La croisière reprend progressivement ses activités. Mais outre-Rhin, l’ambiance n’est pas à l’euphorie. L’épidémie, qui a sapé la jeune industrie de la croisière dans sa dynamique de croissance, a exacerbé les difficultés de Meyer Werft, notamment en raison de la révision des calendriers de livraison qui ont ralenti les paiements des versements contractuels. Mais sans le Covid, le constructeur allemand se trouvait déjà sous la pression de la concurrence qui tire les prix vers le bas.
Les négociations, entreprises il y a plusieurs mois déjà entre le constructeur allemand et les syndicats, notamment IG Metall Kuste, se sont soldées par un accord portant sur une réduction des effectifs de 10 %. 62 % des employés du chantier naval auraient accepté cette jauge.
Cette mesure ne serait que la première étape d’un plan prévoyant à la fois une réduction des coûts – selon les médias allemands, le groupe vise une économie de 1,4 Md$ – et l’amélioration de la productivité.
350 suppressions de postes sur la base de départs volontaires
Les efforts demandés auraient été encore plus conséquents si le chantier naval de Papenburg, dimensionné pour construire trois paquebots par an dont deux grandes unités, n’avait engrangé récemment de nouvelles commandes.
Meyer Werft emploie 3 000 personnes à Papenburg, ville du Nord de l’Allemagne. Il y a quelques mois, le constructeur avait indiqué qu’il devrait licencier 1 000 personnes, un nombre ensuite ramené à 660.
Finalement, aux termes des négocations, il s’agirait de départs volontaires et de 350 suppressions de postes sur le site de Basse-Saxe et de 100 autres au sein de la branche EMS Maritime Services. L'objectif est sinon d'éviter du moins de limiter les licenciements contraints.
Taux d’utilisation de ses sites à 40 %
Des mesures similaires ont concerné auparavant le chantier Neptune de Rostock (paquebots fluviaux et grands ensembles assemblés à Papenburg) en Allemagne et celui de Turku, en Finlande (site d’appoint de Papenburg pour les grands paquebots avec une capacité de deux unités).
Le carnet de commandes de Meyer Werft comprend actuellement des paquebots à livrer pour P&O, AIDA et Costa (groupe Carnival) ainsi que pour Disney Cruise et des marques du groupe Royal Caribbean. Les livraisons ont été reprogrammées, Papenburg et Turku étant limités à une seule unité chacun.
Le constructeur s’attend à ce que le taux d'utilisation de ses capacités tombe en dessous de 40 % dans les années à venir.
Concept de paquebot résidentiel
Meyer est pourtant l’heureux destinataire du seul nouveau contrat attribué à un chantier naval de croisière depuis le début de l’année (pour NYK). Aussi, la diversification est en cours chez Neptune, retenu pour construire deux pétroliers destinés à la marine allemande.
Selon l'agence de télévision allemande NDR, le constructeur naval est aussi le partenaire du groupe croate DIV (propriétaire du chantier croate Brodosplit et, depuis mars 2020, du norvégien Kleven Werft) dans la concrétisation d’Ocean Residences. Le projet porte sur un nouveau concept de navire de croisière composé de 130 appartements résidentiels. Le contrat, dont le financement reste à ficeler, prévoit une livraison en 2025.
Adeline Descamps