementaires : il aurait été possible d’obtenir une dérogation pour un bateau mais pas pour l’ensemble de la flotte, ce qui n’était pas envisageable en termes d’investissement. Nous restons toutefois en veille sur les solutions hydrogène que nous n’avons donc pas totalement abandonné ».
Lors du webinaire, le « hub énergétique sur-mesure » ou barge flottante « Elemanta » de Sofresid Engineering a également été présenté. NPI a déjà présenté ce projet dans un article.