Deux actions du gouvernement
Lors de cet événement, un échange a été organisé avec Nicolas Trift, sous-directeur des ports et du transport fluvial, au ministère de la transition énergétique et solidaire, qui a rappelé le rôle essentiel joué par le transport fluvial pendant la période de confinement. Pour lui, « le rassemblement engagé doit inscrire le transport fluvial dans les chaines logistiques et intermodales ».
Didier Léandri a salué l’accompagnement de l’Etat : « Peu de nos entreprises, particulièrement dans le tourisme, n’auraient pu passer le cap sans les dispositifs de soutien qu’on souhaite voir continuer. La situation économique est, objectivement, très préoccupante dans le tourisme comme le montre l’enquête que nous avons réalisé (voir article). La clientèle étrangère n’est pas là, les Français ne sont pas au rendez-vous pour des activités fluviales de loisirs. Nous sommes combatifs mais inquiets sur les perspectives.
Pour le fret, la situation est différente, l’activité a été maintenue pendant le confinement, toute la filière s’est mobilisée. La baisse des trafics a été de 30 % pendant la période de confinement. Nous sommes en train de rattraper le niveau d’activité et, si cela se maintient, pour l’activité fret, 2020 sera sensiblement comparable à 2019 si on exclut les mois du confinement ».
Pour Nicolas Trift, notamment deux actions du gouvernement concernent le secteur fluvial. La première vise les entreprises, plus particulièrement celles du tourisme fluvial. « L’enjeu a été de faire en sorte que le tourisme fluvial soit inscrit dans le plan de relance de la filière tourisme et cela a été fait lors du comité interministériel du tourisme de mi-mai 2020. Les entreprises du tourisme fluvial bénéficient de toutes les mesures d’aides et de soutien : activité partielle, fonds de solidarité, exonération de cotisations sociales pour les PME/TPE, extension du PGE, allégement des taxes de séjour et CFE. L’objectif est de permettre de passer le cap de la basse saison ».
La deuxième action se trouve dans le plan de relance présenté début septembre 2020 avec 175 millions d’euros pour la régénération des infrastructures fluviales en 2021 et autant en 2022, sans oublier le volet portuaire/report modal.
Sur le plan de relance, Didier Léandri a relevé que pour E2F, il apporte quelques satisfactions avec « une hausse du budget d’investissement de VNF sur les deux prochaines années. Mais au-delà qu’en sera t-il ? Notre point de référence, c’est le COI qui indiquait un montant nécessaire de 240 millions d’euros sur 10 ans » (voir article).
Trois marchés préoccupants
En termes de perspectives, pour Didier Léandri, il y a trois marchés « préoccupants ». Le premier est le vrac avec les céréales et une récolte annoncée comme plutôt mauvaise (voir article). Cela signifie une chute de ce trafic très important notamment pour les artisans « dans un contexte de crise où les relais économiques possibles ne seront pas forcément là ».
Le deuxième est les conteneurs : « Le modèle économique n’est pas stabilisé. La situation est critique sur le Rhône, plus stable sur la Seine mais le trafic maritime de conteneurs est en recul ».
Le troisième marché est celui du tourisme : « Il est impératif d’éviter les faillites d’entreprises. Nous avons besoin de mesures de soutien. Ici, l’activité partielle est vitale, tout comme l’exonération des loyers publics à Paris, à Bordeaux… Car c’est une charge d’exploitation considérable. Nous demandons aussi un fond d’indemnisation fléché pour le fluvial, y compris pour le fret, car certaines entreprises n’ont pas quitté le quai ».
ECV toujours en ligne de mire
Interrogé sur le « verdissement » du fluvial, Nicolas Trift a souligné que c’était « un enjeu majeur » et indiqué que le gouvernement travaillait pour faire en sorte que le fluvial soit éligibles à toutes les mesures prises pour favoriser le développement de l’hydrogène. Il a cité également l’exonération de la TICPE à partir du 1 janvier 2021, « étendue aux passagers », le sur-amortissement « pour les équipements verts ».
Pour Didier Léandri, « L’impératif du verdissement est là et sera toujours là après la crise », indiquant toutefois : « Pour le développement durable et la transition énergétique, nous sommes en mode « pause » car la trésorerie des entreprises est au plus bas. Le fluvial peut être un laboratoire d’innovation et de verdissement car sa taille est réduite, les acteurs se connaissent et il y a une cohérence territoriale ».
L’ECV fluvial est toujours en ligne de mire auquel il s’ajoute des travaux pour le lancement d’engagements volontaires d’entreprises en lien avec l’Ademe sur le modèle de ce qui fait pour celles du transport routier (objectif CO2/EVE).
En conclusion de l’échange, Didier Léandri a rappelé que l’une des missions de l’Etat est « la régulation ». Si la concurrence est libre, « elle est faussée » dans les ports avec la rupture de charge qui pèse sur les acteurs du fluvial. Il y a aussi « la concurrence routière à bas coûts et même en interne au fluvial sur les bassins ouverts à l’international ».