Une première lettre d’intention avait été signée en 2019 entre l’armateur Neoline et le groupement d’entreprises nantais Neopolia pour la construction du voilier roulier, à l’issue d’un appel d’offres auquel avaient répondu 17 chantiers navals. Le projet était techniquement au point mais la mise en construction ne s’est pas faite, faute de financements. Fin 2020, Neoline a donc lancé un nouvel appel d’offres, plus ciblé. Sur les dix propositions reçues, c’est à nouveau celle de Neopolia qui a été retenue et a fait l’objet d’une lettre d’intention.
« Ce que nous avons compris en 2019, c’est que pour obtenir un financement bancaire, il nous fallait bien plus que des déclarations d’intérêt, mais de véritables contrats avec des chargeurs, ce que nous avons obtenu avec ceux qui nous avaient déjà manifesté leur soutien, retrace Jean Zanuttini, président de Neoline Développement. Du côté de la construction elle-même, il y avait une différence de 5 % entre le prix proposé par Neopolia et ce que nous pouvions accepter. Nous avons aussi consenti à passer non pas un seul mais deux contrats : l’un pour le navire, le second pour le gréement, ce qui a pour effet de diluer le risque. » Les deux contrats seront passés avec Neopolia Mobility, la société créée par le réseau Neopolia pour porter les projets et en assurer la maîtrise d’œuvre, les entreprises du réseau intervenant en sous-traitance.
50 M€ en fonds propres
Le projet a donc été revu mais l’essentiel ne change pas : le concept développé par Neoline puis travaillé par Mauric pour l’architecture navale et le cabinet Mer Forte pour la partie gréement est quasi-inchangé. Il s’agit toujours d’un voilier roulier de 136 m, d’une capacité de 5 300 t de fret et promettant une réduction de 80 à 90 % de la consommation de fuel grâce à ses 4 200 m² de voilure. Seule modification : l’ajout d’un entrepont a permis de faire passer la capacité du garage de 1 050 à 1 200 mètres linéaires.
La partie financement est maintenant quasiment bouclé. Sur les 50 M€ nécessaires à la construction du navire, 25 % le seront sur fonds propres. Le recours à l’emprunt bancaire pour les 75 % restants devrait être finalisé dès juillet. Le projet a déjà obtenu en mai 2021 un accord de prêt de 1,3 M€ de la région Pays-de-la Loire.
Sogestran en soutien
Côté fonds propres, le projet va bénéficier d’investissements publics selon un mécanisme qui n’a pas encore été dévoilé. Il bénéficie aussi du soutien du groupe privé Sogestran. L’armement fluvial havrais, qui se diversifie de façon appuyée dans le maritime depuis de nombreuses années, avec en particulier le rachat de la Compagnie maritime nantaise en 2017 et de Poli Tankers en 2020, est entré au capital de Neoline Développement en juin 2020 avec une participation très minoritaire. Sogestran prendra une participation plus forte dans Neoline Armateurs, la société qui construira le navire, dont il sera l’investisseur privé de référence.
« Neoline Armateurs aura sa propre gestion opérationnelle des navires, précise Jean Zanuttini. Certaines parties de l’exploitation seront cependant confiées à Neoline Développement et d’autres à la Compagnie maritime nantaise, car tant que l’on n’aura qu’un seul navire on ne peut pas avoir une équipe dotée de toutes les compétences nécessaires. » Le premier navire devrait entrer en construction à la fin de l’été pour une mise en service au premier semestre 2024. Il est déjà prévu que la construction d’un second navire débute fin 2022.
Étienne Berrier
