Le pétrolier toujours en détresse en mer Rouge, à la suite des attaques dont il a fait l’objet à plusieurs reprises par les yéménites houthis dans la troisième semaine d'août, « a été remorqué avec succès en lieu sûr sans aucun déversement de pétrole », a indiqué la mission navale de l'UE en mer Rouge (Eunavfor) Aspides.
L'opération de remorquage du suezmax battant pavillon grec avec une cargaison de 900 000 barils de pétrole brut est particulièrement complexe. Du fait de son chargement, il s’apparente à une bombe à retardement flottante, menaçant de déversement d’hydrocarbures à tout moment. Mais au-delà, opérer le remorquage d’un pétrolier en feu et trouver un port refuge sans représenter une menace pour les populations locales relèvent du casse-tête technique. En se dirigeant vers le nord, il y a un risque pour les usines de dessalement qui alimentent des millions de personnes en eau potable. Cap au sud et le refuge devient un terme usurpé.
Éviter la marée noire
Désormais ancré dans un lieu sécure, l'équipe de sauvetage va pouvoir prendre en charge le navire que les rebelles houthis avaient pris d'assaut pour le miner de charges explosives, déclenchant des départs de feux qui se sont consumés pendant des semaines. Il s’agit aussi d’écarter définitivement le scénario du pire, à savoir une marée noire. Les 25 membres d'équipage avaient été évacués par une frégate française opérant dans le cadre de la mission navale européenne en mer Rouge Aspides.
La mission iranienne auprès des Nations unies (ONU) avait indiqué le 28 août que le mouvement des houthis avait accepté la « trêve » sollicitée par plusieurs parties pour permettre l’opération de sauvetage, compte tenu des impacts pour les communautés côtières yéménites en cas de déversement. Toutefois, l'intervention de la société de sauvetage a été encadré par une escorte des forces navales de l'Eunafvor.
Localisation secrète du port-refuge
Le remorqueur a été identifié comme étant l'AHTS Aigaion Pelagos, de la société grecque Megatugs Salvage & Towing. D’une force de traction de 120 t, ce navire expert des eaux profondes et des environnements difficiles est conçu pour le repositionnement des plateformes, la manutention des ancres et la lutte contre les incendies.
Rien ne filtre sur la localisation du port-refuge tandis que le suivi AIS a été désactivé. Les forces navales européennes s'en tiennent à la discrétion absolue, y compris sur le calendrier et le plan d'action, invoquant la sécurité.
Adeline Descamps