Lufthansa tient son sauvetage

Lufthansa et le gouvernement allemand sont parvenus lundi 25 mai à un accord sur un plan de sauvetage de 9 milliards d'euros, qui verra l'État devenir le premier actionnaire du groupe aérien pour éviter sa faillite.
Le gouvernement allemand fait son retour au capital de Lufthansa. Après vingt ans d'absence, il en prendra 20 % suite à l'approbation du plan à travers son fonds de stabilité économique (WSF), créé pour amortir les répercussions de la pandémie de coronavirus.
"Le directoire soutient" le paquet de mesures, qui doivent encore être approuvées par la Commission européenne et une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, a de son côté précisé Lufthansa.
L'aide est assortie de l'interdiction de verser des dividendes, de payer des bonus à ses dirigeants et de "renouveler sa flotte pour réduire les émissions" de CO2, indique le ministère des finances. "Le gouvernement est en discussions intensives avec la Commission européenne" pour obtenir son accord, selon le ministère de l'Économie.

Pas de droit de veto

Dans le détail, l'État va, dans le cadre d'une augmentation de capital, acquérir 20 % du groupe pour 300 millions d'euros, soit 2,56 euros par action, un prix bien en dessous du prix du marché censé garantir à Berlin un retour sur investissement. Il va aussi injecter 4,7 milliards d'euros de fonds sans droit de vote dans le cadre d'une "participation silencieuse", sur laquelle Lufthansa paiera un intérêt progressif allant de 4 % en 2020 et 2021 à 7,5 % en 2027.
Avec une injection supplémentaire d'un milliard, Berlin a la possibilité d'augmenter sa participation à 25% et une action, soit la minorité de blocage, mais uniquement "en cas d'offre publique d'achat par un tiers" ou de non-paiement des intérêts.
L'État obtient également deux sièges au conseil de surveillance de Lufthansa, mais renonce à son droit de vote aux assemblées générales "sauf en cas d'offre d'achat". Le ministre de l'Économie Peter Altmaier a d'ailleurs insisté sur le fait que Berlin ne comptait "pas s'immiscer dans la sphère opérationnelle" et n'aurait pas d'emblée "une minorité de blocage", levant deux craintes qui avaient longtemps retardé un accord.
S'y ajoute un prêt de 3 milliards d'euros pour le groupe, qui avait déjà suspendu la rémunération de ses actionnaires au titre de l'exercice 2019 pour préserver sa solvabilité.
Le WSF compte vendre sa participation au prix du marché d'ici le 31 décembre 2023, si le groupe a remboursé les fonds injectés, précise Lufthansa.
La compagnie low cost Ryanair a annoncé qu'elle contesterait devant la justice européenne ces aides d'État, estimant qu'il va fausser la concurrence. Elle s'était déjà plainte des plans de sauvetage de SAS, Air France-KLM et d'autres compagnies françaises.

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