Sovcomflot : quel P&I pour assurer ses navires ?

Article réservé aux abonnés

L’étau se resserre encore un peu plus sur la principale compagnie maritime russe alors que l’entreprise est déjà étranglée par les sanctions internationales. Depuis le désengagement des sociétés de classification, les P&I désertent les unes après les autres, West of England étant le dernier en date. Le géant russe des pétroliers serait en train de vendre une partie de sa flotte, a révélé le Lloyd’s List.

« Conformément aux régimes de sanctions applicables, West a signifié un préavis d'annulation de 30 jours à Sovcomflot et la couverture cessera le 4 mai 2022 », indique le P&I West of England dans un communiqué. L’assureur anglais fait partie des cinq clubs P&I de l'International Group qui assur(ai)ent jusqu'à présent une partie de la flotte de Sovcomflot d’après les registres de navigation.

Afin de se conformer aux sanctions du Royaume-Uni et de l'UE, a indiqué le UK Club, qui a précédé West of England dans son annonce, « des avis de résiliation de 30 jours ont été émis à Sovcomflot pour ses navires inscrits au début du mois d'avril ».

À ce jour, les clubs britanniques West of England, North et UK Club, qui couvrent des dizaines de navires de la compagnie russe, ont rendu public leur retrait tandis que les clubs norvégiens Gard et Skuld s’en sont abstenus. Ils ont jusqu’au 15 mai pour mettre un terme à leur couverture des risques s’ils veulent se conformer à la sanction européenne, ce qu’ils ne sont pas tenus de faire, la Norvège ne faisant par partie de l’UE.

Une couverture russe ?

Le désengagement des P&I est un défi de plus pour le géant russe des pétroliers après celui des sociétés de classification, tels la britannique LR ou la norvégienne DNV, qui lui procuraient, jusqu’à l'invasion de l'Ukraine par Moscou, de précieuses ressources, à commencer par la certification des navires. Un sésame pour garantir la navigabilité d'un navire mais au-delà pour prémunir les navires des risques, accéder aux ports étrangers ou à la formation dispensée par les fabricants de moteurs de navires sur leurs équipements, etc…

La couverture d’assurance de la flotte de SCF (122 navires, dont 50 VLCC, 10 méthaniers et 10 brise-glace, une douzaine en commande) questionne désormais même si une assurance russe est tout à fait envisageable. En revanche, les sanctions financières imposées à Moscou limitent sa capacité à effectuer des paiements et la rendent inopérante dans les faits : « aucun contrat ne peut fonctionner sur la base d'un gel des avoirs », confirment les assureurs.

Une pression supplémentaire, les registres d’immatriculation des navires font valoir pour leur part qu’ils ont demandé une actualisation du statut des navires. 

Hervé Baudu : « le retrait européen des projets arctiques russes sera chèrement payé »

Pris en tenaille  

Pilier des projets énergétiques de la Russie dans l'Arctique avec une flotte relativement récente de pétroliers et de méthaniers, dont 80 navires ont une classe glace, SCF est parallélement frappé par des sanctions distinctes du Royaume-Uni (24 mars) et du Canada, tandis que les États-Unis lui ont interdit de lever des capitaux sur leurs marchés financiers.

L'Union européenne l’a inscrite le 15 mars sur la liste des entreprises d'État russes avec lesquelles il est « interdit de s'engager directement ou indirectement dans une quelconque transaction » après l'expiration d'une période de transition, soit le 15 mai.

Selon le Lloyd’s List, Sovcomflot, dont la dette est estimée à 2,1 Md$ composée de prêts bancaires à court et à long terme contractés auprès d’institutions financières occidentales (en plus de près d’1 Md$ pour des euro-obligations, qui arrivent à échéance en 2023 et 2028), chercherait à vendre jusqu'à un tiers de sa flotte avant l’entrée en vigueur des sanctions. Un délai très court. 

Des ventes en bloc

Il y a une semaine, l’entreprise russe a effectivement fait défaut sur le paiement des intérêts dus pour sa deuxième tranche d'euro-obligations, expliquant que l’entrée en vigueur de sanctions européennes et britanniques l'ont empêchée d'effectuer le paiement, mais tout en précisant disposer de 600 M$ de liquidités. 

Jusqu'à présent, seule la vente de huit navires a été confirmée, dont quatre par la société Koban Shipping, basée à Dubaï mais, selon les sources du Lloyd’s, plusieurs transactions en bloc seraient sur le point d'aboutir. Sans cela, de nombreux navires devraient se retrouver au chômage.

Adeline Descamps

 

 

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15