Après Washington, l'UE va imposer des droits de douane sur les véhicules électriques chinois

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BYD - VEHICULES A ENERGIE NOUVELLE - ELECTRIQUE

BYD Explorer 1 à l'occasion de son départ du port de Shenzhen en janvier vers les terminaux rouliers de Flessingue (Pays-Bas) et de Bremerhaven (Allemagne), où le constructeur chinois devait livrer plus de 5.000 véhicules à énergie nouvelle (NEV).

Crédit photo ©Xinhua
En dépit de l'opposition de Berlin, Bruxelles a annoncé le 12 juin jusqu'à 38 % de droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois dans l'Union européenne. Près d'un mois après Washington qui accuse Pékin de favoriser ses constructeurs. Le chinois BYD maintient son projet de deuxième usine en Europe.

Berlin, dont l'industrie automobile est très engagée en Chine, aura bataillé avec la Suède et la Hongrie pour éviter le couperet, craignant des représailles de Pékin. Paris et Madrid ont poussé, de leur côté, pour des mesures ciblées et proportionnées. Au final, Bruxelles va imposer jusqu'à 38 % de droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois, jusqu'ici taxés à hauteur de 10 %.

L'UE, qui avait ouvert une enquête approfondie en septembre sur les subventions du gouvernement chinois au secteur automobile, prévoit des droits compensateurs (supplémentaires) de 17,4 % pour le fabricant chinois BYD, 20 % pour Geely et 38,1 % pour SAIC. Pour les autres constructeurs, un droit moyen de 21 % devrait s'appliquer. Le montant différera selon les niveaux de subventions publiques perçus.

Le ministère du Commerce chinois a immédiatement dénoncé "un comportement purement protectionniste", avertissant que seront prises "toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes".

Une fenêtre de dialogue

Ces taux provisoires ont été communiqués aux différentes entreprises concernées et aux autorités chinoises pour "étudier les moyens de résoudre les problèmes recensés", a expliqué entre deux eaux la Commission européenne. "Si les discussions avec les autorités chinoises n'aboutissaient pas à une solution efficace, ces droits compensateurs provisoires seraient introduits à partir du 4 juillet [mais ils] ne seraient perçus que si des droits définitifs sont institués."

Bruxelles aura quatre mois, après l'institution de droits provisoires, pour imposer des droits définitifs, ce qui ouvre une fenêtre de dialogue jusqu'en novembre.

"Il est bon que la Commission européenne propose maintenant ces discussions à la partie chinoise. [...] Il serait très souhaitable de pouvoir parvenir à une solution consensuelle", a réagi Steffen Hebestreit, porte-parole du gouvernement allemand.

Championne des moteurs essence et diesel, l'Europe craint pourtant de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d'avance dans l'électrique.

Tensions commerciales

Cette passe d'armes s'inscrit dans un contexte de tensions commerciales entre les Occidentaux – Washington en tête –, et le géant asiatique, dont la concurrence dans
plusieurs autres secteurs
(éoliennes, panneaux solaires ou encore les batteries) est aussi dans le viseur des autorités antitrust.

Aux États-Unis, Joe Biden a annoncé, le 14 mai, une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100 %, contre 25 % précédemment, transformant le marché américain en forteresse où le champion national Tesla règne sans partage.

>>> Lire également : Guerre commerciale États-Unis/Chine : salve de droits de douane sur plusieurs produits chinois

Une semaine plus tard, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, avait souligné que la réponse européenne serait "plus ciblée" avec une taxe correspondant "au niveau du préjudice" subi. De quoi freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement.

Rester dans les règles de l'OMC

L'UE joue les équilibristes pour ne pas contrevenir aux aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).  Elle espère ainsi protéger une filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l'UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les États-Unis.

Le discours critique de l'Europe sur l'automobile chinoise ne nuit pas aux marques comme BYD, assure Stella Li, vice-présidente du constructeur chinois, qui maintient ses projets (cf. plus bas).

Inquiétude des constructeurs allemands

En Allemagne, c'est l'inquiétude du côté des constructeurs automobiles Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen, qui réalisent près de 40 % de leurs ventes mondiales en Chine. "Les dommages des mesures annoncées aujourd'hui pourraient être plus importants que leurs avantages potentiels pour l'industrie automobile européenne", a réagi Hildegard Müller, présidente de la fédération allemande des constructeurs automobiles (VDA).

Volker Wissing, ministre allemand des Transports, a également mis en garde contre une "guerre commerciale" avec Pékin qui porte un risque pour les "produits d'excellence allemands". "C'est par une concurrence accrue, des marchés ouverts et de meilleures conditions d'implantation dans l'UE que les véhicules doivent devenir moins chers, et non par une guerre commerciale et un cloisonnement des marchés", fait-il valoir.

8 % du marché des voitures électriques

Les réactions sont plus positives à Paris. "Seul le maintien de règles du jeu équitables permet de garantir la libre concurrence", a souligné Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA) qui représente la filière française. Renault, Peugeot et Citroën sont quasiment absents du premier marché mondial.

La Chine a doublé le Japon l'an dernier comme premier exportateur automobile. Elle a investi très tôt dans les batteries, cœur technologique des véhicules électriques dont elle a fait sa spécialité.

En Europe, les marques chinoises progressent vite grâce à des tarifs compétitifs. Elles y sont passées de moins de 2 % du marché des voitures électriques fin 2021 à près de 8 % fin 2023, selon l'institut Jato, profitant de l'interdiction des ventes de moteurs essence et diesel décidée par l'UE à l'horizon 2035 pour lutter contre le réchauffement climatique.

La rédaction (avec l'AFP)

 

Le chinois BYD maintient son projet de deuxième usine en Europe

BYD ambitionne toujours de construire une deuxième usine en Europe, et mise sur les modèles hybrides face au tassement du marché électrique, a indiqué Stella Li. vice-présidente du constructeur chinois, alors que son premier porte-voitures a opéré sa première livraison en Europe en début d'année.

"Notre usine hongroise doit commencer à produire à la fin de l'année prochaine [...] Nous continuons à chercher le site adéquat, et quand le temps sera venu nous investirons dans une deuxième usine", a indiqué la dirigeante du géant chinois de la voiture électrique, en charge de l'Europe et de l'Amérique.

Mais face à des ventes électriques qui se tassent plus ou moins selon les pays européens, la marque lance aussi des voitures hybrides rechargeables (PHEV), comme le SUV "Seal U DM-i" qu'elle présente sur le Salon monégasque de l'automobile de prestige, Top Marques.

Les hybrides rechargeables ont représenté la moitié des ventes de BYD dans le monde en 2023, soit 1,5 million de véhicules. La marque doit présenter dans "les deux prochaines années" des modèles d'entrée de gamme sur le marché européen.

 

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