Sovcomflot fait le ménage dans ses actifs et se retire du vrac sec, segment que l’entreprise russe considère comme « non essentiel ». Dans le cadre d'un programme de modernisation de sa flotte, la compagnie maritime s’est délestée de dix navires depuis le début de l’année : deux transporteurs de produits pétroliers MR, deux panamax, deux aframax, deux suezmax et ses deux derniers vraquiers, a-t-elle indiqué à l’occasion de la publication de ses résultats trimestriels.
Elle en tire 112 M$, qu’elle compte employer pour financer l’acquisition de navires plus technologiques et à forte intensité de capital comme les brise-glace et les méthaniers.
SCF exploite déjà la seule flotte de méthaniers brise-glace au monde, qu'elle gère pour le compte de la société pétrolière et gazière russe Novatek dont les gisements de gaz naturel dans l'Arctique russe donnent du travail aux méthaniers de SCF pour acheminer le GNL vers la Chine, vorace en matières premières.
Novatek et Sovcomflot avaient initialement contracté pour mettre en service 15 brise-glace Arc7, désormais tous opérationnels (projet Yamal LNG). Sovcomflot a ensuite commandé 15 autres unités au chantier naval russe Zvevda pour le second projet de liquéfaction de GNL de Novatek, Arctic LNG 2.
Pour rappel, Arctic LNG 2 est le clone du projet Yamal LNG, qui exploite déjà les ressources de gaz du champ South Tambey sur la péninsule de Yamal au nord-ouest de la Sibérie. Il est exploité par un consortium international qui réunit Novatek (50,1 % des parts), Total (20 %), CNPC (20 %) et Silk Road Fund (9,9 %).
Débuts en bourse
Sovcomflot, qui a fait ses débuts en bourse de Moscou l’an dernier, a présenté des résultats qui font état d’un résultat net de 59,2 M$ et d’un Ebitda de près de 337,2 M$ au premier semestre (+ 42,2 %). L’entreprise maintient ses prévisions relatives à un chiffre d'affaires d'au moins 1 Md$ en 2021 alors que les revenus du premier semestre se sont élevés à 559,9 M$ (en baisse de 28,5 % par rapport à l'année précédente).
Les navires déployés dans le cadre de projets gaziers et les services offshore en environnement difficile ont représenté 65 % du chiffre d'affaires TCE (Time Charter equivalent, affrètement à temps). L’activité des navires-citernes est resté, elle, sous pression, les tarifs spot des citernes ayant été divisés par quatre en glissement annuel, ce qui a entraîné une baisse du chiffre d'affaires à 180,2 M$. « Ces résultats reflètent l'impact négatif continu de la pandémie sur la dynamique du marché du fret pétrolier », justifie SCF.
360 M$ tirés de ses engagements avec TotalEnergies
Le groupe, qui exploite une flotte de 43 navires, entend se concentrer sur le développement de ses services de transport de gaz liquéfié. En plus d'un contrat pour un nouveau méthanier de 174 000 m3 conclu avec TotalEnergies en janvier 2021, SCF a reçu en juillet 2021 la confirmation du groupe français d'exercer son option pour deux autres méthaniers similaires. Les navires seront affrétés pour une période allant jusqu'à sept ans et ajouteront 360 M$ à ses revenus. La livraison des navires est prévue pour le troisième trimestre 2023 et le deuxième semestre 2024.
L’affrètement de deux méthaniers pour le projet Sakhaline-2, dans le cadre de contrats de dix ans à partir de 2024, avec des options d'extension jusqu'à trois ans, devrait générer 215 M$ de flux de trésorerie supplémentaires.
Pour ce qui est de ses activités plus « conventionnelles », le transporteur compte sur l'augmentation de la production à moyen terme de l'OPEP+, la nécessité de reconstituer les stocks qui s'épuisent avec la reprise de la consommation et le retour à une activité de raffinage plus normale, pour redonner du souffle à la demande de transport de pétrole. La hausse des prix des nouvelles constructions devrait limiter les commandes de nouveaux tankers, ce qui contribuera à l’équilibre de l’offre et de la demande, espère-t-il.
Adeline Descamps