À la suite d’une visioconférence sur les conséquences de la crise sanitaire organisée le 3 avril 2020, le port d’Anvers a répondu à plusieurs questions concernant plus particulièrement la situation dans la navigation intérieure. Il en ressort, tout d’abord, que le port n’avait connaissance d’aucun cas confirmé de Covid-19 dans la batellerie, au moins jusqu’à la date du 6 avril.
Le port belge traite en moyenne quelque 1 100 barges par semaine. En 2019, plus de 56 000 unités fluviales sont venues charger ou décharger dans le deuxième port d’Europe (voir notre article).
Pas de variante « fluviale » de la maritime déclaration of health
Les règles de confinement et les précautions à prendre en compte lors de contacts (mesures barrière et distanciation sociale) s’appliquent à la navigation intérieure. Les autorités portuaires soulignent que « le risque de contamination est intrinsèquement peu élevé », parce que les bateaux et unités fluviales « sont, par la nature de leur activité, isolés du reste du monde ».
« Les opérateurs de barge doivent consulter un médecin dès qu’ils soupçonnent qu’un cas de Covid-19 pourrait se produire. Ils doivent également en informer la capitainerie du port qui – en concertation avec le ministère fédéral de la Santé – prendra toutes les précautions qui s’imposent et assurera le suivi avec la barge. »
Le port ajoute qu’au niveau international, il n’existe pas de variante « fluviale » de la Maritime Declaration of Health (MDH) qui est de rigueur pour les navires de mer qui font escale dans les ports belges et néerlandais de l’estuaire de l’Escaut, y compris les ports côtiers de Zeebrugge, Ostende et Nieuport.
Le port n’a pas apporté d’éléments complémentaires sur la directive « en cours d’élaboration spécifiquement pour les opérateurs de barge » dont il a été fait mention dans un communiqué publié à l’issue de la réunion du 2 avril 2020 de son groupe de travail (taskforce) Covid-19 (voir notre article). Celle-ci doit apparemment émaner des instances européennes.
37 escales de porte-conteneurs annulées pour les semaines à venir
Luc Arnouts, vice-président en charge des relations internationales et des réseaux du port d’Anvers, a confirmé que la crise sanitaire n’a pas encore eu d’effet particulier sur les trafics au premier trimestre. « Les volumes sont même en très légère hausse à la fin mars. » Les répercussions se feront immanquablement sentir au deuxième trimestre, a-t-il ajouté. Sur la liaison avec l’Asie, par exemple, 37 escales de porte-conteneurs géants ont déjà été annulées pour les semaines à venir. Ces navires mettent près de six semaines pour faire le trajet de la Chine vers l’Europe.
Luc Arnouts s’est refusé à chiffrer les conséquences de ces annulations mais il a estimé que la chute de 15 % enregistrée en 2009 après la crise financière et bancaire pouvait constituer une indication de ce à quoi il faut s’attendre. Tout dépendra, aussi, de la vitesse à laquelle les échanges se rétabliront lors du retour à la normale. Un tel tassement du trafic maritime ne sera évidemment pas sans conséquence pour le trafic fluvial.
Luc Arnouts a déclaré que le Covid-19 soulève des questions fondamentales pour l’avenir, compte tenu notamment que « la foi inconditionnelle dans la poursuite de la globalisation est remise en cause ». Il n’exclut pas qu’apparaîtront des chaînes logistiques « plus complexes » car combinant des flux internationaux avec un approvisionnement plus local pour les rendre moins vulnérables à des secousses similaires à celle du Covid-19.