Brahim Oumansour : « Il y a environ 800 produits interdits à l'importation au niveau des douanes algériennes »

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Brahim Oumansour

Brahim Oumansour, directeur de l'Observatoire du Maghreb à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Crédit photo ©Eyrolles
Le blocage depuis septembre par l'Algérie de l'importation de bovins en provenance de France relève d'enjeux sanitaires stricts plus que d'un jeu diplomatique, estime Brahim Oumansour, directeur de l'Observatoire du Maghreb à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Les raisons sanitaires invoquées par l'Algérie pour bloquer les arrivées de bovins vivants vous paraissent-elles légitimes alors que certains voisins ont rouvert leur marché ?

Brahim Oumansour : L'argument officiel algérien est que la suspension de l'importation [de bovins français] a été décidée à la suite de la détection d'une maladie virale dans le cheptel français. La décision est préventive. On peut imaginer les conséquences sanitaires et financières d'une contagion du cheptel algérien. L'argument paraît légitime dans un pays où les éleveurs manqueraient de moyens en cas d'épidémie. Sur un sujet proche, il est bon de rappeler que l'Algérie avait été radicale dans sa réponse à la pandémie de Covid-19 avec la fermeture des vols du jour au lendemain, y compris pour la diaspora algérienne en France, et des rapatriements au compte-gouttes.

La thèse d'un froid diplomatique doit-elle donc être évacuée ?

B. O. : Les relations difficiles entre les deux pays incitent toujours à s'interroger. S'il y avait une dégradation des relations diplomatiques, on pourrait peut-être spéculer sur une volonté sous-jacente non affichée. Mais pour le moment, je ne vois pas de signaux qui vont dans ce sens, il est difficile dans le contexte actuel de penser à une manœuvre. Sur ce cas particulier, ce qui confirmera ou infirmera l'argumentaire algérien est plutôt la durée de cette suspension de l'importation, il faudra voir ce qui advient dans les prochains jours ou semaines.

Dans un contexte plus large, les autorités algériennes limitent l'importation de produits pour développer la production locale : il y a environ 800 produits interdits à l'importation au niveau des douanes algériennes, pas seulement français.

Ces dernières années, il y a eu une volonté forte dans le pays de diversifier les approvisionnements. C'est notamment lié au traumatisme des conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine sur les approvisionnements, par exemple des céréales. Tout cela laisse des traces en matière de sécurité alimentaire et de volonté de diversification et de production locale.

Quel est l'état des relations économiques et diplomatiques entre les deux pays ?

B. O. : Sur le plan économique, l'importation algérienne de produits français reste stable, les échanges ont même augmenté en 2023 en raison des importations françaises de gaz. Pour le reste, le réchauffement de la relation décidée par les présidents des deux États se poursuit, une visite du chef d'État algérien est d'ailleurs programmée pour l'automne, c'est aussi un signe de continuité du rapprochement.

Bien entendu les relations sont compliquées sur différents dossiers notamment mémoriels. Il y a une revendication algérienne sur la restitution d'archives notamment de l'époque ottomane, et la restitution d'objets ayant appartenu à des révolutionnaires. Et sur le plan régional, la question de la relation avec le Maroc sur le Sahara occidental, le Sahel. Ces dossiers peuvent présenter des entraves à la relation bilatérale, mais aussi des opportunités.

Propos recueillis par Myriam Lemetayer

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