L’élargissement de l’Escaut à Tournai, au niveau du quai Saint Brice et du pont-à-Ponts, a été inauguré le 31 janvier 2020. Cet événement signifie la fin de la phase 1 du chantier global de modernisation de la traversée fluviale de Tournai, qui en compte quatre en tout. Un premier porte-conteneurs fluvial, le Samarkand, affrété par Contargo North France, a démontré que le passage était désormais possible à cet endroit pour les bateaux de la classe Va (2000 tonnes).
Le Samarkand est un porte-conteneurs fluvial, de type « grand rhénan », de 110 mètres de long pour 11,40 mètres de large, qui peut transporter 104 conteneurs EVP sur quatre largeurs et deux hauteurs. Il est passé pour la première fois à Tournai le 31 janvier 2020 en navigation pour le terminal à conteneurs Escaut Valenciennes Container Terminal où il est arrivé en fin de journée. Avant de passer par Tournai, il avait été chargé à Anvers.
Son passage a démontré que l’élargissement à 27 mètres de l’Escaut à Tournai au niveau du quai Saint Brice et du pont-à-Ponts autorise le passage de bateaux de classe Va avec quatre rangées de conteneurs en largeur, ce qui représente une augmentation de la capacité de transport de 30 % par trajet.
Intensifier le transport fluvial
Le chantier de modernisation de la traversée de Tournai, qui vise à permettre aux bateaux de gabarit Va d’emprunter sans difficulté l’Escaut dans cette ville, s’inscrit dans le cadre de la liaison Seine-Escaut. Au total, son coût est de près 37 millions d’euros, cofinancé par l’Union européenne (40 %) et la Wallonie (60 %).
Ce chantier compte quatre phases dont la première est donc achevée en cette fin janvier 2020, son lancement datant de 2017. Les travaux de cette phase 1 ont consisté à faire reculer le mur de quai au droit du quai Saint Brice, pour permettre un élargissement de l’Escaut, à construire un nouveau mur de quai sur 200 mètres au droit du pont-à-Ponts, à remplacer cet ouvrage par un nouveau de structure métallique de même longueur et largeur, mais au tablier moins épais, avec une hauteur libre de 7 mètres. Les espaces publics sur les quais ont été complètement rénovés pour permettre aux habitants de renouer avec l’Escaut et ses berges dans les meilleures conditions possibles tout en permettant le passage des bateaux de 2000 tonnes en toute sécurité. Cet élargissement signifie la disparition de l’un des derniers goulets d’étranglement sur les 450 km de voies navigables wallonnes.
Le chantier a été conduit en plein cœur de la ville, en zone urbaine dense, avec des habitations et riverains très proches des travaux, les nuisances ont été réduites le plus que possible. Il a été conçu en respectant un équilibre entre les besoins de la profession fluviale et les aménagements urbains. Il n’y a eu aucune interruption de la navigation. La totalité des 14 000 tonnes de déblais a été évacuée par la voie fluviale, celle-ci a aussi été utilisée pour amener les éléments du nouveau pont.
Le chantier a mobilisé 500 personnes dont 300 ouvriers ; trois d’entre eux sont morts pendant les travaux, l’inauguration a été l’occasion de saluer leur mémoire.
« Ce chantier est une prouesse d’un point de vue technique et technologique, a indiqué le bourgmestre de la ville de Tournai, Paul-Olivier Delannois. Il était indispensable pour que Tournai ne soit pas mis de côté par la navigation fluviale. L’Escaut à Tournai est désormais adapté aux unités d’aujourd’hui avec la disparition de ce goulet d’étranglement. Notre volonté est voir s’intensifier le transport fluvial, une fois l’intégralité du chantier de modernisation achevée ».
Philippe Henry, vice-président du gouvernement wallon et ministre du climat, de l’énergie et de la mobilité, a rappelé que 41 millions de tonnes avaient circulé sur les 450 km de voies navigables wallonnes en 2018 ainsi que la volonté de développer le report modal, soulignant l’intérêt économique du transport fluvial, ses atouts en termes de respect de l’environnement, de sécurité/sûreté, d’absence de congestion, ou encore de coûts externes.
Le pont des Trous en ligne de mire
La première phase du chantier de modernisation de la traversée de Tournai étant achevée, il en reste trois autres à accomplir.
La deuxième phase du chantier prévoit le réaménagement complet, rive gauche, des quais non encore rénovés (Taille-Pierres et Poissonsceaux), depuis le pont-à-Ponts jusqu’au pont Devallée, en amont. Cette étape comprend l’intégration d’un môle et d’une halte nautique évolutive (stationnement journalier de bateaux pouvant être alimentés en eau et électricité), implantée à hauteur du quai Taille-Pierres. Pas d’élargissement prévu, la passe navigable est assez large pour intégrer ces aménagements et la navigation des bateaux de 2000 tonnes. Les travaux de cette deuxième phase ont commencé en 2018 et doivent s’achever à la fin 2020.
La troisième phase de ce chantier prévoit la refonte complète, en rive droite, des quais non encore aménagés. Il s’agit des quais Vifquin et du Luchet d’Antoing, depuis le pont-à-Ponts jusqu’au pont Devallée. Ces travaux de voirie ont pour objectif d’améliorer l’agrément des lieux et la sécurité des différents usagers. Ils ont commencé en 2018 et doivent être finalisés à l’été 2020.
La quatrième et dernière phase de la modernisation de la traversée de Tournai par l’Escaut concerne le remplacement des arches du pont des Trous ainsi que le réaménagement des quais voisins (Casterman, Sakharov et des Vicinaux) et du pont Delwart. Sous le pont des Trous, il s’agit de permettre le passage des péniches de classe Va (2000 tonnes).
Les plans de reconstruction de la partie centrale du pont des Trous ont été finalisés durant l’été 2019. Le marché de travaux a été lancé en septembre 2019 et attribué pour démarrage du chantier de reconstruction au printemps 2020. L’aménagement des abords, ainsi que la restauration des tours, a été entamée tout début 2020.
« La fin des travaux de la première phase d’aménagement de l’Escaut à Tournai s’inscrit dans la perspective du grand projet de liaison Seine-Escaut, qui est le plus important du corridor mer du Nord-Méditerranée dont je suis le coordinateur. Il s’agit d’un projet transfrontalier majeur pour le développement des voies navigables européennes qui va relier les bassins de la Seine et de l’Escaut. C’est un projet prioritaire du RTE-T ainsi que pour la Wallonie, la Flandre et la France qui se sont engagés à le réaliser d’ici 2030 », a déclaré Peter Balazs, coordinateur européen du corridor mer du Nord-Méditerranée, le 31 janvier 2020 à Tournai.
« L’engagement financier de l’Union européenne pour Seine-Escaut est là depuis 2005, 731 millions d’euros au total dont 7 millions d’euros en Wallonie. La plus grande part du financement va à la réalisation du canal Seine-Nord qui va être construit en France. Le soutien de l’Union européenne est aussi politique, pour faciliter la coordination transfrontalière, par exemple ».
Il a rappelé la signature de l’Acte d’exécution en juillet 2019 qui garantit à long terme le financement, le planning de réalisation et les engagements des parties concernées par le projet.
« Les transports sont des émetteurs majeurs de gaz à effet de serre. La transition énergétique est un objectif central de l’Union européenne et guide toutes ses politiques. C’est le sens du Green Deal, récemment présenté et adopté. Et dans ce cadre, la navigation intérieure a un rôle majeur à jouer pour que le report modal se développe sur longue distance. C’est le sens de la réalisation de Seine-Escaut », a conclu Peter Balazs.