L'OMI remet à plus tard la décision sur la création d'un fonds de 5 Md$

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Huit grandes associations internationales avaient profité de la séquence ouverte à l’OMI sur la décarbonation du transport maritime pour réactiver leur proposition de création d’un fonds de R&D en vue d’accélérer le développement de technologies et carburants alternatifs. Les États-membres n’ont pas complètement fermé la porte mais de nombreuses questions se posent.

Le Comité de la protection du milieu marin (MEPC 75) de l'Organisation maritime internationale (OMI) a terminé la séquence le 20 novembre sans qu’une décision ait été prise sur l’initiative portée par huit grandes organisations maritimes (cf. JMM news du 17 novembre).

Représentant les armateurs opérant dans le conteneur, les vracs liquides et sec, le transport de passagers*…, elles avaient proposé en fin d’année dernière la création d’un fonds pour financer les ruptures technologiques nécessaires dans la propulsion. Saisissant l’opportunité de cette session à l’OMI, elles avaient réactivé la proposition. Abondé par l’industrie à raison d'une contribution obligatoire à la R&D de 2 $ par tonne de carburant sur dix ans, le fonds permettrait ainsi de collecter 5 Md$ mais surtout de dérisquer les investissements en envoyant des signaux forts aux différentes parties prenantes, dont les banques et institutions financières. « Chaque avancée technologique sécurise les investissements, réduisant ainsi et le coût et la durée de la transition vers des carburants et des technologies sans carbone », indiquent les porteurs de ce projet.

Selon leur plan, la gestion du fonds serait confiée à un Conseil international de recherche et de développement maritimes (IMRB) au statut juridique d’ONG supervisée par les États membres de l'OMI. Ils soutiennent notamment que « les objectifs climatiques de l'OMI pour 2050 ne peuvent être atteints qu'avec l'accélération immédiate des développements des technologies sans carbone. L'IMRB est l'instrument essentiel pour favoriser les progrès nécessaires à la décarbonation des transports maritimes. »

Transport maritime : Un fonds de 5 milliards de dollars contre le CO2

Mesures fondées sur le marché

Au vu du nombre de réactions en séance, l’intention a suscité de l’intérêt. Pas moins de 60 délégations ont souhaité s’exprimer sur ce sujet qui soulève par ailleurs de nombreuses problématiques, à la fois opérationnelles, administratives et juridiques : droits de propriété intellectuelle, structure juridique en ONG, gouvernance de l’IMRB, transparence, responsabilité, impact économique pour les moins avancés (PMA, appelés Less developed countries, LDC, en anglais) et les petits États insulaires en développement (Small island developing States (PIED ou SIDS en anglais), etc.

Fidèle à leurs convictions, ces derniers veulent prioriser les mesures fondées sur le marché, qu’ils considèrent comme des éléments clés pour développer des carburants alternatifs commercialement viables. Ils craignent en effet que l’IRMB génère des coûts supplémentaires pour leurs économies, déjà en récession économique. Les États du Nicaragua et du Guatemala, gravement touchés par la récente tempête Eta, estiment avoir déjà payé un lourd écot, le changement climatique fragilisant un nombre croissant d’États côtiers vulnérables.

Idée favorablement accueillie

Les États membres ont convenu... de ne rien décider en l’absence d’éléments plus détaillés, confiant aux porteurs du projet le soin d’affiner leur proposition en vue d'un examen plus approfondi lors de la prochaine réunion au printemps 2021. Peu de temps après la clôture de la séance, dans un communiqué conjoint, les associations représentant les différents segments du transport maritime se montraient néanmoins satisfaits de l’accueil qui a été réservé à leur ambition.

« Le secteur du transport maritime se félicite de la décision de l'OMI d'envisager un fonds de 5 Md$ pour accélérer la décarbonation. L'industrie est désireuse de travailler avec les gouvernements pour assurer la mise en œuvre de cette initiative dans les meilleurs délais, en vue de rendre le IMRB opérationnel d'ici 2023Presque tous les États-membres – parmi lesquels les plus importants en tonnage –, ont souligné l'importance cruciale de la R&D et ont apporté leur soutien à un fonds supervisé par l'OMI et financé par l'industrie. Mais il faut encore convaincre et des questions légitimes se posent auxquels nous allons apporter des réponses », s’est engagé, dans un communiqué, Simon Bennett, secrétaire général adjoint de la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

A.D.

*Bimco, CLIA, Intercargo, Interferry, International Chamber Of Shipping, Intertanko, International Parcel Tanker

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