Soulagement pour les salariés de l'usine Ascometal de Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône). Le plan de cession de l'italien Marcegaglia, qui prévoit de préserver l'ensemble des emplois (323 salariés), a été validé par le tribunal de Strasbourg.
L'offre de reprise était l'une des quatre déposées avec celles du fonds d'investissement britannique Greybull, du français Europlasma et de l'indien Hind Rectifiers. Elles ont toutes été examinées par la juridiction le 30 mai mais seule celle de l'Italien devait être présentée en audience le 31 mai.
"Seule l'offre de Marcegaglia est aboutie et comporte les gages de sérieux nécessaires", avait indiqué en amont dans son avis le CSE de Fos-sur-Mer, réunissant la CGT, la CFE-CGC et la CFDT.
"Les salariés sont aujourd'hui soulagés (...) c'est un vrai projet industriel qui est en place", a réagi auprès de l'AFP Yagiz Ugur, délégué syndical central CFE-CGC, qui parle d'un "partage des clés" en vue d'assurer au site un "avenir le plus pérenne possible."
Troisième redressement judiciaire en dix ans
La mise en vente par Swiss Steel du groupe sidérurgique de 1 200 emplois s'inscrit dans le cadre de sa mise en redressement judiciaire en mars, la troisième fois en dix ans. Acométal dispose de deux sites principaux de production, les aciéries de Hagondange (434 salariés) en Moselle et de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône ainsi que de trois sites d'usinage et de parachèvement, à Custines en Meurthe-et-Moselle (104 salariés), Saint-Etienne et Leffrinckoucke (170 emplois) dans le Nord. Un Centre de recherche sur les aciers spéciaux (Creas, 25 personnes) est également implanté à Hagondange.
"Une excellente nouvelle pour le territoire et les emplois", a réagi auprès de l'AFP le ministre de l'Industrie Roland Lescure, évoquant "une des plus grandes reprises industrielles jamais vues pour un site en redressement judiciaire".
Engagement financier de 600 M€
Marcegaglia s'est engagé à investir de l'ordre de 600 M€, en plus des besoins en fonds de roulement. "À l'issue de la transformation, le site de Fos-sur-Mer satisfera environ 30 % des besoins en acier du groupe et utilisera des méthodes de production efficientes et vertes", a fait valoir le groupe italien dans un communiqué.
Pour les autres sites du groupe qui a été morcelé, la chambre commerciale a renvoyé à une nouvelle audience fixée au 28 juin. Les offres de reprise devront être déposées au plus tard le 12 juin.
Le cabinet du ministre de l'Industrie a indiqué à ce propos que l’État travaillait activement à "l'émergence et à l'accompagnement d'offres de reprises crédibles."
Un autre italien en lice pour les autres sites
Les sites de Hagondange, Le Marais-Saint-Étienne et Custines, qui travaillent ensemble sur des aciers spéciaux de petits diamètres pour l'industrie automobile, ainsi que sur le Creas, ont fait l'objet d'une proposition d'Acciaierie Venete, leader italien de l'acier. Europlasma aurait par ailleurs déposé une lettre d'intention pour Hagondange, Custines et Marais ainsi que pour Leffrinckoucke.
Les salariés d'Hagondange ont décidé le 31 mai de lever le blocage de l'usine, démarré en début de semaine, malgré l'incertitude quant à la reprise effective du site par Venete, a indiqué Gazi Yildiz, secrétaire de la CGT Acometal.
Les collectivités prêtes à financer une partie
Une rencontre est prévue dans les jours qui viennent entre le groupe italien et la communauté de communes sur laquelle se trouve le site, prête à accompagner le projet à hauteur de 15 M€. La CFDT d'Hagondange a fait valoir à ce propos, via les réseaux sociaux, son souhait que l’État se substitue à la collectivité dans ce financement. Roland Lescure leur aurait toutefois notifié que "toute nationalisation d'Ascometal ou entrée en capital est à exclure."
Le syndicat se montre, dans l'immédiat, satisfait que "Venete ait accepté de prolonger son offre", qu'il estime être le mieux-disant, a laissé entendre Alain Hilbold, délégué CFDT central.
La rédaction (avec l'AFP)