Célèbre pour avoir construit le Titanic qui a fait naufrage en avril 1912 au large de Terre-Neuve, Harland & Wolff, menacé à plusieurs reprises de disparaître et annoncé en faillite en 2019, est sur le point d'être racheté par le groupe public espagnol de chantiers navals Navantia. Navantia UK, sa filiale britannique, conduit les négociations avec la société britannique pour acquérir ses activités en Irlande du Nord (Belfast), au Royaume-Uni (Appledore) et en Écosse (Methil and Arnish). La transaction, dont le montant n'a pas été divulgué mais que la presse britannique estime à 70 M£ (85 M€), pourrait être finalisée en janvier prochain, a indiqué le groupe.
Créé en 1861, véritable institution en Irlande du Nord, le chantier naval, qui faisait travailler 30 000 personnes dans les années 30, a été sauvé de la faillite en 2020 grâce à son rachat pour 6 M£ (6,8 M€) par la société d'infrastructures énergétiques britannique InfraStrata. En juillet, il s'est retrouve à nouveau sur la brèche alors qu'elle tentait d'obtenir du gouvernement une décision quant à une nouvelle facilité de crédit de 200 M£ (253 M$) dans un contexte d'élections générales au Royaume-Uni. La société avait besoin de cette garantie gouvernementale pour obtenir un prêt bancaire . Face au refus, le groupe avait annoncé en septembre la liquidation de ses activités dites non-essentielles, et une réorganisation avec un plan social.
Meilleure posture
L'acquisition permettra de préserver plus de 1 000 sur les 1 500 emplois, mais aussi de garantir l'exécution d'un contrat portant sur trois navires de soutien pour la marine britannique, assure le repreneur, rappelant que Navantia UK est déjà le principal contractant de ce programme de construction. En acceptant de modifier le contrat de ses navires militaires, le gouvernement permet une injection d'argent frais de l'ordre de 2 Md€.
Le groupe a été meilleure posture en 2023. Les revenus du constructeur avaient presque triplé sur un an (102 M€) tandis que sa perte d'exploitation (près de 52 M€) avait été réduite de presque 40 %. Harland & Wolff prévoit d'atteindre un chiffre d'affaires de 253 M$ pour l'exercice en cours.
Nationalisé en 1975, puis racheté par le Norvégien Fred Olsen Energy en 1989, l’entreprise a tenté plusieurs diversifications plus ou moins réussies avant de se réorienter sur la réparation navale, les paquebots et des navires support à l'éolien offshore.
Adeline Descamps
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