Prise en charge du surcoût de manutention fluviale par CMA CGM : quel bilan ?

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Annoncée en mars 2022 par CMA CGM, la prise en charge des THC, autrement dit le surcoût de manutention propre au fluvial, par le groupe français de transport maritime et logistique a été saluée par tous les opérateurs… qui ne s’y retrouvent pas forcément aujourd’hui.

La mutualisation des THC (terminal handling charges), ces frais de manutention sur terminal facturés par le manutentionnaire au transporteur maritime, était réclamée de très longue date par les transporteurs fluviaux de conteneurs. Les THC incluent le chargement des conteneurs sur remorque routière ou wagon ferroviaire, mais pas la mise à bord des porte-conteneurs fluviaux, ce qui nuit à la compétitivité de ce mode.

 

Depuis 2016, imitant les autres ports de la mer du Nord où le chargement sur barge est inclus dans les THC, le port de Dunkerque a procédé à son tour à cette mutualisation. Une décision poussée par la proximité des ports concurrents d’Anvers et Rotterdam, facilitée aussi par la présence d’un seul opérateur de manutention pour les conteneurs (terminal des Flandres, exploité par CMA CGM) et par la très faible part modale, à l’époque, du fluvial. Depuis, elle a doublé, l’autorité portuaire du port nordiste l’attribuant précisément à cette mutualisation des THC.

 

En mars 2022, quand le groupe CMA CGM annonce la suppression des coûts facturés pour les conteneurs qu’il transporte au Havre et à Marseille Fos, la nouvelle est saluée par la profession. E2F (Entreprises fluviales de France), qui représente les intérêts des armateurs fluviaux et bateliers, y voit une « équité de traitement rétablie et un moyen de redonner de la compétitivité au fluvial par rapport à la route ». L’association professionnelle espère surtout que le geste du Français fasse des émules auprès de « l’ensemble des armateurs qui escalent dans les ports français » pour que la « pratique s’ancre sur le long terme ».

Les opérateurs fluviaux bénéficient déjà, comme leurs homologues ferroviaires, d’une aide au coup de pince d’environ 30 € par conteneur. Ils peuvent alors envisager une économie de l’ordre de 60 € par boîte, ce qui correspond à la moyenne des THC sur les différents terminaux du Havre et de Marseille Fos.

Sans les « extra costs »

Mais première déconvenue : CMA CGM ne prend pas en charge les « extra costs ». Sans ces suppléments facturés pour des prestations de manutention la nuit ou le week-end, l’économie sur les terminaux phocéens et normands n’est plus que de 45 €. Selon nos informations, les accords commerciaux ne prévoiraient même qu’une prise en charge de la moitié de cette somme par le transporteur français.

Autre limite : la prise en charge ne concerne que les conteneurs pleins. Or les vides représentent en moyenne environ 20 % des boîtes transportées en fluvial sur la Seine ou le Rhône, les barges étant très efficaces pour des repositionnements en masse. In fine, l’opérateur fluvial ne paierait désormais que 42 €, grâce à une participation de CMA CGM de 18 € par boîte en moyenne. On serait loin de la suppression des THC initialement annoncée.

Étienne Berrier

 

 

 


 

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