En 2019, la capacité de production d’électricité d’origine éolienne offshore de l’Europe a augmenté de près de 20 % pour atteindre 22 072 MW selon Wind Europe, l’association européenne des entreprises du secteur. En effet, dix nouveaux parcs éoliens ont été mis en service au large des côtes nord-européennes, en Grande-Bretagne, Allemagne, Danemark et Belgique. Ces mêmes pays se retrouvent à la tête des forces productives en Europe, avec des capacités entre 9 945 MW et 1 556 MW. Avec 2 MW, la France, en dépit de son littoral propice à de telles installations, ne figure qu’à la 12e place européenne. Des autorisations pour une capacité de 3 512 MW ont été délivrées suite aux marchés attribués sur appel d’offres en 2012, en 2014 et juin 2019 au large de Dunkerque. L’association France énergie éolienne, qui représente les industriels du secteur, estime possible de rattraper en 2030 la capacité actuelle des Britanniques en la matière, soit 10 000 MW. La programmation pluriannuelle de l’énergie pour 2019-2028 ne va cependant pas dans ce sens, les objectifs ayant été revus à la baisse. Il s’agit désormais d’installer 2 400 MW à l’horizon 2023 et 5 200 MW en 2028… si ces objectifs sont cette fois tenus. Certains en doutent tant la mise en œuvre des projets éoliens offshore français a jusqu’ici été chaotique. En effet, depuis 2012, entre recours administratifs, restructurations ou abandons des industriels et renégociations à la baisse du prix de rachat de l’électricité, les mises en chantier ont sans cesse été repoussées.
Horizon 2022
EDF, qui participe au parc éolien flottant au large de la côte méditerranéenne, n’a pourtant pas hésité à proclamer 2019 « année de la concrétisation de l’éolien en mer ». Au second semestre, les choses ont semblé s’accélérer. L’entreprise publique a reçu, au cours de l’été dernier, de bonnes nouvelles avec la levée des recours pour les parcs éoliens offshore de Fécamp et de Courseulles-sur-Mer d’une part et l’attribution de celui de Dunkerque d’autre part. En septembre, l’électricien a lancé le chantier au large de Saint-Nazaire, dont la capacité atteindra 480 MW et pour lequel il s’est associé avec Enbridge au sein du consortium EMF (Éolien maritime de France). Ce début des travaux, sept ans après l’obtention de l’autorisation, permet d’envisager une mise en production en 2022.
Le 9 janvier, les Chantiers de l’Atlantique ont procédé à la découpe de la première tôle pour la construction de la sous-station électrique qui « permettra de collecter et de transformer l’électricité produite par les éoliennes pour la transférer vers le réseau à terre, tout en assurant le pilotage en local du parc. »
Les prochains champs d’éoliennes offshore qui devraient être mis en chantier sont ceux de Fécamp et de Courseulles-sur-Mer. Le premier, construit par la société Éoliennes offshore des hautes falaises et d’une puissance de 500 MW, entrera en service en 2022. Le second, installé par la société Éoliennes offshore du Calvados, produira 450 MW à partir de 2023. Dans les deux cas, les sociétés sont détenues par EDF, Enbridge et WDP offshore.
Le Havre et Brest retenus
Comme pour le parc de Saint-Nazaire, les sous-stations des éoliennes normandes seront fabriquées à Saint-Nazaire par le groupement d’entreprises rassemblant les Chantiers de l’Atlantique (conception, fabrication et mise en service de la fondation et de l’infrastructure), General Electric (partie électrique) et SDI du groupe DEME (pré-installation des pieux en mer et transport et installation des structures).
Pour le futur parc éolien au large de Saint-Brieuc, Ailes marines, le consortium mené par Iberdrola, effectue actuellement l’étude des fonds marins. Les éoliennes et leurs structures devraient être fabriquées et installées à partir de 2021, pour une mise en service en 2023. Deux ports ont été choisis comme base arrière: Le Havre pour la construction des éoliennes et des nacelles confiée à Siemens-Gamesa dans une usine actuellement en construction et Brest, qui s’est doté d’un quai dédié aux colis lourds et d’un terre-plein pour la construction des fondations, le stockage et l’assemblage des éléments. Le port breton espère aussi être mis à contribution pour la mise en place d’éoliennes flottantes entre Groix et Belle-Île.
Le parc éolien programmé entre Dieppe et Le Tréport et mené par Engie doit aussi entrer en service en 2023. Là encore, les éoliennes seront construites au Havre, tandis que les ports de Dieppe et du Tréport serviront de base arrière pour la maintenance. Également porté par Engie, le projet au large d’Yeu et de Noirmoutier fait encore l’objet de recours judiciaires, mais l’exploitant maintient cependant 2023 pour sa mise en service.