Un nouveau conflit s’est déclaré et a déplacé l’attention médiatique de la mer Noire vers la Méditerranée, la mer Morte et la mer Rouge. Mais l’autre guerre est toujours en cours. Et cela reste un point de tension.
Le pétrolier Ali Najafov (6 600 tpl), battant pavillon du Libéria, a heurté une mine dans la matinée du 15 octobre alors qu'il s'approchait de l'estuaire du Danube. Parti de Batumi en Géorgie, le 11 octobre, le navire chargé de 5 600 t de carburant diesel, se dirigeait vers l'un des ports ukrainiens lorsque l’explosion s'est produite, avant son entrée dans le canal de Bystroe, débouchant en mer Noire au nord du delta.
L'équipage serait sain et sauf selon les médias ukrainiens tandis que la coque du navire est percée. Lorsque l’incident a été renseigné, il devait être remorqué jusqu’à un des ports du Danube.
Troisième navire en un mois
Il s'agit du troisième navire touché en un mois alors que les autorités ukrainiennes estiment à six le nombre de navires endommagés par des mines ou par les attaques depuis la suspension de l'accord signé en juillet dernier entre les deux parties en guerre, sous l’égide de l’ONU, pour assurer en toute sécurité les exportations de céréales (33 Mt de grains sont ainsi sortis du pays en un an).
Les services de renseignement militaire britanniques avaient indiqué, début octobre, que la Russie pourrait miner les routes empruntées par les vraquiers transportant des céréales à des fins de dissuasion, d'autant que l'origine de la frappe est dans ce cas difficile à établir.
Depuis que l’Ukraine a mis en œuvre un corridor alternatif, cette route à haut risque a déjà été empruntée par 24 navires au départ des ports ukrainiens d'Odessa, de Choronomorsk et de Pivdenny (dans la ville de Youjne, Yuzhni), selon Kiev. Ce qui revient à braver le blocus maritime russe.
150 installations portuaires et céréalières en cibles
Selon le gouvernement ukrainien, les forces russes ont également pris pour cibles 150 installations portuaires et céréalières bordant la mer Noire et le Danube au cours de 17 attaques depuis le mois d'août.
Plus de 300 000 t de céréales auraient été ainsi détruites sans parler des récoltes destinées à l'exportation, a indiqué le vice-premier ministre Oleksandr Kubrakov dans un communiqué. « Les dommages subis par les ports ukrainiens ont réduit de 40 % le potentiel d'exportation de céréales du pays », a ajouté le représentant du gouvernement ukrainien.
Adeline Descamps
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