En 2003, Aelterman a fait le choix stratégique de s’installer au Kluizendok, en plein cœur du port de Gand et en bordure du canal maritime vers Terneuzen. « C’était pour nous une question de vie ou de mort. Nous opérons sur un marché où, pour rester compétitif, il était devenu essentiel de pouvoir transporter de grandes constructions métalliques en une seule pièce par la voie navigable en rencontrant le moins possible de limitations. Il suffit d’un pont trop bas ou d’une écluse trop petite pour restreindre la compétitivité d’une entreprise comme la nôtre. Les temps ont changé et ce qui, hier, était possible par la route, ne l’est plus nécessairement aujourd’hui », explique Jean-Pierre Aelterman, le dirigeant de l’entreprise.
Le choix fait en 2003 s’est révélé très porteur pour Aelterman, qui est parvenu à fortement développer son activité. Parmi les réalisations les plus récentes figurent le nouveau pont installé à Harelbeke dans le cadre du réaménagement de la traversée de la Lys, et la nouvelle paire de ponts sur la Kieldrechtsluis, la grande écluse maritime dans la zone portuaire de la rive gauche de l’Escaut à Anvers. Ces deux ponts mobiles, d’un poids unitaire de 1 500 tonnes, longs de 100 m, larges de 15 m et hauts de 21 m ont été directement acheminés depuis le quai d’Aelterman vers le site d’installation à Anvers. Leur chargement sur ponton à Gand s’est effectué en mode Ro/Ro.
L’implantation portuaire permet aussi à Aelterman d’agrandir son rayon d’action. Le constructeur métallique belge espère bien pouvoir participer à la réalisation du projet Seine-Escaut côté français et au vaste programme de modernisation du réseau ferroviaire allemand d’ici 2030 qui comprend le remplacement de 2 000 ponts.
Des innovations
« Nous ne sommes pas à proprement parler un opérateur fluvial, mais nous utilisons souvent la voie navigable. Dans les solutions complexes que nous développons pour le transport de projets et de colis exceptionnels, l’eau est un élément qui nous offre de nombreuses possibilités », déclare Jan Willems, manager maritime activities du groupe belge Sarens.
Avec 4 900 salariés répartis aux quatre coins de la planète, Sarens est un acteur mondial dans son secteur. Le groupe l’affirme avec force dans son slogan Nothing too heavy, nothing too high. Pour des projets de colis lourds, Sarens dispose de systèmes de transport et engins de levage en tous genres, dont des grues géantes parmi les plus grandes en service, aligne un matériel qui lui permet de mener à bien des opérations extrêmement exigeantes.
Ce matériel a souvent été développé en interne. C’est notamment le cas pour les pontons, tous hauturiers mais qui servent tout aussi souvent dans un contexte fluvial. Parmi eux figurent des twin barges de 52 m sur 9,5 m, capables d’opérer indépendamment, mais qui peuvent être combinées pour offrir une plus grande plate-forme (52 mx19 m) pour le transport et l’installation de structures. Le principe de la modularité est poussé encore plus loin avec les modular barges, sorte de caissons flottants qui existent en deux longueurs (12 et 6 m) et peuvent être assemblés comme des pièces de Lego pour composer des plates-formes ou pontons correspondant aux besoins d’un chantier donné. Comme ils sont transportables sur camions, ils peuvent être facilement acheminés vers des sites autrement inaccessibles pour la navigation intérieure.
Ces matériels ont déjà servi en France. Un tandem de twin barges a contribué récemment à l’installation d’une nouvelle passerelle sur la Seine à Puteaux.