Viridis Bulk Carriers devrait être le premier armateur à bénéficier de la technologie développée par le groupe technologique finlandais Wärtsilä.
Après avoir obtenu quelque 14,1 M$ du fonds public norvégien Enova pour la construction de deux vraquiers à l'ammoniac, Viridis Bulk Carriers a signé en début de mois une lettre d'intention pour équiper ses futurs navires de moteur à ammoniac Wärtsilä avec pour horizon, la signature d'un contrat commercial au début de 2024.
Wärtsilä a commencé à tester dès 2020 un moteur à quatre temps alimenté à l'ammoniac et a ensuite introduit des pourcentage de plus en plus élevés dans le mélange des carburants.
Réduction de plus de 70 % des GES
Avec son moteur à quatre temps à l'ammoniac, présenté comme la première solution à être mise sur le marché, l'entreprise finlandaise promet une réduction des émissions de gaz à effet de serre de plus de 70 %, par rapport à une solution diesel. Des performances qui seraient dans les clous des objectifs de l'UE jusqu'en 2050, dépassant même l'objectif de l'OMI pour 2040, assure Wärtsilä.
Des expériences se multiplient
L'ammoniac vert tient la corde, avec le méthanol vert, parmi les carburants alternatifs pertinents pour assurer la décarbonation dans le transport maritime. Mais il ne connait toutefois pas encore le même engouement que le méthanol vert, qui l'emporte actuellement dans les commandes de navires neufs. L'ammoniac suscite encore beaucoup de réticences en raison de sa toxicité et de sa manipulation dangereuse.
Néanmoins, les expériences se multiplient. Yara Clean Ammonia et la compagnie North Sea Container Line viennent d'annoncer leur partenariat en vue de mettre sur le marché le premier porte-conteneurs au monde avec l'ammoniac comme carburant principal.
Le grand fabricant d'engrais Yara (8,5 Mt d’ammoniac produits par an dans 17 usines) s’affaire aussi à déployer un réseau mondial d'avitaillement en ammoniac pour apporter le « maillon manquant ». À cet effet, il a créé récemment une unité dédiée, Clean Ammonia, et collabore avec la société de classification DNV, des armateurs et des motoristes, « pour développer des terminaux d’ammoniac.
Le motoriste allemand MAN Energy Solutions, qui prévoit que 27 % du carburant consommé par les plus grands des navires sera de l'ammoniac d'ici 2050, a toujours soutenu qu'il serait en mesure de commercialiser son premier moteur quatre temps à l'ammoniac fin 2024, Il a réalisé il y a plusieurs semaines une première combustion sur un moteur à quatre temps avec succès.
IHI et Japan Engine Corp. planchent aussi sur un moteur à quatre temps avec 80 % d'ammoniac. Les premiers retours sont assez probants selon les entreprises, signalant des « niveaux très bas de glissement d'ammoniac dans le flux d'échappement ». La technologie devrait être installée sur un remorqueur, livré l'année prochaine.
Adeline Descamps