Yang Ming pourrait rompre avec sa politique d'achat conservatrice

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Les chantiers annoncent des commandes en cascade mais les armateurs se font discrets. L’une d’entre elles, portant sur cinq navires de 15 000 EVP au GNL, est attribuée au transporteur taïwanais. Elle détonne car il est le seul du top 10 à ne pas avoir garni son carnet de commandes et cédé à la loi du gigantisme.

L’actuel carnet de commandes de navires totalisant une capacité de 7,48 MEVP, soit environ 29 % de la flotte actuelle en exploitation, et l'affaiblissement des perspectives du marché du transport par conteneurs n'ont manifestement pas encore dissuadé les compagnies maritimes, gorgées de liquidités, de mettre leur plan d’expansion en mode sommeil.

Alors que Hyundai Heavy Industries (HHI), a indiqué avoir signé une lettre d'intention avec un « armateur asiatique » à l’identité non révélée, Alphaliner la prête à Yang Ming, qui serait ainsi sur les rangs pour cinq navires de 15 000 EVP avec une propulsion à double carburant GNL. Yang Ming n’a pas confirmé cette intention. Mais selon l’analyste, cette commande aurait pour échéance 2025-2026 pour un prix de l'ordre de 185 M$ par unité.

Sans doute faut-il relier cette présupposée commande à l’intention manifestée dès avril 2022. Le conseil d'administration du transporteur taïwanais avait alors validé la construction de cinq nouveaux porte-conteneurs de 15 000 EVP au GNL. Mais cette dernière n’avait pas été suivie d’un passage à l’acte, les constructeurs avaient alors le carnet de commandes pleins au moins pour deux ans. 

Rupture

Si ce contrat était confirmé, il ne serait pas anodin. Le taïwanais, neuvième transporteur mondial de conteneurs (706 000 EVP, 93 navires), est le seul du top 10 à n'avoir aucun navire dans son carnet de commandes et est seul membre d'une grande alliance (THE Alliance) qui n’ait pas opéré le saut d’échelle des 15 000 EVP au 20 000 EVP et plus. 

Parmi les plus grands porte-conteneurs de sa flotte figurent des panamax de 14 000 EVP livrés entre 2015 et 2019 et affrétés par Seaspan. Les navires les plus récents (livrés en 2021 et 2022) sont des unités de 11 860 EVP, affrétées à long terme par le gestionnaire japonais de navires Shoei Kisen.

La compagnie, qui a une rivale compatriote dans le classement des leaders mondiaux avec Evergreen (membre de Ocean Alliance), n’a pas non plus fait connaître franchement ses choix en matière de motorisation alternative. 

Battre en retraite

Au troisième trimestre, les trois taïwanais – Evergreen, Yang Ming et Wan Hai, respectivement sixième, neuvième et onzième transporteurs de conteneurs dans le classement mondial –, ont tous été concernés par la trajectoire descendante à la fois du chiffre d’affaires, de l’Ebit et du bénéfice net. Elles ont déclaré des revenus d’exploitation de 1,5 Md$, 899 M$ et 610 M$, respectivement. Le bénéfice d’exploitation a baissé par rapport au précédent trimestre, de 8,5 % pour Evergreen (numéro six mondial), de 4,5 % pour Yang ming (numéro neuf) et de 10,8 % pour Wan Hai.

Dans son communiqué de presse de deux paragraphes, Yang Ming a annoncé, pour sa part, un bénéfice après impôts au troisième trimestre de 1,7 Md$. Ses revenus consolidés ont totalisé 3,41 Md$ (contre 3,8 Md$ au deuxième trimestre). Sur les neuf mois, l’entreprise a toutefois vu son résultat net augmenter de 50,95 % par rapport à la même période de l’an dernier, à 5,66 Md$, et son chiffre d’affaires atteindre près de 11 Md$.

Adeline Descamps

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