Début 2021, sur son site de Bouin en Vendée, Lhyfe a été la première entreprise à alimenter une installation de production d’hydrogène vert avec de l’électricité produite par des éoliennes.
En septembre 2022, le producteur et fournisseur d'hydrogène a mis à l’eau, pour une première phase de tests, son unité pilote de production en mer, SeaLhyfe. L’électrolyseur de 1 MW, fourni par Plug, a ainsi été testé au port de Saint-Nazaire, quai des Frégates, jusqu’en mai 2023.
Le 19 mai dernier, l’installation a été remorquée à 20 km au large du Croisic, en Loire-Atlantique, jusqu’au site expérimental SEM-REV de l’école Centrale de Nantes, pour être raccordée à l’éolienne flottante Floatgen de BW Ideol.
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Faisabilité technique à démontrer
La deuxième phase des essais a démarré le 20 juin, avec la production des premiers kilos d’hydrogène.
« En lançant le premier pilote de production d’hydrogène offshore au monde, nous avons souhaité démontrer la faisabilité technique d’un tel projet, et disposer de l’expérience opérationnelle nécessaire pour passer rapidement à l’échelle », indique l’entreprise nantaise dans un communiqué.
La capacité de production de SeaLhyfe est de 400 kg par jour. Reste à savoir ce qui sera fait de cet hydrogène, ce qui n’est pas prévu pour l’instant.
Un processus long
Aucun gazoduc ne peut à ce stade ramener à terre. Le site SEM-REV est cependant connecté à la terre par un câble sous-marin, « cordon ombilical » permettant de piloter à distance l’électrolyseur, d’en surveiller le fonctionnement et d’en évaluer les performances.
Un processus qui pourrait être long puisqu’il s’agit, selon Lhyfe, de « rééditer plusieurs fois l’ensemble des tests effectués à quai afin de comparer strictement les résultats, puis effectuer des tests complémentaires spécifiques à l’offshore. Il s'agit également développer une capacité opératoire unique : production fiabilisée d'hydrogène en mer en milieu isolé, gestion du mouvement de la plateforme et des agressions environnementales, etc. »
Ramener l'hydrogène à terre
Une étape supérieure sera franchie lorsqu'il sera donc possible de ramener l’hydrogène vert à terre par pipeline.
Pour cela, l’Union européenne va financer le projet Hydrogen Offshore Production for Europe (Hope) à hauteur de 20 M€, dans le cadre du Partenariat européen pour l’hydrogène propre.
Coordonné par Lhyfe, Hope réunit huit autres entreprises françaises (dont CEA, ERM), des sociétés néerlandaises (Plug, Strohm), danoise (Alfa Laval), portugaise (EDP New), belge (POM) et allemande (DWR).
Produire jusqu'à 4 t d'hydrogène vert
Il s’agit d’implanter en mer du Nord, à 1 km du port d’Ostende (Belgique), un électrolyseur d’une puissance de 10 MW, alimenté en électricité décarbonée et capable de produire jusqu’à 4 t par jour d’hydrogène vert.
La structure utilisée en mer sera un jack-up, acquis, où seront installés l’électrolyseur ainsi que le système pour traiter l’eau de mer.
Hydrogénoduc d'1 km
L’hydrogénoduc flexible sous-marin, d’une longueur de plus d’1 km, sera le premier du genre.
Le projet a été retenu le 27 juin comme « initiative phare » par la Commission européenne, ce qui lui permet de bénéficier de 20 M€ de subventions pour les phases d’études, de réalisation des travaux et d’exploitation expérimentale.
Les fonds couvriront une période de trois ans pour le développement d'un démonstrateur, puis les deux ans qui s'en suivront pour éprouver la fiabilité technique et la viabilité économique du projet.
L’hydrogène devrait être produit en mer dès 2026, puis compressé à terre pour être utilisé en Belgique, dans le Sud des Pays-Bas et dans le Nord de la France, dans un rayon de 300 km d’Ostende.
Étienne Berrier