En février, la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), la deuxième de France, a été mise à l'arrêt pour des problèmes de corrosion et de fuites, avant un redémarrage complet espéré pour début avril. Mais TotalEnergies n'est pas le seul à avoir connu des incidents récents.
La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme, près du Havre, a été victime le 11 mars d'un incendie dans une unité de distillation, qui a fait cinq blessés légers.
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Déficit de compétitivité
Pourtant, les représentants du secteur récusent tout procès en vieillissement : "Certaines unités datent d'il y a quelques décennies, mais tous les cinq à six ans, on est intervenu pour régler les problèmes", assure Olivier Gantois, président de l'Ufip. Le représentant du syndicat des entreprises pétrolières fait plutôt le constat du non-renouvellement du parc. "Ce qui est certain, c'est que cela fait 50 ans que l'on n'a pas construit de raffineries en France, et on n'en construira pas de nouvelles."
Le déficit de compétitivité n'y incite guère, est-il indiqué. Le coût de l'énergie, souvent cité comme un des atouts français quand il s'agit de l'attractivité de l'Hexagone pour les investissements étrangers, a flambé ces deux dernières années. "Le gaz naturel en France coûte de façon stabilisée à peu près deux fois plus cher qu'il ne coûtait avant Covid-19. Et alors, il coûtait déjà beaucoup plus cher que ce qu'il ne coûte en Amérique du Nord", souligne Olivier Gantois.
Autre frein, le recul de la demande de produits pétroliers, avec un chauffage au fioul en perte de vitesse et l'électrification progressive du parc automobile.
Des emplois menacés ?
Si à la raffinerie de Donges, TotalEnergies prévoit d'investir 350 M€ dans une nouvelle unité de raffinage pour produire des carburants répondant aux spécifications européennes, il s'agit toutefois d'une exception, estime la CGT du groupe. L'heure est davantage à la conversion des raffineries en bio-raffineries, comme à La Mède (Bouches-du-Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne). Des projets qui se sont soldés par des restructurations.
Ces deux sites sont ainsi passés chacun de près de 400 salariés à environ 250, selon la direction.
"Quand on prend les scénarios prospectifs de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), même dans le scénario Zéro Émission nette (à 2050) qui est le plus radical en matière de transformation et de défossilisation, le monde consomme encore du pétrole et la France aussi", souligne Olivier Gantois.
En 2050, en France, il y aura peut-être encore une, voire plusieurs raffineries qui traiteront du pétrole, estime le président de l'Ufip. "Et il est probable que celles qui traitent encore du pétrole traiteront à ce moment-là un mélange de pétrole et de biomasse".
Les raffineries conventionnelles France représentent aujourd'hui entre 5.000 et 10.000 emplois directs, selon l'organisation professionnelle des entreprises pétrolières.
Nicolas Gubert