Smart Rivers : ports et corridors, en hommage à Claude Gressier

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Compte-rendu du congrès Smart Rivers qui a eu lieu à Lyon du 30 septembre au 3 octobre 2019, organisé par la section française de l’AIPCN avec Voies navigables de France (VNF), la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et le Cerema. L’après-midi du 30 septembre a été consacré à un séminaire en hommage à Claude Gressier, l’occasion de parler ports et corridors, en mode « Smart ».

Le congrès Smart Rivers a débuté le 30 septembre 2019 au centre des congrès de Lyon avec un après-midi d’hommage à Claude Gressier, décédé début 2018, et qui a été le premier délégué de la France à l’AIPCN. Cet hommage a pris la forme d’un séminaire intitulé « transport maritime, ports, logistique et corridors de fret européen ». Son épouse était présente lors de cet hommage en forme d’évocation de la carrière de son époux par Jean-Marc Medio, ancien président de la section française de l’AIPCN, et par René Genevois, ingénieur des ponts et chaussées, qui a aussi occupé de nombreuses responsabilités « dans l’univers des eaux fluviales et maritimes ».

Jean-Marc Medio se souvient de 12 années « très enrichissantes » passées aux côtés de Claude Gressier dont les qualités principales étaient « la simplicité, la disponibilité, le sens de l’écoute, le bon sens dans les propositions. Il reste présent dans nos réunions et dans nos cœurs ». Il a évoqué le lancement des Journées méditerranéennes, dont la septième édition a eu lieu à Séville en 2018, les difficultés récurrentes pour obtenir un soutien financier de la part de l’Etat à la section française de l’AIPCN, l’obtention de l’élection de Geoffroy Caude comme président de l’AIPCN, grâce au lobbying de Claude Gressier.

René Genevois a mis en avant le rôle de Claude Gressier dans la réforme portuaire de 2008 et qui a été le président du conseil de coordination interportuaire de la Seine. « A cette fonction, il a réussi à faire prendre conscience de la nécessité d’avoir un ensemble harmonieux sur l’axe Seine, en respectant l’identité de chaque place portuaire. Il est parvenu à faire travailler les trois ports dans une logique d’axe et participé à la création du GIE Haropa ».

Focus sur le système portuaire espagnol

Le séminaire s’est poursuivi par une présentation du système portuaire espagnol par Manuel Arana Burgo de Puerto del Estado, agence gouvernementale dépendante du ministère des travaux publics et chargé de la mise en œuvre de la politique portuaire définie par le gouvernement.

Le système portuaire espagnol, qui appartient à l'État, comprend 46 ports d'intérêt général, gérés par 28 autorités portuaires, dont la coordination et le contrôle de l'efficacité relève de Puertos del Estado, depuis sa création en 1993. Ces ports d’intérêt général ont été définis selon cinq critères : avoir des activités d’import-export maritimes à l’international, un hinterland au-delà de la région où ils sont implantés, servir des industries d'importance stratégique, être des sites importants pour la sûreté et la sécurité du transport maritime du pays en raison de conditions techniques ou géographiques particulières, répondre à des besoins essentiels liés à l'activité économique générale du pays.

« En Espagne, les chiffres confirment l’importance des ports d’intérêt général en tant que maillons des chaînes logistiques et de transport », a assuré Manuel Arana Burgo. Ces ports traitent près de 60 % des exportations et 85 % des importations, qui représentent 53 % du commerce extérieur espagnol avec l’Union européenne et 96 % avec les pays tiers. L'activité du système portuaire de l'État contribue pour près de 20 % au PIB du secteur des transports, soit 1,1 % du PIB espagnol. Il représente près de 100 000 emplois directs et environ 175 000 emplois indirects.

Les régions sont aussi parties prenantes dans les ports d’intérêt général, par la nomination du président et d’autres membres de la direction de l’autorité portuaire. Les principales missions de l’autorité portuaire sont de fournir des terrains et des infrastructures, de réguler les services portuaires « qui sont exploités et financés par des entreprises privées, la fourniture de services est entièrement libéralisée », a précisé Manuel Arana Burgo.

