L'indice de référence du vrac sec plonge à cause de la Chine

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Le Baltic Dry Index vient d’enregistrer ses pires heures depuis 1984 en raison de la faible demande de transport pour tous les segments de vraquiers. En cause, le passage à vide de la Chine, qui peine à retrouver un cours normal dans ses activités après des mois de politique sanitaire radicale. 

En provoquant une hausse spectaculaire des taux d'infection, l'assouplissement de la politique sanitaire de la Chine perturbe l’activité manufacturière et vient se surajouter aux persistantes difficultés de son secteur immobilier, grand consommateur de minerai de fer. En tant que principal moteur du marché du vrac sec, la faiblesse de la demande chinoise plombe le marché du vrac sec et affecte tous les segments de vraquiers.

La seconde puissance économique mondiale a levé ses drastiques restrictions sous la pression d’une agitation sociale de plus en plus forte mais doit désormais affronter une recrudescence incontrôlée des infections sans disposer de traitements antiviraux en quantité suffisante et de vaccins efficaces.

Le système médical chinois est d’ailleurs l’une des principales inquiétudes des observateurs étrangers, en particulier dans les régions intérieures et rurales moins développées, et a fortiori à l'approche des vacances du Nouvel An lunaire, pendant lesquels les Chinois voyagent à travers le pays. Selon le Financial Times, environ 250 millions de Chinois ont été infectés au cours des 20 premiers jours de décembre.

La productivité et la demande en pâtissent. Fin décembre, l'usine Tesla de Shanghai a été contrainte de suspendre sa production, confrontée à une flambée épidémique au sein de sa main-d'œuvre chinoise.

Persistantes difficultés du secteur immobilier

Les grandes institutions financières ne cachent plus leur pessimisme. Elles revoient tour à tour leurs projections. Après le FMI, l’OMC et d’autres, la banque britannique Barclays a été la dernière en date à partager ses prévisions concernant la croissance de PIB de la Chine, anticipant notamment une croissance inférieure au consensus de 3,8 %. Selon ses analystes, les exportations chinoises devraient baisser de 2 à 5 % en 2023, alors que des perspectives antérieures faisaient état d’une croissance de 1 %. Pour rappel, elles avaient bondi de 29,8 % (en valeur) en 2021, après une hausse de 3,6 % en 2020. 

En Chine, le secteur immobilier chinois et les industries qui en dépendent contribuent à environ un quart du PIB. Or, le marché de l'immobilier s'est effondré au cours des deux dernières années et le ratio de la dette des ménages chinois par rapport au revenu disponible a dépassé ces dernières années celui observé aux États-Unis dans les années qui ont précédé la crise financière de 2008.

Perte de 5 200 $

Les absences de la Chine ont des impacts directs sur la demande de transport maritime. L'indice global, qui prend en compte les taux des capesize, panamax et supramax, a dévissé ces dernières heures de 17,5 %, pour atteindre 1 250 points.

L’indicateur de suivi des capesize, navires qui transportent le charbon et le minerai de fer, ingrédient clé de la fabrication d’acier, dont la Chine est en temps ordinaires gourmande, s’est dégradé de 626 points pour atterrir à 1 635, son pire moment depuis plus de quatre mois. Les gains journaliers de ces bêtes de somme de 150 000 tpl ont été dévalorisés de près de 5 200 $ et sont actuellement fixés à 13 561 $.

Faible demande de minerai de fer

Les contrats à terme de minerai de fer de Dalian et de Singapour et les indices de référence de l'acier chinois ont chuté le 3 janvier, tirés vers le bas par les sentiments négatifs renvoyés par la situation. La production de minerai de fer en Chine s'est en effet contractée à un rythme plus rapide en décembre, après avoir reculé de 1,4 % en novembre selon l’organisation internationale World Steel.

L'indice des panamax, dont la capacité de 60 000 à 70 000 tpl attire des cargaisons de charbon et de céréales, s’est rétracté de 6,3 % (1 438 points). Les tarifs d’affrètement journaliers n’atteignent pas les 13 000 $ après avoir baissé de 900 $. Ils dépassent les 30 000 $ par jour en novembre 2021.

Les supramax n’échappent pas à la lame de fond, dévalués de 968 $, le plus bas niveau observé en plus de deux ans.

Retour sur la scène programmé à la mi-2023

Selon le courtier maritime BRS, les taux d'affrètement à temps des capesize ont chuté de 62 % en 2022 tandis que ceux des panamax et supramax ont décroché de 46 % et 49 %, respectivement, au cours de l'année dernière.

Á défaut de visibilité et d’horizon, les acteurs du marché peuvent s’appuyer sur élément favorable au moins : le carnet de commandes est historiquement bas, ce qui n’ajoutera pas de pression à l’offre. Selon le courtier français BRS, 410 vraquiers devraient être livrés en 2023, tous segments confondus, et 314 en 2024 et – jusqu'à présent –, 60 en 2025.

La plupart des institutions financières (Morgan Stanley, Goldman Sachs, etc.) conviennent d’un ralentissement temporaire de la croissance le temps de la « vague de sortie », d'une pénurie momentanée de main-d'œuvre et d'une augmentation des perturbations de la chaîne d'approvisionnement mais d’un retour économique du géant chinois sur la scène internationale à partir de la mi-2023, avec une croissance de 5 % en année pleine.

Adeline Descamps

 

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