MOL a annoncé une chute de 68 % de son bénéfice au premier trimestre de l'exercice 2023 (en comptabilité japonaise, l’exerce fiscal se termine en mars). Et la compagnie japonaise, dont les activités de transport maritime sont à multiples facettes comme la plupart des grands acteurs asiatiques du secteur, impute la responsabilité au conteneur alors que l'énergie et le transport de voitures sont en croissance.
De même, son compatriote, K-Line, estime que la ligne régulière est en grande partie comptable de la baisse significative de ses bénéfices.
NYK Line, la troisième des plus grandes compagnies japonaises, n’échappe pas non plus à la dynamique contraire aux deux précédentes années.
En publiant leurs résultats, les trois groupes nippons, qui ont fusionné leur activité conteneurs au sein de ONE (Ocean Network Express), ont ainsi donné un avant-goût de sous performances de la compagnie de la ligne régulière.
Un bénéfice fondu
L’entreprise, basée à Singapour, a vu ses profits fondre comme neige au soleil en accusant un repli de 58 % par rapport à la période janvier-mars et de 91 % par rapport aux résultats sur-vitaminés de l'année dernière pour s’établir à seulement 513 M$ pour ce qui est de son premier trimestre de l’année 2023.
Sans l’allégement des coûts de soute et des coûts variables (principalement le stockage avec le désengorgement des ports) les bénéfices auraient été encore plus faibles.
Bien moins flamboyant soit-il, le résultat net reste 100 fois supérieur au revenu net de 5 M$ déclaré à la même période de 2019 tandis qu’en avril-juin 2018, à peine créée, l’entreprise était en perte de 120 M$.
Des volumes transportés en hausse
Bien que ONE ait réussi à augmenter ses chargements de 9 % (2,8 MEVP) par rapport au premier trimestre de l'année, son revenu moyen par EVP s’est particulièrement dégradé (1 333 $/EVP en avril-juin, contre 1 788 $ en janvier-mars et 3 068 $ l'année précédente à la même période), pénalisé par la forte exposition de ONE aux trafics Est-Ouest (70 % de sa flotte y est concentrée).
Le coefficient de chargement sur la ligne Asie-États-Unis est tombé à 82 % en avril-juin contre 100 % l’an dernier et 86 % en avril-juin 2019.
Un résultat d'exploitation en chute de 93 %
In fine, ONE a publié un chiffre d'affaires de 3,76 Md$ pour le trimestre et un résultat d'exploitation (EBIT) de 386 M$, en baisse de 93 % par rapport à l'année précédente, soit une perte de plus de 5 Md$.
La marge Ebit du transporteur est tombée à un niveau extrêmement faible, à 10,3 %.
Report des prévisions
Lors de la présentation de ses résultats le 31 juillet, le transporteur a une nouvelle fois reporté ses prévisions pour l’exercice financier 2023 qui se termine en mars 2024.
« Au cours des derniers mois, la production industrielle mondiale est restée positive, en particulier dans les secteurs de la chimie et de l'automobile, indique Jeremy Nixon, le CEO de ONE. Dans les secteurs de la vente au détail et de la vente en gros, les excédents de stocks se résorbent et que certains importateurs s'efforcent maintenant de reconstituer leurs stocks. Dans l'ensemble, les dépenses de consommation se maintiennent »/
Toutefois, pour le dirigeant, compte tenu des vents contraires que constituent les taux d'intérêt et l'inflation, « les signes d'une forte reprise des commandes et d'un rééquilibrage des stocks ne sont pas aussi évidents avant la fin de l'année ».
Reprise des taux spot ?
Les transporteurs restent confiants dans leur marché, gageant toujours sur la résorption des stocks et sur les GRI qui devraient relancer les commandes et pousser les prix à la hausse. La reprise des taux spot sur le transpacifique serait déjà visible, semblent indiquer certains indices à l’instar du Drewry World Container Index (WCI).
Dans la dernière semaine de juillet, le WCI Shanghai-Los Angeles s'élevait à 2 087 $ par unité de quarante pieds, en hausse de 32 % par rapport à la fin juin et de 42 % par rapport aux niveaux à la même époque en 2019.
Tordre la conjoncture
Pour traverser cette mauvaise passe, la direction entend actionner plusieurs leviers : « des départs en blanc en réponse à la fluctuation de la demande » ; « une plus grande desserte pour améliorer la capacité de vente », « le ralentissement des navires pour réduire la consommation », « l’optimisation de la flotte qui passe par le non-renouvellement des affrétements ».
La jeune compagnie a reçu, en juin, son ONE Innovation, le premier des six navires de 24 000 EVP affrétés à long terme par Shoei Kisen Kaisha. Les autres seront livrés durant son exercice 2023. et déployés sur le trade Asie-Europe
Adeline Descamps
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