Les deux compagnies taïwanaises n’auront pas connu la même trajectoire financière en 2018. Evergreen Maritime enregistre une baisse de son résultat net, mais tout en sanctuarisant un léger bénéfice. Yang Ming voit rouge.
Les numéros 7 et 8 mondiaux, qui viennent de faire connaître leurs résultats financiers, n’auront eu en commun en 2018 que leur nationalité. La société cotée en bourse Evergreen Marine Corp. (EMC, principale société du groupe Evergreen), qui consolide les activités d'Evergreen Line (et celles du transport aérien et des hôtels), a vu son chiffre d'affaires augmenter de 12 % pour atteindre 169,2 milliards TWD, soit environ 5,5 Md$. Toutefois, les résultats d'exploitation et le résultat net ont chuté de 81 % et 99 % respectivement, pour s'établir à 926 millions TWD (26,72 M€) et 78 millions TWD (2,25 M€).
Le n°8 mondial a enregistré, lui, une perte nette de 6,59 milliards de TWD (219 M$) en 2018, alors qu’il affichait un bénéfice net de 321 millions de TWD en 2017. Avec un peu plus de 680 000 EVP de capacité conteneurisée, l'autre Taïwanais a pourtant enregistré de bons résultats sur son activité conteneurs, en hausse 10,8 % pour atteindre 5,2 MEVP, si bien que son chiffre d'affaires consolidé s’est élevé à 141,83 milliards de NTD (4,70 Md$), en hausse de 8,21 %. La compagnie a indiqué, lors de réunion de son conseil d’administration le 25 mars qui devait approuver le rapport financier annuel, que ses résultats ont été négativement affectés par l'augmentation de 31,17 % du coût de soute, alors que les taux de fret sont demeurés déprimés en raison du déséquilibre entre l'offre et la demande.
Source : Alphaliner, résultats financiers d'Evergreen en 2018
Déprime des taux de fret, toujours et encore
Sur la base des données de marché recueillies par Alphaliner, les compagnies ont navigué en 2018 dans un environnement caractérisé par une faible croissance de la demande (+ 4,8 %), l’exacerbation de l'offre excédentaire (+ 5,7 %) et la faiblesse des taux de fret si bien que la hausse des coûts des soutes n’a pas pu être compensée.
Et Yang Ming ne voit pas d’amélioration sensible en 2019 compte tenu de facteurs de risque géopolitiques persistants – guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine, Brexit...– qui continueront d'influer sur les prix des combustibles de soute et les conditions du commerce mondial. En outre, la réglementation de l'Organisation maritime internationale (OMI) sur les carburants à faible teneur en soufre, dont la mise en œuvre est prévue pour le 1er janvier 2020, devrait, selon le transporteur, renchérir les coûts d'exploitation.
Source : Alphaliner, résultats financiers de Yang Ming en 2018
Les analystes d'Alphaliner sont plus optimistes quant à une tendance plus équilibrée de l'offre et de la demande : le taux de croissance de l'offre en 2019 devrait être de 3,1 % et celui de la demande de 3,6 %. Aussi, sous l'impulsion de la réglementation sur la teneur en soufre, la flotte mondiale pourrait voir un plus grand nombre de navires envoyés à la ferraille.
Jumboïsation
Le transporteur taïwanais, qui exploite actuellement une flotte de 102 navires (28 unités sont en cours de construction), prévoit pour sa part de jumboïser une partie de sa flotte en vue de passer d’une capacité de 8 452 EVP à 9 466 EVP. Il est question d’une trentaine de porte-conteneurs concernés. Le premier navire « supersize », le Ever Laden, vient de toucher la côte Est des États-Unis, tandis qu'un navire jumeau, Ever Lenient, est en refit au chantier naval chinois Huarun Dadong.
A.D.