« Actuellement, sur le marché, il est très difficile de trouver des fournisseurs de piles à combustible d’une puissance de plus de 1 MW. Elles sont toutes fabriquées à l’unité et coûtent très cher. Nous proposons de les produire en série pour en réduire le coût et en améliorer la fiabilité », indique Sylvain Charrier, directeur du développement d’Hydrogène de France (HDF). Fondée en 2012 en région bordelaise, cette société a réussi à s’imposer à l’international comme spécialiste des technologies hydrogène. En 2019, HDF a ainsi réalisé en Martinique la première installation d’une pile à combustible de forte puissance valorisant en électricité l’hydrogène produit par une raffinerie. En Guyane, elle y développe la plus grande centrale au monde stockant l’énergie via l’hydrogène pour alimenter en électricité l’équivalent de 10 000 foyers.
Signant en décembre dernier un accord de transfert de technologie avec la société canadienne Ballard Power System, qui fournira les cœurs de piles, HDF ambitionne pour sa future usine bordelaise une capacité de production annuelle de 50 MW. Cette unité de fabrication de piles à combustible de technologie PEM (Proton exchange Membrane), dont la mise en service est prévue fin 2021, représentera un investissement de 15 M€ et un potentiel d’une centaine d’emplois. La sélection du site, d’une superficie de 4 000 m2, se fera au second semestre 2020. Elle pourrait prendre place en zone industrialo-portuaire, l’activité générant un trafic à l’import de cœurs de piles et à l’export de piles à combustible, soit une cinquantaine de conteneurs par an.
Générateur mobile
Au-delà des marchés des centrales et de la mobilité, « le maritime offre aussi des perspectives », notamment pour l’alimentation à quai des navires, indique Jean-Noël Charentenay, directeur de la stratégie chez HDF. « L’idée serait de faire un générateur d’appoint déplaçable sur un port pour une alimentation auxiliaire. Des études préliminaires vont être lancées à Toulon, Marseille, Sète, Bordeaux… Les premiers appels d’offres pourraient tomber d’ici 2021 », ajoute-t-il. Avant cela, il faudra régler les problématiques de récupération, d’acheminement et de transformation de l’hydrogène, « tout un schéma d’infrastructures lourdes ».
À plus long terme, la possibilité d’embarquer à bord les piles superpuissantes sous forme de conteneurs commence à être évoquée. D’ores et déjà, quelques expérimentations sont à l’œuvre avec un ferry en mer baltique et un pousseur sur le Rhône, mais avec des puissances n’excédant pas 400 kW. « Pour la propulsion de cargos, sur de longues distances, les besoins en puissance seraient de 1 à 2 MW. Nous travaillons avec le secteur à la qualification des spécifications techniques. L’idée est de fournir une énergie complémentaire, les armateurs ne s’appuieront pas – du moins dans un premier temps – sur la seule solution hydrogène ».
Des piles ultra-puissantes
Permettant de convertir l’hydrogène en électricité sur un temps long, ces méga-piles, qui se présentent sous forme de conteneurs de 40 pieds, seront utilisées de façon stationnaire et auront une durée de vie de 25 ans sans intermittence. Elles seront constituées de plusieurs cœurs de piles reliés et connectés ensemble afin de multiplier leur puissance par dix. Chacune de ces piles à combustible représentera 1 MW à 1,5 MW de puissance.