L’entreprise française, qui fabrique à Caen ses ailes-voiles rigides brevetées pour seconder la propulsion des navires marchands et des yachts, vient de concrétiser sa deuxième levée de fonds depuis 2021.
Après avoir avait attiré 10,5 M€ d'investissement il y a deux ans, à l'occasion d'un tour de table auprès d’Ocean Zero, de Bpifrance et de Mer Invest, puis reçu un engagement financier européen de 2,36 M€, pour assurer la pré-industrialisation de ses Oceanwings, elle vient de clôturer un nouvel apport dans le cadre d’une levée de fonds de série B de 19,2 M€, menée par Blue Ocean, le fonds d'innovation sur l'impact des océans de Capital Partners lancé en partenariat avec l'Ifremer, l'institut français de recherche océanographique.
Cette catégorie du capital-risque intervient en règle générale quand l’entreprise est au-delà du stade de développement de façon à lui permettre d’élargir son assise commerciale, ce qui signifie par ailleurs que les investisseurs, qui sont souvent les mêmes qu’au premier tour, ont une idée plus précise de la rentabilité future de leur placement.
« Nous avons étudié en détail le marché de la propulsion éolienne pendant deux ans et avons conclu que l’entreprise est clairement positionnée pour être un leader mondial dans ce secteur », confirme Christian Lim, le directeur général de Swen Capital Partners (8 Md€ sous gestion).
Entrée de fonds d'investissement de la Région Normandie
Les investisseurs historiques – le fonds d’impact Ocean Zero (huit investissements du fond depuis sa création en 2020) et la banque publique Bpifrance via son fonds Ecotechnologie 2 –, ont à nouveau participé aux côtés de nouveaux entrants, AmInvest, Colam Impact, le fonds d'investissement de la Région Normandie Normandie Participations, ainsi que Normandie Littoral (le fonds régional d'investissement dédié à l'économie maritime, littorale et fluviale) et FCPI Capital Innovant n°2, géré par Swen Capital Partners.
Embarquée sur le Canopée
Ayro a été fondée en 2018 en tant que spin-off du cabinet d’architecture navale VPLP Shipping de Marc Van Peteghem, qui a conçu la technologie sur la base du design d'un système embarqué sur le trimaran de course BMW Oracle, triomphant de l'America en 2010.
Depuis, la start-up a reçu l’AiP pour sa technologie qui a embarqué sur l’Energy Observer ainsi que sur le catamaran Zen 50 de la société Zen Yachts.
Elle vient d'équiper de quatre ailes le Canopée, l'emblématique roulier de 121 m, propriété de la société aixoise Jifmar Offshore, affrété par ArianeGroup à Alizés, co-entreprise de Zéphyr & Borée et Jifmar. Le navire doit convoyer les éléments du lanceur Ariane 6, fabriqués dans ses sites sites européens, vers le site d’assemblage en Guyane.
Technologie adaptée à la flotte exitante
Avec ses ailes semi-rigides au profil épais inspiré des ailes d’avion, l’entreprise promet, selon les conditions météo, de 30 à 45 % par rapport à une motorisation conventionnelle et est en mesure d’équiper la grande majorité des navires marchands moyennant des briques technologiques à apporter. Ainsi, pour les vraquiers, un système de bascule permettra de passer sous les ponts et d’opérer la manutention en chargement et déchargement. Pour les porte-conteneurs, une technologie d’ascenseur vertical rendra le système partiellement rétractable.
Les ailes d’Ayro sont « deux fois plus propulsives que des voiles classiques à simple membrane pour une surface identique, avec un apport propulsif dès 5° du vent apparent, un paramètre capital pour des navires de commerce naviguant à une vitesse entre 10 et 20 nœuds. Pour les armateurs, c’est intéressant car ça leur permet d’avoir des systèmes plus compacts avec moins de tirant d’air et tout automatisés », soutient Romain Grandsart, directeur général adjoint de l'entreprise, dans un entretien au JMM.
Alors qu’elle aurait pu sous-traiter, l’entreprise a choisi d’intégrer la fabrication de ses ailes pour garder la maîtrise de sa production.
Changement de gouvernance
À l’occasion de son tour de table, Ayro a annoncé une modification de sa gouvernance.
Christian Lim, le directeur général de Blue Ocean, rejoindra le conseil d'administration.
Marc Van Peteghem, qui assurait jusqu'à récemment la direction générale, endosse la présidence du conseil d'administration.
Emmanuel Schalit, membre du conseil d'administration depuis 2022, a été nommé à la direction générale pour seconder Romain Grandsart, actuel directeur général adjoint, dans son nouveau rôle de directeur des opérations.
Polytechnicien, après un parcours professionnel dans la publicité et l’édition au niveau internationale, Emmanuel Schalit est le cofondateur et ex-CEO de Dashlane qu'il a dirigé pendant neuf ans, faisant passer l'entreprise de 4 à 350 employés et levant plus de 200 M$ de capitaux auprès d'investisseurs américains, indique son CV.
Adeline Descamps
Lire aussi
Ayro lève 10,5 M€ pour l'industrialisation de son système de propulsion vélique
Ayro obtient un financement européen pour ses Oceanwings
Quand l’évidence vélique advient
Romain Grandsart, Ayro : « L’entreprise est en mesure de livrer des ailes clés en main »