Chaque autorité portuaire est autonome dans sa gestion économique et financière : « Le système portuaire est autofinancé et indépendant du budget de l'État. Les investissements sont financés par des redevances appliquées aux utilisateurs ». Pour Manuel Arana Burgo, les ports espagnols doivent faire face à 4 défis à l’avenir : efficacité, durabilité, sécurité/sûreté, numérisation.

Haropa, Smart Port et Smart Corridor

Cédric Virciglio, responsable des affaires européennes et internationales d’Haropa, a présenté les trois ports de l’axe Seine, deux maritimes et un intérieur, réuni au sein d’un GIE depuis 2012. « Une préfiguration est en cours pour préparer l’intégration des trois ports de l’axe Seine en un établissement portuaire unique d’ici décembre 2020 ».

Pour lui, « la compétitivité des ports se joue au niveau réglementaire et législatif, des technologies, et des hommes au service des cités portuaires, c’est le Smart Port ». Il y a deux axes de développement prioritaires : la performance logistique, c’est-à-dire les meilleurs services pour les clients en alliant compétitivité et qualité, l’intégration environnementale et urbaine. Haropa conduit une ambition « résolument Smart Corridor » qui repose sur quatre défis : recourir aux technologies de pointe pour fluidifier le passage de la marchandises, créer un port intelligent et durable au service des clients, devenir incubateur d’innovation collective, développer un nouveau modèle de territoire urbain et industrialo-portuaire intégré.

Interrogé sur la position d’Haropa par rapport au projet de canal Seine-Nord Europe, Cédric Virciglio a indiqué : « Vu du Havre, c’est compliqué, vu de Rouen, c’est moins compliqué, vu de Paris, c’est une opportunité. Le projet bénéficie du soutien de l’Union européenne. Haropa ne peut pas faire comme si le canal n’allait pas arriver. Il faut créer les opportunités pour en profiter ». Une réponse qui a suscité une intervention de Didier Léandri, président délégué général du Comité des armateurs fluviaux : « Le projet Seine-Nord Europe n’est pas un débat. Le projet Haropa doit se bâtir en tenant compte de la réalisation de Seine-Escaut. L’Acte d’exécution de l’Union européenne fournit un phasage, un calendrier pour cette liaison, y compris pour les tronçons adjacents en France ».

Seine-Escaut, le projet principal du corridor mer du Nord-Méditerranée

Une table-ronde intitulée « corridor et pénétration de l’hinterland » a donné la parole à Péter Balázs, coordinateur du corridor européen mer du Nord-Méditerranée, qui a souligné : « Seine-Escaut est le projet principal de ce corridor. Il vise à connecter le Nord de la France et la Belgique, Flandre et Wallonie, en mettant en place une relation directe entre la Seine et l’Escaut et avec les autres voies navigables qui leur sont rattachées dans les deux pays ». Il a rappelé la dernière décision de l’Union européenne pour ce projet, soit un Acte d’exécution (voir notre article) qui définit un calendrier et un financement de long terme mais aussi « un co-financement élevé ». Il a souligné l’importance de la loi d’orientation des mobilités qui prévoit que l’Union européenne devienne un membre à part entière au conseil de surveillance de la Société de projet. Peter Balazs a aussi indiqué avoir rencontré Jean-Christophe Baudouin : « Nous allons échanger des informations sur nos actions respectives, notamment sur l’hinterland et la desserte des ports comme le grand port maritime de Marseille. Sur le corridor mer du Nord-Méditerranée, il y a des améliorations à apporter concernant les connexions avec les régions centrales de la France ou vers la Suisse ».

Pour Didier Léandri, « la notion de corridor fait référence à une infrastructure physique et visible, c’est un apport essentiel pour le monde fluvial. Mais au-delà des infrastructures physiques, il y a la question des systèmes d’information. Et les corridors répondent à ces deux aspects ».

Pour Jean-Bernard Kovarik, président du comité scientifique du congrès Smart Rivers et directeur adjoint de l’Ifsttar : « Qu’est ce que cela veut dire Smart ? C’est de l’intelligence, de l’élégance, de la subtilité. C’est être connecté, un bouillonnement d’activités ». Et il a conclu en rappelant que Claude Gressier avait mené ses responsabilités tout au long de sa carrière avec un objectif en tête : « Penser ensemble pour agir et travailler pour le bien commun ». Une préoccupation qui peut se décliner à l’infini et éclairer l’avenir dans bien des circonstances.

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