« Nous sommes combatifs mais inquiets sur les perspectives »

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L’assemblée générale d’Entreprises fluviales de France (E2F), le 8 octobre 2020 à Paris, a été l’occasion de dresser un bilan des activités au cours des derniers mois et de tracer les perspectives pour l’avenir d’un point de vue économique, en matière de transition énergétique, dans le contexte du plan de relance. L’assemblée générale d’Entreprises fluviales de France (E2F) le 8 octobre 2020 à Paris s’est tenue presque un an après la création de cette nouvelle organisation représentative du fluvial et de toutes les activités qui le composent, soit les artisans, les armateurs, les passagers. « Un bilan peut-être tiré : c’est une dynamique enclenchée avec succès grâce aux professionnels. Au début, c’était un pari sur un effet de groupe permettant d’appuyer le développement de cette nouvelle organisation représentative. De plus en plus d’entreprises rejoignent E2F, les artisans, les armateurs, celles du tourisme. La crise a été un catalyseur. Il y a une adhésion spontanée à la démarche, on vient nous voir. Mais le processus est long, 100 % des entreprises ne sont pas encore adhérentes. On ne souhaite d’ailleurs pas forcément être l’unique représentation de la filière. Nous attachons extrêmement d’importance à l’effet réseau. Il faut se regrouper mais apprendre aussi à travailler en réseau tous ensemble, y compris avec le ferroviaire, les ports, etc. La culture E2F n’est pas exclusive même si elle est forcément un peu inclusive », a indiqué Didier Léandri, président délégué général d’E2F lors de la cérémonie de clôture de l’assemblée générale.

Deux actions du gouvernement

Lors de cet événement, un échange a été organisé avec Nicolas Trift, sous-directeur des ports et du transport fluvial, au ministère de la transition énergétique et solidaire, qui a rappelé le rôle essentiel joué par le transport fluvial pendant la période de confinement. Pour lui, « le rassemblement engagé doit inscrire le transport fluvial dans les chaines logistiques et intermodales ».

Didier Léandri a salué l’accompagnement de l’Etat : « Peu de nos entreprises, particulièrement dans le tourisme, n’auraient pu passer le cap sans les dispositifs de soutien qu’on souhaite voir continuer. La situation économique est, objectivement, très préoccupante dans le tourisme comme le montre l’enquête que nous avons réalisé (voir article). La clientèle étrangère n’est pas là, les Français ne sont pas au rendez-vous pour des activités fluviales de loisirs. Nous sommes combatifs mais inquiets sur les perspectives.

Pour le fret, la situation est différente, l’activité a été maintenue pendant le confinement, toute la filière s’est mobilisée. La baisse des trafics a été de 30 % pendant la période de confinement. Nous sommes en train de rattraper le niveau d’activité et, si cela se maintient, pour l’activité fret, 2020 sera sensiblement comparable à 2019 si on exclut les mois du confinement ».

Pour Nicolas Trift, notamment deux actions du gouvernement concernent le secteur fluvial. La première vise les entreprises, plus particulièrement celles du tourisme fluvial. « L’enjeu a été de faire en sorte que le tourisme fluvial soit inscrit dans le plan de relance de la filière tourisme et cela a été fait lors du comité interministériel du tourisme de mi-mai 2020. Les entreprises du tourisme fluvial bénéficient de toutes les mesures d’aides et de soutien : activité partielle, fonds de solidarité, exonération de cotisations sociales pour les PME/TPE, extension du PGE, allégement des taxes de séjour et CFE. L’objectif est de permettre de passer le cap de la basse saison ».

La deuxième action se trouve dans le plan de relance présenté début septembre 2020 avec 175 millions d’euros pour la régénération des infrastructures fluviales en 2021 et autant en 2022, sans oublier le volet portuaire/report modal.

Sur le plan de relance, Didier Léandri a relevé que pour E2F, il apporte quelques satisfactions avec « une hausse du budget d’investissement de VNF sur les deux prochaines années. Mais au-delà qu’en sera t-il ? Notre point de référence, c’est le COI qui indiquait un montant nécessaire de 240 millions d’euros sur 10 ans » (voir article).

Trois marchés préoccupants

En termes de perspectives, pour Didier Léandri, il y a trois marchés « préoccupants ». Le premier est le vrac avec les céréales et une récolte annoncée comme plutôt mauvaise (voir article). Cela signifie une chute de ce trafic très important notamment pour les artisans « dans un contexte de crise où les relais économiques possibles ne seront pas forcément là ».

Le deuxième est les conteneurs : « Le modèle économique n’est pas stabilisé. La situation est critique sur le Rhône, plus stable sur la Seine mais le trafic maritime de conteneurs est en recul ».

Le troisième marché est celui du tourisme : « Il est impératif d’éviter les faillites d’entreprises. Nous avons besoin de mesures de soutien. Ici, l’activité partielle est vitale, tout comme l’exonération des loyers publics à Paris, à Bordeaux… Car c’est une charge d’exploitation considérable. Nous demandons aussi un fond d’indemnisation fléché pour le fluvial, y compris pour le fret, car certaines entreprises n’ont pas quitté le quai ».

ECV toujours en ligne de mire

Interrogé sur le « verdissement » du fluvial, Nicolas Trift a souligné que c’était « un enjeu majeur » et indiqué que le gouvernement travaillait pour faire en sorte que le fluvial soit éligibles à toutes les mesures prises pour favoriser le développement de l’hydrogène. Il a cité également l’exonération de la TICPE à partir du 1 janvier 2021, « étendue aux passagers », le sur-amortissement « pour les équipements verts ».

Pour Didier Léandri, « L’impératif du verdissement est là et sera toujours là après la crise », indiquant toutefois : « Pour le développement durable et la transition énergétique, nous sommes en mode « pause » car la trésorerie des entreprises est au plus bas. Le fluvial peut être un laboratoire d’innovation et de verdissement car sa taille est réduite, les acteurs se connaissent et il y a une cohérence territoriale ».

L’ECV fluvial est toujours en ligne de mire auquel il s’ajoute des travaux pour le lancement d’engagements volontaires d’entreprises en lien avec l’Ademe sur le modèle de ce qui fait pour celles du transport routier (objectif CO2/EVE).

En conclusion de l’échange, Didier Léandri a rappelé que l’une des missions de l’Etat est « la régulation ». Si la concurrence est libre, « elle est faussée » dans les ports avec la rupture de charge qui pèse sur les acteurs du fluvial. Il y a aussi « la concurrence routière à bas coûts et même en interne au fluvial sur les bassins ouverts à l’international ».

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