Mer Rouge : déploiement d'une nouvelle force militaire navale multinationale

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Alors qu'un navire a fait l'objet d'une nouvelle attaque le 18 décembre, que les déroutements se poursuivent, une version élargie de la coalition navale internationale, qui existe depuis quelques années en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, devrait être lancée par le département américain de la Défense cette semaine. Les associations professionnelles du secteur, dont Armateurs de France, attendait une réponse sous cette forme.

« Nous exprimons [nos] remerciements aux nations membres de la coalition déployée dans le cadre de l'operation Prosperity Guardian pour faire face à la crise de la sécurité maritime dans la région de la mer Rouge », a réagi très rapidement par communiqué le World Shipping Council (WSC), association maritime basée aux États-Unis, parvenu aux rédactions dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 décembre.

« La mission de ce groupe de travail est essentielle à la protection des marins et à la défense du principe fondamental de la liberté de navigation (…) Nous espérons que la coalition parviendra à créer les conditions nécessaires à un passage sûr en mer Rouge ».

À la suite d’une série d’attaques de drones, frappes de missiles ou tentatives d’arraisonnement de navires marchands depuis le 19 novembre, précédées d’une série de provocations contre la présence et des intérêts américains dans la région, et l’escalade en fin de semaine dernière, notamment contre des porte-conteneurs des trois plus grands armateurs mondiaux, la réaction internationale n’a pas tardé.

Ces dernières heures, plusieurs associations professionnelles représentant le secteur – la chambre maritime internationale (ICS), l'association des armateurs européens (ECSA), le WCS, la fédération syndicale européenne des travailleurs des transports (ETF), le Bimco, Armateurs de France –, ont donné de la voix appelant à un renforcement et une meilleure coordination de la présence navale dans la région pour garantir la liberté et la sûreté de navigation.

Dans le même temps, Maersk et Hapag-Lloyd d’abord (le 15 décembre), CMA CGM ensuite (16 décembre), MSC (17 décembre) ont annoncé la suspension de tout transit en mer Rouge où le détroit de Bab-El-Mandeb mène au canal de Suez. Le Sud-coréen HMM et le Taïwanais Evergreen ont suivi. Et plus récemment le second transporteur taïwanais Yang Ming.

Carrefour stratégique pour Armateurs de France

« La mer Rouge et le nord-Ouest de l’océan Indien constituent un carrefour stratégique pour le commerce international et les approvisionnements stratégiques de la France et de l’Europe. Chaque année plusieurs centaines de navires sous intérêts français, et près de 20 000 navires au total, transitent par cette voie maritime, parmi les plus fréquentées au monde », rappelle Armateurs de France dans sa réaction diffusée le dimanche 17 décembre par communiqué de presse.

« Aujourd'hui, il incombe aux armateurs de se protéger, essentiellement avec des moyens limités et dans des conditions difficiles et à s’adapter rapidement alors que cette situation est très impactante sur les plans humain, opérationnel et commerciaux ».

L’organisation, présidée par Édouard Louis-Dreyfus, appelle comme ses pairs à un déploiement de moyens navals « par la France et les autres États européens ainsi que leurs alliés, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni ».
À l’occasion de la rencontre annuelle entre les Armateurs de France et la Marine nationale, qui s’est déroulée à Paris le 14 décembre, Édouard Louis-Dreyfus avait salué l’action de la Marine nationale et tout particulièrement de la Frégate multi-missions FREMM Languedoc, qui est intervenue ces derniers jours dans la zone pour déjouer ou répliquer à des agressions du mouvement yéménite Houthi.

Nouvelle attaque

Dans cette région, ces rebelles, que Londres et Washington accusent d'être à la solde de Téhéran, prennent quotidiennement les navires marchands pour cibles en vue de manifester leur soutien au Hamas palestinien dans sa guerre contre Israël et faire pression sur la communauté internationale pour qu’Israël cesse les bombardements dans la bande de Gaza.

Ce lundi 18 décembre, les attaques se sont poursuivies. La société danoise Uni-Tankers, gestionnaire du chimiquier/pétrolier Swan Atlantic, hissant pavillon des îles Caïmans et appartenant à la compagnie norvégienne Inventor Chemical Tankers, a confirmé que le navire avait été heurté en matinée sur son côté bâbord par un « objet non identifié » alors qu'il transitait par le sud de la mer Rouge en direction de l'île de la Réunion.

À la suite de l'impact, le Swan Atlantic a subi un « petit incendie » qui a été maîtrisé par l'équipage. « Tous les marins à bord du navire sont sains et saufs. Une assistance militaire [destroyer USS Carney, NDLR] se trouve actuellement dans la zone pour apporter toute l'aide nécessaire », indique la compagnie dans son communiqué.

En provenance de Rouen (le 29 novembre), passé par Sète (le 6 décembre), avant de franchir le canal de Suez (le 12 décembre), le Swan Atlantic, qui transporte une cargaison d'huiles végétales, se dirige vers le sud, ajoute l’entreprise. Le navire n’émet plus de position depuis 35 heures.

Version élargie de la coalition existante

Washington, qui y a renforcé son dispositif militaire en stationnant notamment les portes avions USS Gerald R. Ford et USS Dwight D. Eisenhower ainsi que deux destroyers, manœuvre depuis les premières attaques pour obtenir une réponse internationale sur le plan de la sécurité maritime dans la région mais a jusqu'à présent refusé de prendre des mesures unilatérales contre les forces houthies.

L'opération « Prosperity Guardian », à laquelle fait référence le WSC dans son communiqué, est le nom d’une nouvelle coalition de pays, dirigée par les États-Unis. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, devrait lancer officiellement la collaboration avec un certain nombre d'autres pays, pas encore nommés, lors d'une visite au Moyen-Orient cette semaine.

Cette nouvelle collaboration serait une version élargie de la coalition navale internationale (39 pays), qui existe depuis quelques années en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, sous le nom de « Task Force 153 », commandée par le vice-amiral de la Cinquième flotte américaine, basée à Bahreïn.

Au-delà, l’histoire reste à écrire. La grande question est de savoir si les détournements de navires seront ponctuels ou durables, s’ils se traduiront par des réorientations de service voire une hausse des taux de fret.

Adeline Descamps

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