Propulsion vélique : TOWT lance la construction d'un deuxième voilier-cargo

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Neuf mois après avoir lancé la construction d’un premier navire marchand à propulsion vélique, la compagnie maritime havraise a lancé la commande d’un second tandis que le groupe immobilier Idec a annoncé son entrée au capital.

Guillaume Le Grand a manifestement traversé l'été en mode hyperactif. En cette fin de trêve estivale, la compagnie maritime qu’il dirige, TransOceanic Wind Transport (TOWT), annonce avoir signé pour un voilier-cargo supplémentaire après sa commande initiale passée en janvier auprès du chantier naval français Piriou. Le promoteur immobilier Idec (260 M€ d’actifs, plus de 20 parcs d’activité en France et à l’international) a de son côté officialisé une prise de participation (l’entreprise n’a pas répondu à notre sollicitation), à travers sa filiale Idec Invest Innovation qui s'implique dans des projets de transition énergétique, à l’instar de son investissement dans Fludis (livraisons dans Paris en vélos-cargos électriques).

Towt, entreprise née à Douarnenez et aujourd’hui implantée au Havre, avait indiqué en janvier à l’occasion de sa première commande que celle-ci faisait partie d’une série de quatre sisterships, dont le premier sera livré à la fin 2023 et le second au printemps 2024. L’idée est de disposer d’une flotte à horizon 2026.

« Dans les semaines qui viennent, la construction de la première unité débutera sur le site de Giurgiu en Roumanie et celle du second également dans quelques mois », précise le constructeur de Concarneau Piriou à qui a été confié l’ensemble. 

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En « alternative crédible » à la propulsion thermique

Avec une capacité d’emport de marchandises de 1 100 t en vrac palettes (+ 135 barriques de 225 litres de vins ou spiritueux ou plus de 100 conteneurs), les cargos-voiliers, qui seront immatriculés sous le registre français (Rif) et armés par sept à huit marins, sont conçus pour naviguer en long-courrier à 95 % du temps à la voile grâce une surface de 3 000 m². La propulsion avec deux moteurs à quatre temps (2 x 422 kWm à 1790 tr/min) vient donc en appoint.

Towt se positionne en tant qu’« alternative crédible » à la propulsion thermique. Ses navires devront assurer les dessertes intercontinentales à une vitesse de 10 nœuds en moyenne mais avec un transit time qui égale le transport maritime conventionnel si on additionne transit et lead time (transbordement et dédouanement inclus). Soit deux semaines entre Le Havre et New York/New Jersey et un peu plus vers Shanghai (hors période de congestion généralisée comme celle que le secteur endosse depuis deux ans). 

Montée en gamme

Quoi qu’il en soit, le changement d’échelle est acté pour cette entreprise qui a éprouvé son concept commercial en embarquant du fret pendant plus d’une décennie sur de vieux gréements (une vingtaine).

Outre la proposition commerciale – des taux de fret de l’ordre de quelques dizaines de centimes d’euros par kg, affranchis des fluctuations liées aux combustibles de soute ; des droits de ports réduits (escales dans des terminaux moins fréquentés d’où le faible tirant d’eau, à 6 m sous quille) ; un chargement/déchargement plus rapide –, Towt se distingue surtout par son approche environnementale engagée.

Avec son label Anemos qui certifie un transport maritime décarboné, son offre s’adresse à une clientèle à la typologie de produits spécifiques (plutôt haut de gamme) en quête de solutions « réalistes » pour limiter l’impact carbone de leur logistique maritime. Pour sécuriser son modèle économique, les deux-mâts auront en outre la possibilité d’embarquer 12 passagers pour une expérience de voyage en rupture.

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50 chargeurs

La compagnie assure avoir signé des contrats pluriannuels avec plus de 50 clients parmi lesquels figurent des grandes marques de café, de vins et spiritueux, de chocolats (café Belco, rhums Longueteau, Martell Mumm Perrier-Jouët, Cémoi, etc.). En janvier, le transporteur faisait valoir des coefficients de remplissage de plus de 80 %. 

Pour son financement, l’entreprise a mis à profit les récentes évolutions réglementaires : suramortissement vert, certificats d’énergies, crédit-bail, garantie Bpifrance …. Une levée de fonds à partir de la plateforme d’investissement responsable Lita a permis par ailleurs de collecter 4,5 M€.

Si les deux fondateurs Diana Mesa Robayo et Guillaume Le Grand restent majoritaires au capital, l’entreprise compte désormais une vingtaine d’actionnaires (Après-demain S.A., Crédit Agricole Normandie Seine, Idec…). Sur ce point, les dirigeants sont peu loquaces.

« Ces deux premiers voiliers-cargos sur cale préfigurent des dizaines de futures unités dans les années qui viennent, au service de clients qui cherchent à la fois des capacités, des fréquences ainsi qu’une décarbonation et une transparence, avance Guillaume Le Grand. Ils sont le résultat d’une décennie au service de clients chargeant des cargaisons sur des grands voiliers. La décennie qui débute conservera cet esprit, et nous devrons désormais transporter des millions de tonnes pour que le transport maritime vive avec son siècle. »

Adeline Descamps

 

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