Scrubbers : du plébiscite au rejet dans le conteneur

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Le taux de pénétration des scrubbers dans la flotte des porte-conteneurs approche les 30 %, indique Alphaliner. Mais le sentiment des grands compagnies à l’égard de ces systèmes controversés est manifestement diffus.

Le nombre de porte-conteneurs équipés des dispositifs d’épuration des gaz d’échappement atteignait les 850 au 20 décembre, soit 150 de plus en un an. En matière de scrubbers, l’indicateur phare reste l’écart de prix (dit Hi5) entre le fuel à 3,5 % de soufre (HFO) et celui à 0,5 % (LSFO). Il est l’un des facteurs clefs conditionnant l’intérêt pour cette technologie car de son différentiel dépend le retour sur investissemen de ces pots catalytiques géants qui coûtent autour de 6,5 M$ en boucle ouverte pour un navire de 15 000 à 16 000 EVP. Plus l’écart de prix est important entre les deux fuels plus le retour sur investissement est court. Il était de près de 200 $ à Singapour le 20 décembre et de 144 $ à Rotterdam, niveau le plus élevé depuis février 2020.

La flotte de porte-conteneurs équipée totalise actuellement une capacité de 7,52 MEVP, soit un taux de pénétration d’un peu moins de 30 %, selon le spécialiste de la ligne régulière Alphaliner. HMM (83 % de sa flotte en exploitation), Evergreen (69 %) et MSC (48 %) figurent parmi les compagnies qui ont le plus plébiscité les scrubbers. Adepte, Yang Ming (90 navires dont 50 en propriété) a également équipé 12 de ses porte-conteneurs cette année, portant le total à 26 unités. 

Du plébiscite au rejet 

La japonaise ONE a fait un grand pas en 2021 en portant le taux de pénétration de sa flotte de 9 à 18 % mais le taux d’équipement reste faible. En revanche, la radicalité du numéro trois mondial Cosco (175 navires en propriété) est plus visible : 10 % de sa flotte équipée en janvier, 11 % en décembre. La française CMA CGM n’y a pas non plus porté un grand intérêt : moins d’un quart de sa flotte y a eu recours et la situation n’a quasiment pas évoluer l’an dernier. Le numéro trois mondial du secteur a largement adopté le GNL (44 navires), ce qui peut expliquer en partie sa faible adhésion.

Le spécialiste du transport intra-asiatique Wan Hai était jusqu’à présent le seul transporteur du top 10 à ne pas avoir opté pour le système, après avoir confirmé en 2020 qu'il combinerait le carburant à faible teneur en soufre avec des surcharges. Les cinq unités de 13 200 EVP commandées en mars à HHI pour livraison en 2023 représenteront toutefois le premier investissement en la matière. « Elles seront les seules unités de ce type dans son carnet de commandes de 41 navires », souligne Alphaliner.

Dans une conjoncture de pénurie de navires et de raréfaction des tonnages, se permettre de mobiliser 150 navires en cales pour opérer les travaux reste une autre performance.

Adeline Descamps

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