Alors que les milieux financiers soupçonnaient depuis un temps l’État sud-coréen de chercher un acquéreur pour son fleuron national HMM, le ministère des Océans et de la Pêche a confirmé fin novembre qu’il espérait trouver un candidat pour le huitième transporteur maritime mondial de conteneurs, dont la capacité approche désormais le million d’EVP (985 000 EVP, carnet de commandes inclus, selon Alphaliner). Les autorités évoquent « une vente à grande échelle ainsi que la conversion des obligations en actions » d’ici la fin du premier trimestre de 2022, mais l’exécutif ne devrait pas totalement se désengager. Si le schéma des précédentes transactions est appliqué, l’acquéreur pourrait être l’un des grands conglomérats sud-coréens. Un appel d’offres international ne figure en tout cas pas dans les intentions de l’exécutif, a-t-il précisé.
Sauvée des eaux
Héritière de Hyundai Merchant Marine, que l’État avait reprise en 2016 pour la sauver de la faillite, HMM fait partie des grandes compagnies largement subventionnées. Il y a encore peu de temps, en juin 2020, la Corée du Sud annonçait qu’elle allait abonder le secteur maritime à hauteur de 1 Md$, dont 591 M$ en faveur de la seule compagnie nationale. La banque publique Korea Development Bank (KDB), le principal actionnaire de HMM, devait alors rembourser la dette (380 M$) arrivant à échéance. Elle avait déjà injecté 1,7 Md$ en 2017 et 850 M$ en 2018, qui ont notamment permis à la compagnie de passer commande de 12 grandes unités qu’elle a fini de réceptionner en septembre 2020. Depuis 2016, selon Alphaliner, la KDB et la banque publique Korea Ocean Business Corp. (KOBC) ont injecté plus de 3 280 milliards de wons (2,4 Md$) par émission de titres de créance. À eux deux, ils détiendraient actuellement plus de 40 % des actions de la compagnie maritime, en plus d’obligations convertibles.
HMM a engrangé 3,9 Md$ de bénéfices avant charges, intérêts et impôts sur les neuf premiers mois de l’année.
PIL rembourse ses créanciers avant la date prévue
Après une longue traversée du désert pour assurer sa survie, la compagnie singapourienne a recouvré la santé. Elle en a fait la démonstration ces dernières semaines: reconstitution de sa flotte, lancement de nouveaux services… alors qu’elle avait souscrit à l’austérité budgétaire pendant de longs mois pour faire face à ses dettes. La bonne conjoncture a permis à l’entreprise de finaliser la restructuration de sa dette de 1 Md$ dès 2021, soit bien avant le terme prévu. En reconnaissance de dette auprès des créanciers qui ont accepté de la réduire de 50 %, PIL va rembourser 200 % des principaux montants.
Pour restructurer la compagnie, il est prévu qu’Heliconia Capital Management, entité du fonds souverain du pays Temasek, injecte 600 M$ en capitaux. Face à son besoin de liquidités, la compagnie avait été contrainte d’alléger sa flotte, qui a diminué de 37,5 % en 18 mois pour atteindre environ 250 000 EVP. Depuis, elle a manifestement été autorisée à réinvestir dans son outil industriel puisque sa capacité est passée à près de 264 000 EVP répartis sur 83 navires, dont 56 en propriété.