Suite à la publication du bilan annuel de France Chimie mi-avril 2020 (voir encadré), Christian Rose, responsable transport et logistique de cette organisation professionnelle, a fait le point pour NPI concernant les suites de l’étude sur la faisabilité du transport de produits chimiques par la voie d’eau sur les bassins Rhône-Saône-Méditerranée dont la restitution a eu lieu en mai 2019 à Lyon.
« Cette étude, menée en partenariat par France Chimie avec Voies navigables de France (VNF), la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et le Grand Port maritime de Marseille (GPMM), avait pour objectif de dresser un bilan du potentiel de report modal des flux d’une vingtaine d’industriels de la route vers le fluvial. Un deuxième objectif a été de fournir une vision plus large du potentiel, estimé entre 400 000 et 450 000 tonnes pour des flux conteneurisés et 180 000 à 200 000 tonnes pour des flux continentaux », a rappelé Christian Rose (voir notre article).
Le plan d’action suite à l’étude comprend trois volets : promotion, voire démystification, du fluvial auprès des industriels qui pourraient estimer sa logistique plus complexe que celle d’autres modes ; définition des leviers pour le développement des atouts du fluvial ; concrétisation du report modal de la vingtaine d’industriels qui ont participé à l’étude.
« Plusieurs réunions ont eu lieu à partir de septembre 2019 pour continuer à avancer, explique Christian Rose. Mais nous avons joué de malchance, il y a eu les grèves portuaires en décembre puis en janvier, ce qui a entraîné un manque de disponibilité des entreprises par rapport au projet de report modal. En février 2020, il y a eu l’accident du Pampero à l’écluse de Sablon et l’arrêt de la navigation sur le Rhône. Depuis mars, c'est la crise sanitaire du Covid-19. » Le responsable ajoute que France Chimie avait aussi prévu des actions de promotion lors de la Semaine internationale du transport et de la logistique (SITL) qui n’a pas eu lieu en mars 2020. « D’un point de vue davantage transversal, nous regrettons également le délai pris pour le lancement d’une interprofession fluviale. »
Présenter Medlink Safe, les Parm et Pami de VNF
France Chimie entend toutefois bien poursuivre les travaux engagés suite à l’étude. Le volet promotion, qui vise à (ré)expliquer l’intérêt du fluvial, ses avantages et ses contraintes, avait été prévu sous la forme de deux ateliers, l’un pour présenter le dispositif Medlink Safe, l’autre pour détailler les Parm (plan d’aide au report modal) et Pami (plan d’aide à la modernisation et à l’innovation de la flotte) de VNF. Ces deux ateliers, qui n’ont pas pu avoir lieu, seront reprogrammés dès que possible.
L’association professionnelle veille aussi à toutes les décisions qui peuvent aller dans le sens de l’amélioration des atouts concurrentiels du fluvial, par exemple, sur le GNR ou la TICPE.
Concernant le travail pour concrétiser le report modal des industriels qui ont participé à l’étude, il est prévu que des experts de VNF, de la CNR et du GPMM se présentent auprès d’eux. Ils travailleront dans le cadre d’une lettre de mission de France Chimie. Les rendez-vous commenceront, là aussi, dès que possible. « L’ambition demeure de transformer les études de cas en réalisation concrète, précise Christian Rose, même si le contexte de la reprise économique pourrait poser des difficultés à certaines entreprises qui ne seront peut-être pas immédiatement disponibles pour envisager un report modal. »
Toutefois, la crise sanitaire met aussi en avant l’importance du transport et de la logistique, et des réflexions autour de plans de relance sont envisagées sur un temps long. Dans ce contexte, l’étude et le plan d’action de France Chimie peuvent aider à avoir une vision globale de la logistique au sein de laquelle tous les transports, fluvial, ferroviaire, routier, peuvent avoir un rôle déterminant lors de la reprise.
Selon un bilan annuel publié par France Chimie mi-avril 2020, « dans un contexte de croissance ralentie, le secteur de la chimie en France a fait preuve de résilience par rapport à ses voisins européens avec une croissance de +0,7 % contre un repli de -1,1 % en moyenne dans l’Union européenne et -3,1 % en Allemagne ».
La croissance de la chimie française a été tirée par son dynamisme à l’export. La chimie est le deuxième secteur exportateur français derrière l’aéronautique. Au niveau sectoriel, les performances des savons, parfums, produits d’entretien (+4,6 %) et celui de la chimie fine pharmaceutique (+5,7 %) ont particulièrement contribué à l’essor du secteur. Les productions de la chimie organique et de spécialités ont été orientées à la baisse en 2019 (respectivement -0,6 % et -0,1 %) et celle de la chimie minérale a significativement diminué (-6,6 %).
« Les prévisions pour 2020 sont suspendues, compte tenu de la situation très exceptionnelle auquel l’ensemble des économies est confronté », précise France Chimie. Toutefois, la chimie fait partie des secteurs qui ont poursuivi une activité assez importante depuis le début de la crise sanitaire, autour de 70 à 80 %, pour continuer de produire des produits essentiels, fournissant, par exemple, des principes actifs et des équipements pour la santé, les solutions indispensables pour assurer la sécurité alimentaire (biocides, emballages), des produits d’hygiène (pour le corps, gels hydro-alcooliques, papiers), des molécules nécessaires au traitement de l’eau et à l’approvisionnement en énergie, et les revêtements chimiques.