L’actuelle zone logistique, créée il y a une vingtaine d’années et située en arrière du terminal à conteneurs, arrive aujourd’hui à saturation. Pour permettre de nouveaux développements, le Grand Port maritime de Dunkerque (GPMD) a prévu de longue date la création d’une nouvelle zone de 146 ha où pourront être implantés 400 000 m2 d’entrepôts. DLI Sud (pour Dunkerque Logistique Internationale) est également situé à proximité du terminal des Flandres, sur des terrains qui avaient initialement été prévus pour accueillir du stockage de matières dangereuses.
Car Dunkerque, historiquement port industriel avec ses implantations comme celles d’ArcelorMittal, voit comme beaucoup d’autres ses flux maritimes traditionnels de charbon ou d’hydrocarbures diminuer de façon structurelle. La réorientation vers la logistique s’appuie sur deux flux en forte croissance : d’une part les conteneurs, le terminal des Flandres visant le million d’EVP à l’horizon 2025, et d’autre part le roulier, dont le développement se fait notamment en relation avec l’Irlande et la Grande-Bretagne.
Les flux logistiques visés concernent plus spécifiquement deux filières, devenues des « secteurs d’excellence » selon la terminologie de de la direction portuaire de Dunkerque : la grande distribution, la région comptant de nombreux sièges d’entreprises du secteur et leurs entrepôts (Effet Auchan et sa galaxie de marques), et les produits sous température dirigée, qui représentent 1 Mt de volume annuel, roulier et reefers confondus.
Logistique du froid avancée
La nouvelle zone logistique DLI Sud compte déjà plusieurs projets bien avancés, dont les deux premiers sont menés par la Société de développement de l’axe Nord (SDAN), créée en 2017 précisément pour réaliser des investissements logistiques sur le port. Ainsi le chantier d’un bâtiment de 43 700 m2 va démarrer en octobre pour une mise en service en septembre 2022. Un second bâtiment d’une superficie de 26 000 m2 et d’une hauteur de 35 m va suivre qui permettra de stocker 68 000 palettes sous température dirigée (froid négatif) et devrait être opérationnel au deuxième semestre 2023.
« La logistique du froid est importante à Dunkerque et cette filière intéresse les acteurs belges de l’agroalimentaire, en particulier dans les légumes surgelés », explique Julien de Lapize, PDG de la SDAN. « Nous investissons en anticipant le marché pour construire ces deux bâtiments qui devrait rapidement trouver preneurs. Le premier sera probablement destiné à travailler avec l’Irlande car nous sommes en négociation avec des clients de DFDS ». Dans l’ère post-Brexit, les échanges avec la Grande-Bretagne nécessitent de nouveaux outils. Chargeurs et logisticiens auront besoin de disposer de stocks dédouanés de chaque côté de la frontière. « De façon générale, avec la crise du Covid et l’envolée des taux de fret, l’intérêt pour la logistique portuaire avec moins de flux tendu se renforce: les logisticiens ont besoin de stocks tampons et acceptent le coût de location d’un entrepôt. »
La Belgique, premier investisseur
Pour le second bâtiment, sous température dirigée, il s’agira plutôt de flux grand export pour les industriels de la logistique du froid: glaces, légumes, pains et pâtisseries surgelés produits régionalement. La SDAN a dans ses cartons un troisième projet de 100 000 à 120 000 m2, toujours sur la zone DLI Sud: un grand entrepôt divisible, principalement dry mais aussi en partie frigorifique, pour permettre aux grands acteurs européens de recevoir des marchandises du monde entier avant de les palettiser pour les répartir vers leurs entrepôts régionaux. La société prévoit par la suite de livrer un nouveau bâtiment tous les un à deux ans, en s’appuyant toujours sur des investisseurs belges. « Les acteurs parisiens étaient moins enthousiastes, même si des banques françaises nous soutiennent aussi », précise Julien de Lapize. « Dunkerque est très important pour les acteurs belges, car leurs ports manquent de place pour réaliser de tels développements. »
Agrandissement
Côté français, entre la volonté de l’État et des Hauts-de-France de faire entrer les marchandises par les ports français et l’accent mis sur la logistique, tout pousse aussi à utiliser le GPMD pour les importations.
Le terminal des Flandres, dont le quai a été rallongé en 2019 et où ont été installés de nouveaux portiques en 2020, affiche un dynamisme à toute épreuve, avec une progression des flux de 39 % au premier semestre 2021, après une baisse de 4 % à l’issue des six premiers mois de 2020 et une hausse de 2 % sur l’ensemble de l’année.
Il fait encore l’objet de nouveaux travaux cette année, avec un agrandissement de 14 ha, qui portera la capacité annuelle du terminal à 1 MEVP. Les premiers aménagements ont commencé au début de l’été sur une superficie de 7 ha qui sera prête à la fin de l’année; les 7 ha restants devront être livrés courant 2022.
Du côté de la direction portuaire, on souligne que tout est fait pour faciliter les installations logistiques, avec l’aménagement et la viabilisation des zones, pour lesquelles toutes les autorisations administratives sont obtenues en amont afin de compresser les délais administratifs. « L’objectif est d’avoir, d’ici 2024, un taux d’occupation suffisant sur DLI Sud pour passer à l’étape suivante: une nouvelle zone logistique qui accompagnera elle aussi nos ambitions dans le domaine des conteneurs et du transmanche, avec toujours un positionnement sur les filières alimentaire, distribution et e-commerce », explique Daniel Deschodt, directeur commercial de Dunkerque Port. Le port des Hauts-de-France affiche aussi sa complémentarité avec ses voisins de Boulogne et Calais, ses zones logistiques offrant des opportunités tant au trafic roulier transmanche qu’aux produits de la pêche.