THE Alliance a eu les yeux de Chimène pour la sud-coréenne HMM, convoitée par ailleurs. Ses mégamax en commande avaient de quoi faire se pâmer tous les Rodrigue de la Terre.
Le transporteur asiatique rejoindra finalement, en tant que membre à part entière, Hapag-Lloyd, Ocean Network Express (One) et Yang Ming, les fondateurs de la 3e alliance par la capacité conteneurisée. Les quatre transporteurs maritimes – 5e, 6e, 8e et 10e mondiaux dans le secteur du conteneur – totalisent 4,362 MEVP avec 18,4 % de parts de marché.
La version amendée, suite à l’intégration de HMM, de l’accord de partage de navires (Vessel Share agreement, VSA) comprend 33 services sur lesquels seront déployés 280 porte-conteneurs offrant une « couverture portuaire plus complète, une fréquence accrue et des transit-time améliorés », indique un laconique communiqué. HMM contribuera à 27 d’entre eux, mais ne participera ni aux liaisons transatlantiques ni à la boucle entre Asie et Moyen-Orient (boucle AR1 entre Pusan et Singapour via Djeddah, Aqaba, Sokhna).
La qualité essentielle de la sud-coréenne reste la force d’appoint que vont représenter les vingt unités totalisant une capacité de 396 000 EVP. Le transporteur sud-coréen, largement subventionné par des aides publiques mais perclus de dettes, ambitionne de porter la capacité de sa flotte à 1 MEVP en 2022 (832 000 EVP actuellement, commandes comprises) et compte tout particulièrement sur l’entrée en service de ses géants de 23 000 EVP, livrés en avril, pour améliorer de 25 % ses revenus dès cette année.
Ils seront en l’occurrence affectés à la route Asie-Europe du Nord dans un service FE4 remanié. Les huit autres, de 15 000 EVP, en cours de construction chez Hyundai Heavy et attendus en 2021, seront déployés sur le marché transpacifique après leur livraison au premier semestre 2021. Pour rappel, dans le cadre de l’accord avec 2M, qui expire le 31 mars, HMM apportait notamment trois navires de 13 000 EVP sur la ligne Asie-Méditerranée et Asie-côte Est américaine et six unités de 10 000 EVP sur la route Asie-côte Ouest américaine.
Sauve-qui-peut portuaire
Premier constat: THE Alliance disposera désormais sur la route Asie-Europe du Nord – la plus convoitée pour ses volumes importants et pour son équilibre entre imports et exports – de deux boucles (FE4 et FE2) sur lesquelles elle peut aligner des 23 000 EVP. Pas de nature cependant à égaler la puissance de feu de ses deux concurrentes, 2M et Ocean Alliance, qui disposent chacune de quatre rotations avec des mégamax.
Quoi qu’il en soit, THE Alliance se renforce. Le FE2 (douze navires de 19 000 à 21 100 EVP), qui partira de Busan, n’escalera plus à Qingdao, Hong Kong et Jebel Ali (en direction de l’Est), mais touchera Le Havre. Ningbo et Port Kelang en profitent également. Le port malaisien accède ainsi au statut de hub de l’Asie du Sud-Est. Le FE4, qui partait auparavant de Yantian, a désormais Qingdao pour origine et ajoute Busan, Singapour, Algésiras et Londres Gateway à ses escales, au détriment cette fois du port français normand et anglais de Southampton. HMM devrait allouer progressivement à ce service ses douze nouvelles unités.
Pour ce qui est des autres lignes entre l’Asie et l’Europe du Nord, la FE3 partant de Hong Kong fera désormais halte au Havre et à Londres Gateway, mais ne passera plus par Jebel Ali et Southampton. Au final, entre Asie et Europe du Nord, THE Alliance maintient le même nombre de rotations, cinq, mais selon les calculs d’Alphaliner, elles se traduiraient par une augmentation de capacité hebdomadaire de 10 000 EVP par direction.
Haiphong, nouvelle star portuaire
Parmi les autres changements majeurs, un nouveau service pendulaire remplacera les services actuellement déployés sur la route Europe-Asie du Sud-Est (ex-FE5, 10 navires de 14 000 EVP) et Asie-côte Ouest américaine (ex-PS7, 6 navires de 8 000 à 10 000 EVP). Il portera un nouveau nom, sera exploité par 18 navires de plus de 14 000 EVP, et offrira une liaison hebdomadaire supplémentaire entre l’Asie du Sud-Est et la côte ouest américaine (desservant Rotterdam, Hambourg, Anvers, Southampton en Europe), portant ainsi à trois le nombre de services, en plus des PS3 et FP1 (ce dernier, concentré sur le Japon).
Grand retour américain
Les liaisons transpacifiques (cf. ci-contre) se veulent également prudentes. THE Alliance, comme Ocean Alliance et pour les mêmes raisons, ne prévoit pas de nouveaux services. Les actuelles rotations privilégient de fait les destinations hors de Chine.
En « prêtant » ses navires sur le EC2, HMM signe son retour sur la côte est des États-Unis, où ses porte-conteneurs, siglés de sa nouvelle identité visuelle réduite à trois lettres depuis mai dernier, n’avaient plus été vus depuis trois ans.
Étonnamment, un jour après la présentation de cette offre, Hapag-LLoyd annonçait avoir signé un accord de partage avec 2M sur la route Extrême-Orient-Europe du Nord, dont les détails ne sont pas encore connus. Sans préjuger des nouveautés du réseau de Maersk et MSC, leur alliance reste pour l’heure la seule à offrir des services directs entre l’Asie et les ports scandinaves, ainsi qu’une connexion directe entre l’Extrême-Orient et Gdansk grâce à leur service AE-10/Soie que THE alliance n’offre pas. Ceci ne justifiant pas forcément cela.