La riposte est violente. Le Royaume-Uni et les États-Unis ont frappé conjointement, par la mer et par les airs, 13 installations détenues par les rebelles houthis au Yémen, a indiqué le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).
La ville portuaire de Hodeïda, identifié comme un repaire pour le mouvement d'opposition yéménite et la capitale Sanaa auraient été visées par ces attaques. Le ministère britannique de la Défense dit détenir des « renseignements confirmant » l'implication de deux sites à Hodeïda dans des actions contre le trafic maritime, notamment en servant de postes de pilotage de drones ou d'entreposage d'appareils de longue portée. Il est désormais connu que les Houthis en disposent. Ce qui leur permet d'ailleurs de toucher l'océan Indien depuis le Yémen.
Cette salve menée le 30 mai aurait tué au moins 16 personnes et blessé 35 autres, selon des responsables houthis. Ce bilan n'a pas été confirmé par les commandements britannique ou américain. D'autant que les chiffres diffèrent selon les sources qui l'ont relayé.
Cinquième opération anglo-américaine
Ces attaques sont la cinquième opération que les armées britannique et américaine mènent ensemble depuis le 12 janvier. Les États-Unis ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation dans cette zone stratégique et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des premières frappes au Yémen.
« Nous confirmons cette agression brutale contre le Yémen pour le punir de sa position en faveur de Gaza et pour soutenir Israël dans la poursuite de ses crimes de génocide dans la bande de Gaza blessée, assiégée et inébranlable », a écrit un des porte-parole des Houthis, Mohammed Abdulsalam, dans un message posté sur X (ex-Twitter).
En retour, les houthis, qui mènent une véritable guerre en mer Rouge pour soutenir le Hamas palestinien, et que l'on dit téléguidés par l'Iran et le Hezbollah libanais, ont menacé le 31 mai d'intensifier leurs attaques contre les navires.
Escalade verbale
Ces deux dernières semaines, ils ont multiplié les déclarations de ce style, en resserrant leur menace vers les navires marchands de nationalité américaine et britannique après avoir pris pour cibles ceux desservant un port israélien ou ayant des liens capitalistiques avec Israël ou dont l'État du pavillon est un soutien actif au pays en guerre avec le Hamas. Mais leurs bouc-émissaires ne rentrent pas toujours dans ces catégories.
Ils ont aussi, à plusieurs reprises, indiqué qu'ils allaient désormais opérer dans l'océan Indien. L'attaque contre le MSC Orion a été le marqueur de cette extension de leur lutte.
« L'agression américano-britannique ne nous dissuadera pas de poursuivre nos opérations (...). Nous répondrons à l'escalade par l'escalade », a réagi Mohammed Al-Bukhaiti, qui se présente comme un membre du bureau politique d'Ansar Allah (véritable nom du mouvement houthi).
Le vraquier grec Laax en cible
Ces attaques sont en l'occurrence une riposte immédiate aux tirs de missiles qui ont endommagé le 28 mai un navire grec battant pavillon des Îles Marshall et plusieurs autres navires, elles-mêmes en réponse aux frappes israéliennes sur Rafah, ville palestinienne devenue l'épicentre de la guerre dans la bande de Gaza.
Le vraquier Laax, chargé de céréales, a été touché au large de la Hodeïda par cinq missiles tirés depuis le Yémen, selon la société de sécurité maritime LSS-SAPU mais sans conséquences ni pour le navire, ni pour les 23 membres d'équipage, dont des ressortissants ukrainiens, philippins et égyptiens. Il a notamment reçu l’aide de la frégate française de défense aérienne Forbin, déployé dans le cadre de la mission européenne Aspides.
Le dernier rapport de position du navire via LSEG, qui date du 28 mai, indiquait curieusement la destination de Bandar en Iran.
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a affirmé de son côté que les Houthis avaient effectué 197 attaques depuis le mois de novembre, date de la première attaque.
Adeline Descamps